Thérapie illégale (sous contrat d'édition M.E.C)

Apparences

Toute cette histoire depuis le début n'a rien d'un conte de fées. Aucun Prince n'est jamais venu chercher sa princesse asociale pour l'emmener faire du shopping afin qu'elle porte des vêtements adaptés à son âge. Encore moins pour qu'elle se conforme à une mode afin de plaire au Prince et à ses amis.

D'ordinaire il y a une marraine qui intervient pour voler au secours de sa protégée mais tout ceci n'a définitivement rien d'un conte.

J'attends Emma à la terrasse d'un café depuis maintenant plus de vingt minutes. La théière à la violette que je nous ai commandé est froide maintenant. Je ne comprends pas pourquoi elle refuse d'apparaitre telle qu'elle est devant Sarah. Existe t-il vraiment une compétition perpétuelle entre les femmes ?

« Allez mon coeur.. » Je la supplie à voix basse en tapant du pied sous la table.

Tout comme son excuse pour se défiler est bidon, je crains qu'elle me pose un lapin cet après midi.

Emma m'a souvent raconté ses stratégies pour éviter le monde. J'espérais qu'elle ait un peu plus de considération pour moi et surtout que nous étions honnêtes l'un envers l'autre. Je sais que Sarah se tiendra bien alors qu'en ce qui concerne Emma, j'ai beaucoup plus de doutes. J'ai encore du mal à anticiper ses réactions, à reconnaitre son comportement. Je sais que je suis un obsessionnel du contrôle et c'est même pour cette raison que j'ai été jusqu'à décrocher un doctorat en psychiatrie.

Mais Emma est complexe, elle change d'un jour à l'autre.. enfin d'une semaine à l'autre. Je la sens investie et combattive et je la retrouve défaitiste, fatiguée quelques jours plus tard.

Ma peur de la perdre, de la voir disparaitre ne fait qu'encourage mon habitude à la profiler.

« Salut ! »

J'étais si concentré à remuer la fond de ma tasse que je n'ai plus scruté les alentours. Je me lève et avance vers ma petite blonde qui voudrait disparaitre tant elle se recroqueville sur elle meme. Je m'étais promis que nous resterions discrets mais je pose mes mains sur sa taille et je rapproche son corps du mien. Je viens embrasser sa joue et je la sens se décrisper. C'eszt un bon exercice pour elle que de se confronter au monde.

Je ne veux pas la changer, loin de là. Sa personnalité est unique et je ne rêve pas de la voir ressembler à toutes les femmes que j'ai rencontré dans ma vie.

Elle serre fort son sac et je dois presque le lui arracher des mains.

« Est-ce que ça va durer longtemps? »

Je ris très fort. Elle me surprendra toujours.

Je pose son sac sur ma chaise et elle me demande :

«Qu'est-ce que j'ai dis de drôle ?

- Tu sais que le shopping est normalement un passe temps.. du moins un moment de détente et tu en parles comme d'un passage chez le dentiste. »

Elle rit et soupire. Elle cache ses mains dans ses manches et vient se cogner le front.

« Alors par quoi est-ce qu'on commence ? »

Je lui rends son sac, laisse de l'argent sur la table et nous prenons le chemin de la rue piétonne.

« Je n'en sais rien, qu'est-ce que tu aimes ?, je demande.

- Et toi ? »

Je la coupe tout de suite :

« Non il faut que ce soit toi qui choisisse. Moi.. je te trouve très belle telle que tu es. »

Elle rougit et moi aussi. Un silence gênant s'installe alors nous faisons quelques pas, passant devant des vitrines de grandes marques sans même y jeter un oeil. A ma grande surprise, je sens une main qui se glisse dans la mienne. Nous sommes à présent un couple aux yeux de tous. Rien ne nous différencie d'eux, ou eux là-bas assis sur le banc. Ce nouvel état de fait me remplit d'une joie immense. Je ressers l'étreinte sur ses petits doigts.