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Maintenant tu peux
te désintéresser de moi
ou tu peux
faire comme si tu m'aimais réellement
  ~

-Bonjour tout le monde, vous pouvez vous assoir.

La voix de Ms. De Lambrey, notre prof de Français, résonne dans la classe tandis qu'elle passe la porte du haut de ses talons aiguilles.
Ces accessoires, adaptés à des individus de type jeune, ne lui correspondent pas du tout puisqu'elle est proche de la retraire.

Ses cheveux, qu'on devine autrefois d'un blond éclatant, ont ternis et tirent sur le jaune blanchis. Ses traies, qui étaient d'après les rumeurs d'une grande beauté n'ont pas supporté le passage du temps. Et tout ce qu'on peut voir maintenant sont les vestiges d'une jeunesse difficile à oublier à travers son style manquant d'élégance tirant dans la vulgarité et son maquillage beaucoup trop prononcé.

Ses paroles sont suivies de nombreux crissements de chaises sur le sol et la classe plonge instantanément dans un brouhaha infernal. Chacun raconte ce qu'il a fait de ces vacances d'hiver.
Je n'écoute pas mais je sais que plus de la moitié des personnes ici sont parties dans des stations de ski de luxe en suisse ou en France et ont enchainé soirées alcoolisés et sport d'hiver pendant deux semaines.

Cette école à la particularité de regorger de personnes plutôt détestables, j'ai nommé les « gosses de riche ». Elle fait partie du top dix national, je ne suis ici que grâce à une bourse que j'ai eu pour mes notes, en dehors de ce lieu je n'ai aucun point commun avec mes camarades. Ma famille est fauchée et j'ai passé mes vacances à regarder des séries en mangeant des chips au barbecue.

La prof commence le cour et je pose ma tête sur mes avants bras. Ma capuche, toujours sur ma tête, me coupe du reste du monde, et sans que je le remarque réellement, je m'endors.

Une secousse à mon bras gauche vient me tirer de ma somnolence.

-Eh ! eh ! réveille-toi ! m'ordonne un chuchotement.

Je lève la tête et mes yeux tombent dans deux iris noirs inconnus.

Je fronce les sourcils. Il n'y avait personne à côté de moi quand je me suis endormis. Il n'y a jamais eu personne.

-Qui es-tu ? demandais-je plus à moi-même qu'à lui, car dans le fond je m'en fous.

-C'est votre nouveau camarade de classe, me coupe Ms. De Lambrey d'un ton accusateur et je me redresse au ralentit, l'esprit à moitié réveillé. Et vous le sauriez si vous ne vous étiez pas endormie ! me crit-elle en français.

-Oh, excusez-moi madame. Je réponds en français mais celui ci est approximatif et mon accent est ignoble, mais je ne suis clairement pas capable de sortir quelque chose de mieux à ce moment précis.

Les sourcils tracés au crayon de Ms. De Lambrey se froncent et elle m'assène d'un regard mauvais alourdit par son smokis eyes marron raté:

-Comme vous avez l'air pleine d'énergie, vous vous occuperez de faire visiter l'établissement à votre nouveau camarade. Elle marque une pause de quelques secondes pour réfléchir à une sentence plus cruelle la mine pincée avant de dire, Et vous resterez deux heures ce soir pour rédiger une dissertation en français sur la raison de pourquoi vous être aussi énergique. Et retirez moi cette capuche !

Sa voix criarde manque de peu de me donner un mal de crâne et je soupire en faisant glisser ma capuche derrière ma tête. Cette prof me déteste alors j'ai l'habitude de ce type de scène. Quelques insultes fusent ici et là sous prétexte que je me suis faite remarquer, et je fais comme si je n'entendais rien. J'ignore les regards noirs que me jette mes camarades de classe et aussi rapidement que l'attention m'était tombée dessus elle repart.

Je suis redevenue invisible.

Enfin à une personne près.

Le garçon à côté de moi mets plus de temps que les autres à décoller son regard de mon visage ensommeillé, à tel point que je le sens me fixer durant tout le long du cours.

Mais je ne réagis pas, il finira bien par faire comme les autres.

Il oubliera ma présence aussi futile que celle d'une tique et se mettra à me détester comme tout le monde.

Toujours sans aucune raison.

(1)déterminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant