Chapitre 9

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Jamais je n'aurais cru que me lever serais si dur. Aucun membre de mon corps ne voulait m'obéir. Je dois dormir. J'ai si mal dormis. Réveiller de nombreuses fois en sueur. Les cauchemars ne m'ont pas quitté de la nuit, et pourtant, je suis incapable de me souvenir de quoi ils parlent. Dès que je reprenais conscience, les éléments inventés s'enfonçaient dans le néant, restant dans mes mauvais rêves alors que je les fuyais.

En tant que toute première journée de cours de ma vie, je sens que mon année scolaire sera longue, très longue ! Même la douche fraîche n'arrive pas à me réveiller totalement. Je descends à moitié endormis pour prendre le petit-déjeuner en famille. À certains moments, j'oublie que je ne suis pas leur fille, que je ne suis pas sa sœur. Je n'arrive pas à être la fille à quelqu'un. Je ne saurais pas qui je suis.

Jamais.

Arriver dernière, je prends place à table, après avoir salué ceux qui m'ont sauvé. Tout est prêt. Je me sers et prends des forces. Je me force à sourire et à voir cette journée positivement, je n'y parviens pas malgré mes efforts. Ce que je ressens n'est qu'une façade, un masque. Je fais tout pour ne pas me défiler. Par tous les moyens, je tente de me changer les idées.

Heureusement que j'ai tout préparé hier soir. Sinon je serais en retard comme Thomas. Ce gros fainéant ne comprend jamais qu'il faut se presser un peu plus le matin. Apparemment, c'est, tous les jours comme ça. Avec lui, je suis sûre d'arriver en retard en cours. Comment bien se faire remarquer dès son premier jour...

Je le presse et monte dans la voiture. Maryse nous ramène aujourd'hui, alors que son mari ne part travailler que dans une heure.

-Ne t'en fais pas, tu ne seras pas en retard. Thomas ne l'a jamais été. Me rassure tant bien que mal, la femme qui attendait son fils habitué à son retard.

-Mouai. J'aimerais quand même qu'il se dépêche ! Rétorquais-je plus sèchement que je n'aurais dû.

Une fois attachés, nous partons pour le lycée. La circulation fluide nous permet d'être pile à temps. Thomas et moi allons directement en cours de spécialité. Deux heures de chimie pour commencer la matinée. De ce que m'a dit mon ami, notre professeur est très sévère. Je verrais bien par moi-même !
Je ne visite pas le bâtiment que j'avais pu voir lors de mon inscription. Il est vrai que nous n'étions pas en retard, mais je n'avais pas le temps de ralentir.

Je vais en début de cours au bureau du professeur pour lui expliquer que je suis nouvelle. Il comprend de suite et me permet de m'asseoir à côté de Thomas. J'avais réussi ! Cette angoisse de la rentrée peut dorénavant disparaître à jamais. Mon cœur se calme au fil des secondes qui s'écoulent. Je ne vois vraiment pas pourquoi Thomas n'aime pas notre professeur, il m'aide pour ce début de cours et il ne me fait pas intervenir à l'oral. Je n'aurais pas pu espérer mieux.

Il faudrait que cela continue pour le reste de la journée, et de la semaine ! Après, je pourrais éventuellement relâcher ma garde à ce que je dis, fais, à ce que je pense, à comment j'agis. Pour le moment, cela n'est même pas pensable.

À la fin du cours, je mets mes affaires dans mon sac, faisant tomber ma trousse. Une fille aux longs cheveux blonds, tape dedans l'envoyant plus loin, et me dit :

-Tu devrais plus attention à tes affaires, nouvelle. Thomas, comment ça va ? Pas trop dure de vivre avec une orpheline ? Fit-elle en modifiant à chaque phrase le ton qu'elle prenait.

Pourquoi espérer, quand on sait que jamais ça n'ira. Sa dernière phrase a été comme un violent coup de poing. Lorsque je me retrouve avec mon ami, j'oublie tout ce qui m'est arrivé. À sa présence, je n'ai rien perdu, plutôt tout gagner. Alors me le faire rappeler brutalement me fit sentir coupable. Je n'avais pas cherché longtemps à comprendre. Je voulais seulement vivre ma nouvelle vie, comme si c'était la seule que j'avais eu.

Lumière contre ténèbres : les vestiges du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant