Le dragon d'or

Chapitre 14

Je me réveille lentement. Pour une fois, j'ai bien dormi. Je vais aller directement à la salle d'entraînement.

Et je répète les mouvements encore et encore, jusqu'à que je me tanne, comme d'habitude.

Je vais dans la tour pour voir si j'ai des messages, et je n'ai rien. Rien. Que faire ?

Je descends voir le dragon. Il dort (encore...).

Moi : Pssst ! Hé ! Gros bêta !

Il soulève une paupière.

Moi : Ça te dit, une partie de voler dans le ciel (est-ce que ça se dit cette phrase ?) ?

Il grogne puis relève la tête. Je crois comprendre : "Je dors. Fiche-moi la paix, sinon je te bute". Ok, ok ! Je pars et je le laisse tranquille.

Je vais dans la bibliothèque puis je fouille. Je trouve un livre bien enfouie au milieu de ce bazar qui dit comment écrire un livre. Hum... plutôt paradoxal.

Je fafouine dedans et je prends soin de lire chacune des pages, parce c'est plutôt intéressant !

Bof... en fait, c'est ennuyant. Je ne suis pas faite pour écrire des histoires, mais pour dessiner ! Oui ! Mon kit de dessin !

Je remonte en vitesse vers ma chambre (trébuchant à quelques marches), puis je sors mes pots d'encre, ma plume, un parchemin et hop !

Je déplace ma table à côté de la fenêtre, car j'ai un super point de vue sur le dragon d'or, en train de dormir.

J'ouvre le pot du jaune ocre, doré, rouge vermeille, noir, blanc, puis bleu paisible (je sais pas pourquoi, je trouvais juste que ça allait bien avec le reste).

Je trempe délicatement ma plume dans le doré, puis d'une lenteur extrême, je trace les contours du dragon. Chaque petit détail que j'arrive à zoomer avec ma super vision.

Une fois que c'est fait (et je suis fière du résultat, il est réaliste), je nettoie ma plume avec le pot d'eau, je l'essuie, puis je prends du jaune ocre.

Je colore les reflets de l'armure du dragon en laissant couler l'encre au bons endroits, et cette fois-ci, je prends mon temps, car il ne m'en manque pas.

Je rince, je nettoie, puis je trempe ma plume dans le blanc. Je la retire délicatement, et je colorie les reflets plus intenses.

Je refais l'opération et je reprends le doré. Là, je met de la couleur sur le reste du dragon, sauf sur ses yeux. Encore une fois, je prends tout mon temps.

C'est fini ! Je commence à avoir mal à la main, au bras et au poignet, je me dis que je devrais arrêter, mais non, je veux absolument continuer cette oeuvre !

Je prends le rouge, je colore quelques minis reflets de ses minis yeux, puis je les terminent au noir et au doré.

J'ai fini le dessin ! Il manque un truc, je crois. J'ai dessiné le rationnel, mais je sais qu'il manque un peu de quelque chose d'illogique.

Les ombres... voilà à quoi servira le bleu paisible ! Sans attendre, j'en prends et je colore le dessous de ses écailles, comparant le résultat au vrai dragon que j'observe depuis la fenêtre.

C'est vraiment beau. Je regarde ma plume (la partie "plumée") et j'ai une idée. Je trempe cette partie de la plume dans le bleu paisible, puis je fouette légèrement les espaces restants de la feuille.

Je refais la même chose avec le doré, puis j'ajoute une mini partie de rouge.

Wow, j'adore ça ! Je suis fière de moi ! Le temps est mon meilleur ami, à présent ! Ce. Dessin. Est. Trop. BEEAAAUUUU !!!

Je vais faire une collection de dessin. J'ai toujours rêvé d'être une artiste (ou une fée), mais jamais de princesse !

Ce qui est ironique, c'est que je pense que les paysans pauvres aimeraient bien être à ma place, mais moi, pas du tout !! Pourquoi on m'a mit là alors !

Au début, quand j'ai (enfin) commencé à comprendre le monde (WOUAAH !), je voulais absolument être une fée. Marraine la bonne (ou plutôt mauvaise) fée venait et me racontait ce qu'elle faisait au village, et j'adorais ça ! Elle aidait les gens avec la magie, faisait pleins de trucs géniaux...

Mais non. Jusqu'à ce que j'apprenne qu'elle ne faisait ça qu'aux personnes riches, et non à celles qui en auraient besoin (déception).

Le pire, c'est quand je lui ai demandé ça, elle a rit dans ma face ! Si une fée signifie devenir comme cette folle, alors je refuse. Par contre, l'art, c'est JOOLLLIIII !!!! Et amusant.

Ça peut être payant quand tu es un artisan du village, tu fais des belles toiles, tu peins la famille royale (ça c'est du cash), tu vends, tu peins, tu revends.

Ce serait la vie de rêve ! Peut-être devrais-je fuguer de ce château, et rejoindre le monde de l'art !

Mais... non, je ne peux (très très très très malheureusement) pas. Je suis coincée ici jusqu'à qu'un imbécile me sorte de là, puis après... une vie de merde m'attend.

Oh ! Le dragon se réveille ! Le dragon bouge ! Le dragon s'étire ! Le dragon ouvre la gueule ! Le dragon grogne ! Le dragon se met dans une autre position de dodo ! DESSIN !!

Allez, un autre papier, mais cette fois-ci, je vais sombrer dans l'imaginaire.

Je ferme les yeux, puis choisis cinq pots. Je soulève mes paupières. J'ai du noir, du violet ténèbres, du rouge flamboyant, du doré et du... brun.

Je prends le violet et je trace certaines parties du corps, je prends du noir, je colorie, puis du rouge, j'ajoute des touches de doré et voilà ! J'ai... un dragon vraiment bizarre devant.

Sans trop réfléchir, je rince et essuie ma plume, je prends le brun et je fais des sortes de branches ondulées un peu partout autour du papier, je prend du vert (je sais, je triche) et je fais des feuilles.

Je trempe la partie plumée de ma plume dans le noir, puis je fais des traits en arrière-plan.

Le dessin est bizarre, mais il a un style. Genre "sens caché".

Le dragon noir représente le côté obscur de ce monde, les ténèbres !!!

Les plantes grimpantes signifient le bon côté du monde, celui qui essaye de faire descendre l'autre.

Le dragon dort...

Haha ! Jeu de mots ! Dragon dort, dragon d'or... ah non, c'est nul.

Le dragon dort puisqu'il représente le mal bien endormi. Il est bien là, mais il peut être plus fort pour certaines choses.

Ouais, non. Comment peut-il y avoir de sens caché dans un dessin que j'ai fait en pigeant des couleurs (même si j'ai UN PEU triché) ?

Vaut mieux choisir, mais je manque d'inspiration. Hum... inspiration, expiration. Inspiration, expiration. Inspiration, expiration. Non, ça ne m'aide pas.

Maintenant, je m'emmerde (comme d'habitude, quoi). Il n'y a pas une autre chose qu'on peut faire dans ce château nul ?

Je redescends en bas voir le dragon. Il dort encore. Coudonc, il souffre sérieusement d'un trouble du sommeil, lui !

Je m'appuie sur la fenêtre, observant l'horizon, tout en jouant avec mes cheveux. J'adore les tournoyer autour, j'ai l'impression que ça les rend plus doux.

Je sais pas pourquoi je reste là. Mes bras sont engourdis. Alors pourquoi ? Hum... je sais pas.

Une chose vient perturber mon champ de vision. Un petit point au loin. Il grandit, grandit...

Un prince ? Il s'approche... mais oui ! À galot sur son cheval, il s'approche.

Je me cache derrière. Je sais pas pourquoi, mais je crois que j'aime bien cet endroit, je ne veux pas le quitter, même si c'est l'emmerdement total.

Le dragon d'or rugit ! Oh ! Je retourne à la fenêtre. Je veux voir si les princes sont si stupides qu'ils en ont l'air.