Le lendemain de la perte de notre cher ami Wolf fut un calvaire. Entre membres de la Shadow Squad, qui n'est plus composée que de six membres, nous fîmes non pas une minute de silence pour le dernier membre qui nous a quitté, mais une bonne demi-heure dans l'absence de paroles. Cette période me parut durer une éternité, penser à la perte de mon ami était une tâche trop hardue pour moi. Officiellement, Wolf fut enterré, profondément ancré dans nos cœurs.
Mais il fallait tout de même «s'échauffer», surtout pour Xendor, qui avait fait une promesse, et qui s'était juré de la tenir, en la mémoire de Wolf et son honneur, et accessoirement de Coralien et du caporal-chef Matt, 92e du nom ainsi que son adjoint. Nous nous battîmes, répartis en deux équipes de trois, avec la puissance de la rage et du déséspoir.
Enfin arriva ce jour, glorieux, victorieux et honorable pour cetains, mais angoissant, frustrant et inquiétant pour d'autres. Pour ma part, je faisais plutôt partie de la seconde catégorie, celle qui était apeurée à l'idée de devoir quitter sa famille, sa terre natale et son logis pour assister à des bains de sang, des territoires entiers ravagés, et à la mort de ses alliés. Nous nous projetons dans l'art de la guerre, alors qu'il se peut que nous y passerons. Mais d'un autre côté, j'étais aussi rassuré. Je sais que j'aurai toujours mes camarades à mes côtés, assurant mes arrières ou partant en éclaireur. Et à cette pensée, je me sens supérieur, et je sens en moi une force, une puissance, ou plutôt un éveil, que l'on qualifirait par la « confiance ».
Le trajet fut, malgré le territoire restreint, long et extrêmement pénible, voire périlleux. Nous nous déplacions en groupe et le chemin était tantôt étroit et marécageux, tantôt large mais boueux ou sablonneux. Et la puanteur que diffusait parfois les herbes, les marécages ou simplement la sueur des futurs militaires était tellement désagréable, tellement nauséabonde, tellement insupportable qu'elle me faisait quelques fois perdre mon équilibre ou même troublait ma perception.
Nous arrivâmes, deux jours plus tard, transis de froid, grelottant sous l'effet du rhume, après avoir arpenté des sentiers boueux, traversé des marécages comblés d'insectes, gravi des montagnes enneigées et marché à travers des forêts denses et humides. En plus, la prochaine bataille éclatera dans à peine un semaine, ne laissant que très peu de temps pour récupérer.
Je n'en pouvait plus ! Je me jetai dans le matelas aménagé dans la tente, montée quelques instants plus tôt, avec l'aide précieuse de Xendor et Fury. Elle était assez spacieuse tout de même, l'espace était largement suffisant pour six Inklings. J'étais tellement éreinté, écrasé par la fièvre, la toux et les crampes, je suis resté oisif pendant toute la soirée. Ce n'était pas très bien vu, mais la squad accepta volontiers de me laisser me reposer, connaissant ma carrure assez faible et mon endurance inexistante.
Pendant toute la semaine précédant le jour fatidique où nous irons couper, trancher et hacher de l'octarien, nous apprîmes à rester autonomes, et de travailler, comme un soldat. Ce fut un véritable choc pour moi, je suis si peu débrouillard de nature ! C'était tout sauf joyeux, l'ambiance n'était guère bienveillante, et moi, j'avais de très mauvais résultats sur mes capacités à persister sur mes deux jambes, ce qui était prévisible, avec des jambes flétries comme les miennes, et je fus assez mal vu dans la communauté guerrière.
Fort heureusement, il y avait toujours derrière moi Xendor, Phœnix ou Fury, hautement symboliques, représentant en quelque sorte l'autorité, le talent et le respect réunis, qui me protégeaient, me mettaient à l'abri des injures et des moqueries des autres. Je les entendais toujours criant : « Laissez-le tranquille ! Ce n'est pas facile pour lui, ce n'est pas un drame ! » ou encore « Artès a du mal, mais il s'améliore toujours, vous pouvez lui laisser un peu d'air, vous le découragez avec vos remarques blessantes ! »
J'avais vraiment honte, et j'étais profondément géné. Je me sentais coupable. J'étais sans cesse obligé de me réfugier derrière le bouclier que m'offraient mes amis de la squad. Les Inklings qui me couvraient de pierres et qui me blâmaient étaient des ingrats, des ignorants, de sombres idiots, enfin, c'est ce que le peu de camarades qui m'appréciaient me disaient. Mais je sentais bien que j'étais un poids pour eux, et les Inklings sarcastiques n'avaient pas tout à fait tort, j'étais un bon-à-rien, le seul domaine dans lequel j'étais un peu plus doué étant la stratégie.
Mais peu à peu, je fus capable de soulever légèrement le poids de l'entraînement et des insultes. J'avais réussi, tant bien que mal, à m'adapter un peu mieux au rythme endiablé d'armée, les supérieurs nous faisaient travailler à une vitesse supersonique.
Malgré mes légers progrès, je me sentais quand même plus en sécurité sous l'aile de Xendor, ou de Fury. C'était assez honteux, dit comme ça, mais c'était le cas. La présence de mes amis me réconfortait, m'apportait une lueur d'espoir quand je n'y croyais plus, une source de chaleur lorsque je n'en pouvais plus, une motivation si je pensais que j'allais vraiment y passer.
Cette semaine ne fut pas une partie de plaisir, et ce n'est que le début, la bataille du Plateau Plinpot risque d'être gravé dans la mémoire de certains...
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L'arme chromatique [Splatoon]
FanfictionCette période de la décennie est une période très particulière. En effet, la guerre des peuples foulant leurs tentacules sur la terre ferme fait rage. Mais d'autres évènements troublants font surface... Un grand merci à Xendor pour la couverture ! S...