Lumière contre ténèbres : les vestiges du passé

Chapitre 13

-On est obligé de retourner en cours ? Demandais-je à Thomas, alors que je regardais encore ma série. 

-Soit contente qu'on ait quatre heures entre midi. Et qu'on ait pu rentrer !

-Ouai, ouai... Mais on finit à cinq. 

-Oui et hier à midi. Aller. Ne râle pas. C'est mon job ça.

-Ah oui, c'est vrai ! Cool ! Allez go. Finis-je en le poussant vers la porte, mon optimisme revenu et ma flemme partie. 

C'était maintenant à son tour de râler, et à vrai dire, je préfère quand c'est moi qui me plains que quand Thomas rumine encore et encore durant le long trajet.
La vérité, c'était qu'il aimait râler. Et on ne pouvait être deux à le faire. Un juste-milieu avait été battis. Malheureusement pour moi, Thomas a le droit, voire le devoir de râler. Moi, je me devais de le supporter. 

Il ne nous restait trois heures de cours, avant que mon ami n'aille à son entraînement. On se dépêche de gravir les quatre étages pour attendre avec nos camarades la venue de notre professeur d'anglais. Je ne quittais pas Victoire de vue. J'avais réussi à tenir à la photo de classe. Je doutais finir la journée indemne.
On s'assit en silence à nos places habituelles, loin de la blonde. 

-Aujourd'hui, nous continuerons le texte de la dernière fois. Commença notre professeur d'anglais. Et pour la prochaine fois, vous préparerez par deux, une pub que vous présenterez. Et avant que des groupes de plus de deux personnes ne se forment, c'est moi qui ferais les groupes.

Et moi qui étais heureuse de faire un exposer avec Thomas, la fin de l'annonce me ramena violemment sur Terre. Plus l'adulte énonçait les duos, et leur pub, plus je redoutais d'être avec Victoire. Jamais je ne pourrais travailler avec celle que je déteste.
-Raphaël et Florian sur la pub always. Chaya et Théo, vous ferez la pub du Nutella. Annonça-t-il à mon plus grand soulagement.

Théo était sociable avec tout le monde. Parlait avec tous, traînais avec tous. Et faisait partie de l'équipe de handball tout comme Thomas. Je l'aimais bien, il ne m'a jamais regardé avec pitié, ni avec un regard jugeur. Il ne se mêlait jamais de la vie des autres et c'est sûrement pour cela que tout le monde l'appréciait. Le jeune garçon avait les cheveux noirs, les yeux verts et la peau blanche, sans la moindre tache de rousseur ou de grain de beauté. 

Je n'écoutais plus les paroles du professeur, le pire était passé. Je ne suis pas avec Victoire. J'ai un bon coéquipier, et notre pub n'est pas si compliquée.
Ce n'est que quand la pointe du crayon de mon voisin se brisa, que mes sens se remirent en fonction. 

Thomas était livide. Je ne comprenais pas ce qu'il se passait, et mon nouveau frère se contentait d'écrire le sujet sur lequel il était tombé. Qu'avait-il bien pu avoir comme pub pour être dans cet état !

Je prends à mon tour mon crayon et écrit sur le cahier de Thomas. Il avait fallu que je ne suive pas deux secondes du cours pour que je sois totalement perdu.
La réponse de mon ami tient en une lettre. « V ». Je tourne alors ma tête dans la direction de Victoire. La jeune fille avait le sourire aux lèvres et ne se cachait pas.

Je retourne ma tête rapidement. Ce n'est pas possible... C'est un cauchemar. Je n'avais même pas pensé à cette éventualité. Je n'avais pensé qu'à moi. Sur ce coup, je me sentais égoïste.
On continua le cours, sans se parler, sans vraiment se voir. Et surtout, nous n'étions pas concentrés. J'attendais la sonnerie comme une délivrance. 

Thomas avait rangé ses affaires sans que je ne m'en aperçoive et dès la première seconde était sorti. Je fais aussi vite que possible et le rejoins en dépassant difficilement les élèves qui bloquent le couloir.