Prologue

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Merci à Elynion et Lindoriel pour la Bande-Annonce!!!

Jean-Baptiste Paulin-Guérin était un peintre brillant.

Enfant de la Révolution, il sut pourtant s'adapter à tous les régimes, peignant aussi bien pour l'Empire que pour la Restauration. Son style, proche de celui de David, lui fit connaître de nombreux succès et il put peindre pour les plus grands hommes que la France portait à cette époque. Même pour le Roi Louis XVIII, fraîchement revenu sur le trône de France. Ce dernier lui avait commandé le portrait de deux grands généraux vendéens, héros des guerres du même nom, pour son château de St-Cloud. Ce même château qui devait disparaître cinquante-deux ans plus tard sous des canons français.

1818, année à marquer d'une pierre blanche pour le peintre. Une réception royale avait été organisée justement en l'honneur de ces tableaux! Quelle chance pour Guérin qui pourrait ainsi se faire de nouveaux mécènes.

Il exulta, ses peintures étaient appréciées et sa journée s'annonçait être une réussite. Il déambulait entre ces précieuses duchesses et ces chevaliers d'opérette revenus d'exil, ces retourneurs de veste professionnels. Ils sont toujours aussi promptes à réclamer des honneurs mais point à les défendre, mais qu'importe ! Puisque c'étaient eux qui détenaient la bourse... Paulin-Guérin n'avait pas à avoir d'opinion sur la question, cela nuisait à son commerce.

Les amateurs d'art ne se trouvent pas dans le Tiers-Etat. Rester populaire en fréquentant des Princes est le principe des Artistes. Quelle fierté pour ce fils de serrurier que de marcher dans cet illustre endroit. Il admirait la délicatesse et l'harmonie de l'architecture et des décorations. 

Cependant, en passant près d'une lumineuse fenêtre, une de ces dames attira son attention. D'abord elle était assise seule, alors que la plupart des autres invités cheminaient au moins par deux et se tenait en face du mur. Très droite, d'un certain âge, elle contemplait un de ses tableaux. Le peintre s'enorgueillit, il pourrait bien peindre cette scène, ce serait un beau sujet. La lumière tombait sur cette femme d'une belle manière, presque divinement.L'homme passa son chemin.

Il revint quelques heures plus tard dans la galerie.

Stupeur ! La même dame assise au même endroit regardait le même portrait...Jean-Baptiste jeta un coup d'œil autour de lui et remarqua qu'on la saluait, même de très loin, avec un grand respect. Mais personne ne semblait oser venir lui tenir compagnie. Pourtant elle paraissait aimable et accueillante...Le peintre décida alors de la détailler, caché derrière une tenture. Pourquoi l'interpellait-elle autant ? Il n'aurait su le dire. Elle dégageait une aura merveilleuse et quasiment surnaturelle. Du moins se fut le ressenti du peintre.

La Dame était dotée d'une longue chevelure d'un blanc nacré, lisse et tressée en une longue natte qui lui arrivait à la taille. Dans ses cheveux se mêlait un ruban de satin noir.

Il ne pouvait pas voir ses yeux, mais remarqua qu'elle arborait un permanent petit sourire ému, qui creusait une légère fossette.

La robe bleue était simple, sans froufrous ni pacotille, mais élégante et le tissu imprimé était de très bonne qualité. Elle ne devait pas avoir plus d'une quarantaine d'années, mais ses cheveux la vieillissaient terriblement. Son port altier et sa fine silhouette, firent bien comprendre à Jean-Baptiste, que si cette dame n'était pas princesse, elle en avait sûrement le cœur.

La Louve de la Grande ArméeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant