Partie I: Chapitre I: Les prémices de la Tempête

80 5 3
                                    

 Début 1791, en Vendée:

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

 Début 1791, en Vendée:

-  ...Et la louve se transforma en magnifique jeune fille. Le Roi, au comble de la joie, l'épousa et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants.

Pour clore son conte, Maud de la Guérinière poussa un cri de loup qui résonna étrangement dans la chambre où elle se trouvait. Au contraire, son fils Grégoire, se mit à sourire. La jeune femme l'embrassa sur le front :

-J'aime beaucoup cette histoire, Père viendra m'embrasser?

-Non mon chéri, votre Père a du travail ce soir. Bonne nuit mon galopin.

-Bonne nuit Mère.

                   Maud souffla la bougie et se dirigea vers la porte d'un pas feutré, un dernier regard pour son enfant. Déjà le garçon fermait des yeux, écrasé de sommeil. L'antique escalier en colimaçon dévalé, elle se prit à rêvasser quelques instants dans le Petit Salon obscure. Il faisait bon dans le château de la Guérinière, même la nuit tombée. Tout de même, elle préféra attraper son châle mauve qu'elle avait négligemment laissé sur une vieille commode en chêne au rez-de-chaussée.

                 La jeune femme traversa tout le hall d'entrée puis alla faire quelques pas dans son jardin, éclairée par les rayons de la lune. Maud marcha le long de l'allée centrale qui séparait ses plates-bandes, faisant doucement crisser le gravier. Elle s'occupait de ses plantes avec beaucoup de tendresse. Ces genêts poussaient bien, tout comme ses magnifiques hortensias et elle pouvait être fière de ses rosiers. La jeune femme sifflotait gaiement dans les sentiers aux fleurs endormies . La réputation de cet endroit lui avait valu le surnom du jardin de l'Anjou. Et  c'était elle, Maud la gardienne.

Étant peu vêtue, une simple nuisette la protégeait de la fraîcheur du soir, Maud rentra vite. L'imposante silhouette du château, à demi découpée dans le ciel l'impressionnait toujours autant malgré les années.

Les domestiques s'étaient couchés, la demeure était libre pour la blonde et son mari. Celui-ci travaillait dans le Petit Salon en face de la cheminée rougeoyante. Signe qu'il voulait la compagnie de sa femme, sinon il se serait enfermé dans son  austère bureau du premier étage.

Il écrivait avec frénésie, comme si le temps lui manquait. Ses cheveux noirs retombaient en mèches bouclées sur son front basané. Maud l'embrassa sur la tempe.  Il suspendit un instant le vol de sa main sur le papier, puis cette trêve terminée il se remit au travail sans un mot avec un sourire vague aux lèvres.

Maud soupira et alla s'asseoir sur l'épais tapis coloré qui s'étalait autour de l'âtre.  Elle ramena son châle sur sa poitrine, elle espérait vainement que son époux la rejoigne. Il ne viendrait pas tant qu'il n'aurait pas finis. Eugène de la Guérinière vérifiait sa trésorerie et prévoyait sans trêve les factures à honorer, esclave de l'administration.

Cela faisait bientôt sept ans que Maud avait quitté sa mère et son oncle, chez qui elle avait vécu depuis ses treize ans, pour s'installer avec son mari, le baron de la Guérinière, sur les bords de l'Evre. Son époux, de quatre ans son aîné, l'avait rendue la plus heureuse des femmes. Une vie comme elle l'avait toujours rêvée. Une vie rythmée par les saisons, les cloches du village, une existence campagnarde, douce et bucolique, entre ses fleurs et sa flûte, participant aux joyeuses veillées des métayers. C'était tellement plus simple que dans la jolie société bien-pensante et noble d'Angers,  de Nantes ou pire de Paris.

La Louve de la Grande ArméeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant