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Aujourd'hui je t'ai trahie
~

Mon rythme cardiaque s'accélère, on entre enfin dans le vif du sujet.

Des années que j'attends ça, ce soir je vais retrouver mon père.

Tout d'abord, je vais repartir de l'endroit où la police à perdue sa trace.

J'ai quelque chose qu'ils n'ont pas, ou peut-être pas. J'ouvre ma penderie casi vide et me place devant la colonne des tee-shirts. J'ai glissé en dessous d'une pile de tee-shirt la carte postale que j'ai reçu il y a 7 ans. Je vais partir de l'adresse derrière pour retrouver papa.

Une sourire en coin se dessine sur ma bouche tandis que je glisse ma main en dessous de la dite pile, mais celui-ci tombe lorsque je remarque que je ne sens rien à l'emplacement où devrais être la carte.

Mes sourcils se froncent lorsque je soulève la pile de vêtement et découvre en effet qu'il n'y a rien en dessous. Je vérifie alors entre chaque habits si je l'ai pas glissé par erreur entre deux autres tee-shirt, mais rien.

Je me retrouve alors à regarder en dessous de chaque pile, entre chaque habits.
Je soulève, secoue, fouille de fond en comble jusqu'à que la vérité me saute aux yeux, la carte a disparu.

À cette idée mes yeux s'écarquillent et je perds mon souffle. J'ai perdu la carte, j'ai perdu ma carte, j'ai perdu la seule chose qui me raccrochait encore à mon père.
Aussitôt les paroles de ma mère me reviennent en tête:

« Il a disparu. »

Je ne peux réprimer les sanglots qui déchirent douloureusement ma cage thoracique. Aucune larmes ne coulent mais je me sens déchirée de toute parts. J'ai l'impression que mes jambes vont céder d'un moment à l'autre, ne pouvant plus supporter le poids de mon corps.

Il y a deux minutes j'étais folle de joie, la re-descente n'en est que plus douloureuse.
C'est comme dévaler des montagnes russes et se rendre compte que l'on a pas de ceinture de sécurité une fois en haut. Le wagon nous emmène irrémédiablement au sommet et nous force à descendre sans se soucier qu'on se s'en sortira pas.

J'ai très bien compris ce que les paroles de maman sous-entendaient. Son foutu « Il a disparue» m'a planté un couteau en plein cœur que j'essaye depuis  d'ignorer car je ne veux pas y croire.

Je n'accepterai jamais cette idée.
Papa est vivant le sais, je le sens.

Je tourne comme un lion en cage dans ma chambre. Soulevant tout ce qui peux être soulevé, fouillant tout ce qui peux être fouillé.

Je refuse de perdre la dernière preuve de l'existence de mon père, je refuse de perdre la dernière trace sur terre de John Harkness. Surtout en sachant que je l'avais entre les mains pas plus tard qu'il y a cinq heures.

Ne trouvant rien dans ma chambre je me dirige vers ma porte pour inspecter l'ensemble de l'appartement. Mais alors que je marche résolument vers celui-ci, je trébuche et m'étale lamentablement sur le sol.

Et alors mes sanglots prennent une ampleur encore plus grande et c'est comme s'ils me déchiraient au plus profonds de mon âme. Je rapproche mes genoux de mon buste et m'adosse à la porte en me prenant ma tête entre mes mains.

Je pousse des cris et me tire les cheveux encore et encore comme si je voulais m'enlever de l'esprit l'idée qui est en train de s'y implanter depuis que ma mère m'a annoncé la disparition de mon père.

Non, non... non !

Mon père n'est pas... non!
Mon père est là, j'en suis certaine, il ne serait pas partie avant qu'on ai pu visiter Londres ensemble, il ne serait pas partie sans m'avoir dit aurevoir.

Et alors cette seule pensée suffit à desserrer le nœuds qui s'était créé dans ma cage thoracique, une chaleur s'immisce au milieux de celle-ci, calmant les battements de mon cœur et ralentissant ma respiration. Mes muscles se décrispent un par un et enfin, j'arrive à regagner un état de stabilité, car j'en suis certaine, il n'aurait pas pu faire ça. Jamais, il ne m'aurait fait ça.

Je reste longtemps adossé contre la porte, attendant que mes tremblements se stoppent pour de bon et que je regagne ma lucidité d'esprit.

J'essaye alors de pousser l'idée qui s'imposait à moi le plus loin dans mon esprit et de reprendre comme si je n'avais aucun risque que cela soit véridique.

J'ai perdu la carte ? Bien, et ben il faudra que je me débrouille sans, et elle réapparaitra bien un jour.

Je me remets alors petit à petit sur mes pieds et décide d'aller chercher mon ordinateur sur mon bureau. Internet est notre ami.

J'attrape son chargeur dans le fond de ma valise et sort de ma chambre pour commencer mes recherches. Je pose mes affaires sur la table basse et ouvre précipitamment toutes les fenêtres. J'ai besoin de m'aérer l'esprit afin que celui-ci soit clair.

J'allume l'ordinateur et ouvre la page google.

Et je... et je quoi ?

Je me retrouve comme une idiote devant l'écran, et je me rends compte que je n'ai aucunes idées de comment trouver où est mon père.

Je reste bloquée quelques minutes devant la page d'accueil et le sentiment de panique qui m'a envahi tout à l'heure commence à refaire surface mais je le repousse encore et inspire un grand coup.

Sur un coup de tête, je tape : « John Harkness ».

Oui c'est nul, mais en même temps quoi de mieux que commencé par googler le nom de mon père ? On sait jamais.

Tant que j'y suis j'ouvre une autre page et vais sur l'annuaire. Je cherche tous les John Harkness sur Londres et le logiciel me ressore une centaine de numéros.

Je parcours des yeux la longue liste de numéros en me demandant si je vais réellement devoir tous les essayer, mais rapidement je me rends à l'évidence que je n'ai pas réellement le choix.

Je prends une capture d'écran en retenant un soupir puis glisse sur la page ou j'avais googler le nom de mon père.

Trois profils facebook du nom de John Harkness.

Je clique sur le premier et découvre le visage d'un John Harkness posant devant le Taj Mahal, des cheveux noirs de jais et le tain noirci par une trop longue exposition au soleil. Un indien... bon je ne crois pas que ce soit mon père.

Je passe vite fait sur le profil des deux autres pour être sûre qu'il ne s'agit pas de mon paternel puis parcours tout la page google de résultat, espérant pouvoir trouver ainsi un mot clés qui me sauterai aux yeux, mais rien.

Alors rapidement je comprends qu'il va falloir affiner ma recherche.

Je retourne toute en haut de la page et essaye de trouver les mots clés qui me mèneront à lui.

J'essaye «John Harkness Londres » puis « notaire John Harkness Londres ».

Il pratiquait déjà cette fonction quand j'étais enfant, peut-être a-t-il continué d'exercer une fois sur Londres ? Mais encore une fois je ne trouve rien.

Je commence réellement à perdre patiente. Comment je vais faire pour le retrouver ? Je ne vais tout de même pas faire le tour de la ville en demandant au passant si ils ont déjà vus mon père ? Non, je vais trouver. Je ne sais pas comment, mais je vais le retrouver.

Soudain j'ai une nouvelle idée.

Je tape à toute vitesse « Carter Corporation » dans la barre de recherche.

C'était l'entreprise avec laquelle mon père était souvent en lien à l'époque, peut-être l'est-il resté encore aujourd'hui et je pourrais me procurer ses coordonnées ?

Je découvre que le siège de cette industrie se trouve justement à Londres et je n'arrive pas à repousser le sourire en coin qui nait sur mes lèvres. Car je suis persuadée que c'est tout sauf une coïncidence.

(1)déterminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant