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Car je voulais croire
que ce que tu ressentais pour moi
était réel
~

Il mets quelques secondes à s'en rendre compte et se relève en trombe.

- Attends reviens !

Je marche d'un pas décidé, mes pieds nus s'enfoncent dans le bitume revenue à température normale.

Je l'entends ramasser sa veste et allumer sa moto, celle-ci gronde et se rapproche de moi mais je refuse d'y jeter un coup d'œil.

Je veux être seule, je suis au bord des larmes et je veux être seule.

Mon père a disparu, mon père a disparu, mon père a disparu.
Mon père
A
Disparu.

Voilà ce qui explique qu'il ne m'ai jamais répondue quand je l'appelais, que je n'ai jamais eu aucune nouvelle. Voilà pourquoi il a disparu de ma vie aussi soudainement, qu'il ne m'a jamais plus envoyé de lettre après cette fichue carte postale.

Mais je me suis toujours raccroché à l'espoir qu'il m'en enverrait une nouvelle chaque mois, et chaque fois qu'il ne le faisait pas je lui trouvais une excuse, car il en avait obligatoirement une. J'étais certaine qu'il était trop occupé à vivre des choses extraordinaire pour m'écrire et je le comprenais, je le comprenais.

Mais maintenant que j'apprends qu'il avait bel et bien une excuse, qu'il avait bel et bien une raison de ne pas me répondre, car il avait arrêté de donner signe de vie à la terre entière, car il avait tout simplement disparu, j'ai envie de hurler au monde entier d'aller se faire foutre.

Mon esprit est trop embué pour réfléchir d'une quelque manière que ce soit, je n'arrive rien à fixer, je n'ai plus de contrôle sur rien.

Je marche, longtemps, il fait de plus en plus noir, et je m'éloigne de plus en plus de la ville. J'ai attendu sept ans pour partir, je n'attendrai pas une minute de plus pour franchir cette foutue barrière psychologique.
Je veux partir, et maintenant.

Mes pieds martèlent le sol, encore et encore, jusqu'à une route perdue au milieu de nul part où je décide de m'arrêter, épuisée.

Je ne sais pas où je suis.
Derrière moi le ronronnement de la moto de Thomas prends fin, il m'a suivi tout ce temps et je n'arrive pas réellement à comprendre pourquoi. Comme d'habitude avec lui, je n'arrive pas à le comprendre.

Je soupire et ferme mes yeux gonflés après avoir tant pleuré. Je déteste ça, je déteste paraitre aussi vulnérable surtout devant quelqu'un.

Je bascule ma tête en arrière et rouvre mes paupières sur le ciel obstrué de gros nuages, aucune étoile n'est visible, aucune autre source de lumière ne me parvient en dehors du phare de la moto de Thomas.

Il vient se placer à mes côtés et fixe le ciel à son tour.

-Je peux savoir ce qu'on est sensé regarder ? demande-t-il avec un soupçon d'humour.

-Tu as un but dans la vie ?

Ma question posée de but en blanc lui arrache un « Hein ? » et il pose son regard sur moi. J'attends le moment où il partira en pensant que je suis folle comme il était sensée le faire la première fois que nous nous sommes rencontrées il y a quatre mois, mais il ne le fait pas, comme d'habitude.

-Est-ce que tu as un but dans la vie Thomas ? j'insiste.

-Euh... ouai. Répond-t-il hésitant, pourquoi ?

-Parce que moi oui, j'en avais un, je réponds et je n'avais jamais été aussi sincère qu'à ce moment précis. Mais aujourd'hui, qui était sensée être le plus beau jour de ma vie, j'ai appris que jamais je ne pourrais l'atteindre.

Il me regarde troublé, il ne devait pas s'attendre à ce que je parle comme ça mais je n'y peut rien. Il est là et les mots dépassent mes lèvres en flot continue, je ne peux plus les arrêter.

-Tu sais ce que ça fais d'aimer quelque chose tellement fort que tu fais tout pour l'atteindre mais qu'il ne fait que t'échapper ? Je le regarde, il ne réagis pas, alors j'insiste. Tu auras beau courir le plus vite possible, il sera plus rapide que toi et se dérobera à chaque fois que tu essayeras de l'attraper. Cette chose se tiendra toujours devant, t'exhortant à la rejoindre à lui prendre la main, mais à chaque fois que tu essayera, elle sera hors de portée. Et chaque fois qu'elle t'échappera, tu aura plus mal que jamais auparavant, mais tu ne pourra pas t'enlever de la tête l'idée de lui courir après car dans le fond, ça t'es vital.

Il me fixe et je plante mes yeux dans son regard dans je lequel je me nois.

-Aujourd'hui cette chose que je poursuivais a disparu. Elle s'est volatilisée. Et tu sais ce que ça veut dire ? Ça veut dire que tout ce temps j'ai couru après un fantôme, une illusion, qui m'a été arraché trop rapidement pour que je m'en rende compte.

Je fais un tour sur moi-même pour essayer de voir par-delà l'horizon, mais rien, je ne vois rien. Je suis au milieu de nulle part et si je le voulais je pourrais moi aussi disparaitre, personne ne le remarquerai.

-Je courrais tout ce temps après quelque chose d'irréel, et aujourd'hui plus rien. Il n'y a. Plus. rien.

Je passe ma main dans ma poche arrière et en sors une carte postale. La carte postale. Celle que mon père m'a envoyé il y a sept ans, le dernier signe de vie que j'ai reçu de lui.

Je la déplies et relis le mot qui y est écrit, ce qui fait naitre un rictus amer sur mes lèvres. J'ai du mal à croire que ce n'était qu'un ramassis de mensonges.

-Mais tu sais quoi, même si on me dit qu'il s'est évaporé, que je ne le retrouverais jamais, je n'en crois pas un mot.

Mes yeux glissent sur le coin inferieur gauche de la carte, là où l'adresse de l'expéditeur est marquée à l'encre bleu. Elle s'est un peu estompé avec le temps mais c'est encore lisible.

-Ils disent qu'il a disparu, ce que je dit c'est qu'ils n'ont pas assez cherché. Et s'ils ne veulent pas chercher, je chercherai seule. Et je le retrouverai seule aussi non...

Mes paroles restent en suspens tandis que je scrute le paysage devant moi.

-Aussi non quoi ? m'incite-t-il à continuer, et ça voix sonne bizarrement familière dans ce décor totalement étranger.

-Aussi non, je risque de rester coincé ici toute ma vie... et il n'en ai pas question.

Nos yeux se plantent les uns dans les autres et à cet instant j'aimerai lui transmettre toute ma détermination. Je ne sais pas d'où je la puise mais je sais qu'elle est me donne un nouveau souffle, me poussant à ne pas croire un mot de ce que ma mère m'a dit.

Un sourire mutin comme il m'en a servi tant nait alors sur ses lèvres.

-Tu veux t'échapper... Fais-moi l'honneur de t'accompagner.


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Salut tout le monde!

Voici la première partie de Indéterminé! J'espère qu'elle vous as plus!

La bise;
The-glace

(1)déterminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant