Chapitre IX: Retour au château

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-  Que faites-vous Monsieur Grégoire?

                  Grégoire sursauta du haut de son perchoir et se rattrapa de justesse à l'écorce rugueuse du plus haut tilleul du domaine de la Guérinière. La vision du sol lui donna l'envie de vomir et il eut de la peine à déglutir. Il avait vu la mort de près et sa tête en vrillait encore.

Ludovic Murice poussa un cri d'effroi. Heureusement, le futur Baron était adroit et il reprit son équilibre en un instant.

- Ludovic ne me faites plus peur comme cela!

- Pardonnez-moi Monsieur Grégoire, je suis désolé! Mais que faites-vous?

- De là-haut je peux voir la route qui vient de Champtoceaux et celle qui vient de Saint-Florent-le Vieil. Cela fait plusieurs jours que ma mère n'a pas reçu de lettre de mon père, alors je guette le courrier! J'ai une vue imprenable d'ici. Je touche le ciel Ludovic!

- S'il vous plaît Monsieur Grégoire, redescendez! C'est haut et si Mademoiselle Claire arrive...

- C'est bon mon ami, je descend.

Un chat n'aurait pas été plus agile que le jeune garçon. Son habileté et sa vivacité était étonnante. Il sauta de branche en branche pour atterrir finalement sans encombre auprès du paysan. Les cheveux en pagaille, le souffle court et les joues rouges après cet impressionnant exploit, il éclata de rire devant la mine angoissée de Ludovic:

- De toute façon, vous étiez bien trop maladroit pour venir me rejoindre.

Ludovic fit semblant de bouder, mais cela ne dura pas longtemps. Ils s'assirent contre le tronc de l'arbre, l'ombre de son feuillage les protégeait agréablement de la chaleur de l'été.

- Et Antoine? A-t-il put se libérer?

- Je ne sais Monsieur, de toutes façon, il est toujours en retard, il ne faut pas s'alarmer.

- Attendez-moi!

C'était Antoine Cerbette qui arrivait en courant à leur rencontre, se frayant péniblement un chemin entre les herbes hautes. Il faisait voler les sauterelles sur son passage ce qui paraissait beaucoup l'amuser. Il reprit son souffle et sourit à ses amis.

- Me voici, compères!

               Les trois enfants sortirent de leur besace, lignes, épuisettes et friandises pour poissons. Direction les pièges qu'ils avaient installés dans l'Evre quelques jours auparavant. Leur chasse ne donna rien, les pièges étaient trop fragiles pour résister à un poisson épris de liberté et ils ne firent pas de meilleurs résultats avec leur ligne. Ils se promirent de demander conseil au père Randoit pour améliorer leurs pièges la prochaine fois. Ils furent plus doués à la chasse aux papillons, qu'ils relâchaient bien vite, après les avoir longuement observé. Ils coururent dans les bois, se taillèrent des perches dont ils se servirent comme échasse, puis se battèrent à coup de branche. Épuisés mais heureux, ils prirent une collation sous un chêne, en parlant des dernières nouvelles. Aucune n'étant agréables, Antoine proposa à ses amis de dire chacun leur tour, leur rêve le plus précieux.

- Moi j'aimerai être épouser la petite Louise du hameau de la Poitevinière... Commença ce dernier.

- La petite Louise? Elle fait deux tête de plus que toi la petite Louise!

- Ce n'est pas grave, je l'épouserai quand je serai grand.

- Vous nous inviterez Antoine! S'exclama Grégoire ravi.

- Voyez-vous Monsieur Grégoire, je n'ai que des souhaits très réalistes. Je veux l'épouser! Ce sera ma princesse à moi! On aura une grande ferme avec pleins d'ouvriers et pleins d'enfants!

La Louve de la Grande ArméeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant