Chapitre 16 - Présentation

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Mes parents ont passé toute la journée de dimanche à faire des allusions à propos de Mitzraël. Samedi soir, lorsque Mitzraël est parti, nous avons regardé un film d'horreur en famille, c'était « The Bye Bye Man ». Ça raconte l'histoire d'un groupe d'amis qui découvrent des écriteaux disant : « N'y pense pas, ne le dis pas », avant de comprendre qu'il s'agit du Bye Bye Man, une entité malveillante qui va les hanter puisqu'ils ont lu son nom. Durant la journée de dimanche, quand je descendais l'escalier et que j'avais le malheur que mon père me voit, il me lançait : « N'y pense pas, ne le dit pas ! » Faisant allusion que je ne devais pas penser à Mitzraël pour ne pas débouler les escaliers encore une fois. Pour ce qui concerne ma mère, elle me disait que je n'étais pas obligé de le tabasser durant nos ébats pour avoir du plaisir. J'avais envie de m'arracher les cheveux tellement ils me prenaient la tête. Si seulement ils venaient à apprendre que Mitzraël est la cause de mon visage défiguré de cet été, ils la trouveraient moins marrante.

C'est l'esprit libéré que j'entre dans la classe de français en sachant que mes parents ne seront pas sur mon dos aujourd'hui. Malgré mon angoisse face à l'idée de présenter l'exposé oral, je préfère encore cela qu'à endurer mes parents une journée de plus. Automatiquement, mes yeux scrutent la pièce à la recherche de mon coéquipier qui n'est pas là. Je me résous à aller me choir à mon pupitre. J'espère qu'il va venir, car ça m'étonnerait que notre professeur de français nous permette de nous reprendre le cours prochain, parce que Mitzraël n'était pas là. Après tout, il veut tellement une bonne note que je doute qu'il ne vienne pas.

Le cours débute et une première équipe nous présente son sujet qui est la toxicomanie. Mitzraël se pointe à la fin de l'exposé oral de cette dernière. Le professeur qui a Mitzraël dans son collimateur depuis le premier jour profite de son retard pour essayer de faire rager Mitzraël.

– En retard ? Très bien, c'est à ton tour avec ton équipier.

Il roule les yeux sans le cacher, puis au lieu d'aller à sa place il dépose d'une manière effrontée son sac sur le bureau du professeur pour extraire notre article et le lâcher bruyamment sur le bureau. La façon énergique dont l'enseignant et Mitzraël se détestent est palpable dans l'air. Dans un sens, je peux comprendre Monsieur Ouardz, quand Mitzraël ne nous permet pas de voir son bon côté, on ne peut que le haïr. J'étais comme ça auparavant, mais aujourd'hui, je le comprends un peu mieux et j'ai vu son bon côté. Je décide de me lever avant que ça dégénère entre eux. Je m'avance et me faufile entre le regard menaçant du professeur et celui arrogant de Mitzraël. Je me plante devant ce dernier.

– T'as mes cartons ? T'as tout enfourché dans ton sac la dernière fois, chuchoté-je pour que seul lui m'entende, car je suis déjà mal à l'aise d'avoir toute l'attention sur moi.

Celui-ci ayant déjà des cartons dans ses mains, il les fouille avant de les séparer en deux et de me rendre les miens. Je souffle, j'avais peur qu'il ait oublié les miens.

Nous nous tournons vers la classe qui nous observe. Je jette un coup d'œil à Mitzraël, et j'en suis presque insulté de voir la façon dont il semble détendu. Moi, je suis raide comme un poteau et mon cœur veut sortir de ma poitrine tellement que je stresse à l'idée d'ouvrir la bouche devant la classe.

– Allez, Layten ! Je suis certain qu'habituellement t'es pas aussi serré des fesses, lâche un mec assis à la première rangée.

Quelques rires s'élèvent et même Mitzraël étouffe le sien. Quel emmerdeur ! N'y a-t-il aucun soutien entre coéquipiers ? Je le fusille du regard au moment où il en coule un vers moi. Il réprime son amusement. Mitzraël fend la baraque en présentant le sujet, alors que c'était censé être moi.

Indéchiffrable (En pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant