Lorsque les parents d'Emma me téléphonent en urgence un soir et m'apprennent que leur fille s'est évanouie, je tombe des nues. Ils m'expliquent qu'elle ne s'alimente plus depuis plusieurs jours et qu'ils sont à court de solutions. Elle s'est enfermée dans un mutisme qui les effraie et je suis bien trop loin pour les conseiller.
En l'absence de nouvelles de la part de ma patiente j'avais déduit que l'intégration du chiot dans la famille s'était bien passée.
Je leur propose donc un rendez-vous pour le lendemain matin sans réellement me préparer à ce que j'allais voir.
En effet lorsque j'ouvre la porte c'est dans un état lamentable que je retrouve Emma. Ses cheveux ne sont pas coiffés et son teint est livide. Elle reste assise et ne me regarde pas. Alors que je les invite tous à entrer dans le cabinet son père l'aide à se lever. Ils s'installent tous à mon bureau. Les parents m'expliquent mais je n'écoute rien. Mon cœur s'est brisé lorsque le fantôme d'Emma est passé près de moi.
Elle renifle et éponge ses joues du bout de ses manches. J'essaie de ne pas la fixer mais ça m'est trop difficile. J'ai l'impression d'avoir provoqué cette échec.
Mon rôle de thérapeute n'est pas d'appeler mes patients pour m'assurer de leur état de santé. Mais Emma n'est plus ma patiente depuis bien trop longtemps. Je n'ai qu'une envie :
« Je voudrais rester seul avec votre fille quelques instants."
Lorsque je leurs ai ouvert ma porte précédemment j'ai senti une réticence. Mon jeune âge les a surpris, je suppose qu'ils n'ont même jamais demandé à Emma comment se passe cette thérapie. Ils doutent de moi et de mes compétences mais ça n'a aucune importance à mes yeux. Ils se lèvent et sans un dernier geste pour elle, ils rejoignent la salle d'attente. Je referme la porte derrière eux avant de revenir vers Emma.
Elle porte un pull large et très long, un jean trop grand pour elle. Ses mains sont recouvertes par ses manches en laine trempées. Je m'installe sur la chaise précédemment occupée par son père.
J'ose l'approcher un peu plus de la sienne.
"Emma, vous voulez bien me regarder ?"
Ses poings fermés sont placés devant ses yeux et elle secoue négativement la tête.
« S'il vous plaît. » Je saisis ses poignets pour lui faire baisser sa garde mais elle résiste. Je me retrouve à tirer sur ses manches et dévoile un de ses poignets, terriblement mutilé. « Pourquoi est-ce que vous vous infligez ça ?
⁃ Je n'arriverai jamais à rien. »
Elle est obligée de laisser son visage à découvert pour recouvrir ses bras exposés.
"À cause d'un échec ?
⁃ Vous ne comprenez rien." Mais je peux le ressentir. « J'avais tout préparé. J'avais fait tout ce que vous m'aviez dit. Je suis nulle, tellement nulle."
J'ose aventurer une main sur sa joue pour effacer ses larmes.
« Non c'est faux. »
Les larmes ont presque creusées des sillons sur sa peau.
« Vous avez essayé. D'accord ça n'a pas fonctionné c'était trop de responsabilités. Un échec n'est pas un retour à la case départ. Vous avez déjà de quoi être fière de vous.
⁃ Fière d'avoir échoué ?, Elle me rit au nez
⁃ Vous pouvez être fière d'avoir su comment réagir et rendre ce chien dès le départ.
⁃ Mais je n'ai aucun avenir.
⁃ C'est insensé ce que vous dites.
⁃ Et pourtant c'est ce que je ressens au fond de moi. Je n'ai pas ma place, je n'aurais jamais dû vivre."
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Thérapie illégale (sous contrat d'édition M.E.C)
RomanceMax, nouvellement diplômé en psychiatrie se voit confier le dossier d'une patiente fatiguée de vivre. L'éthique voudrait qu'il vienne en aide à cette jeune femme sans s'impliquer émotionnellement mais il ne peut rester insensible à sa détresse. Il v...