The Guest

1. Le plan

Clarke était comme qui dirait, et vous lui pardonnerez l'expression, dans la merde.

Comment un si petit objet pouvait retourner son monde et la mettre dans tous ses états ? Le carton d'invitation posé sur la table devant elle la narguait de sa jolie encre dorée.

Mademoiselle Clarke Griffin et son invité sont cordialement invités au mariage ...

La suite du carton bristol n'avait pas une grande importance aux yeux de la jeune femme. Elle passa une main dans ses cheveux emmêlés et soupira. Sa mère, la très respectée et très adulée (ou en tout cas dans ses rêves) Abigail Griffin la tannait depuis des mois pour rencontrer son petit ami.

La question qu'il fallait poser à Clarke était : quel petit ami ?

Celui imaginaire que la jeune femme avait inventé pour qu'on arrête de la harceler en permanence sur sa période de célibat qui, il est vrai, traîne un peu en longueur. Le pire dans tout ça ? C'est que la principale concernée, elle, n'en avait pas grand chose à faire de ne pas partager sa vie avec quelqu'un, et sa longue période d'abstinence ne la préoccupait pas tant que ça... Non, elle n'avait pas imaginé l'amant parfait pour satisfaire son ego... et en vérité elle n'en avait vraiment rien à faire de ne pas avoir trouvé l'amour, avec un grand A. Mais quand ça faisait plus de 9 mois qu'on reçoit chaque jours des appels inquiets, à la limite de la condescendance, de sa propre mère à propos de son célibat prolongé et quand les grandes tirades sur les relations de couple commencent sérieusement à vous agacer... il n'y a plus trente-six milles solutions... et même la plus honnête et sainte des personnes serait tentée de faire comme Clarke : mentir.

Alors il y a de ça quatre mois, lorsqu'elle avait reçu le cinquième coups de téléphone de la semaine alors qu'on n'était que jeudi... la jeune femme avait fini par craquer et couper l'herbe sous le pied de sa très mère. Elle avait d'une voix forte, à la limite de l'hystérie,annoncé qu'elle avait rencontré quelqu'un, que ce n'était que très récent, mais qu'elle pensait avoir trouvé le bon.

Ce qui, à l'origine, ne devait être qu'un tout petit mensonge d'un mois tout au plus, qui se serait soldé par la découverte inattendue que le gentleman parfait n'était en fait qu'un connard sans nom qui se tapait la collègue de sa petite amie, était devenu un énorme bobard qui traînait en longueur. Clarke pouvait l'avouer de bon cœur maintenant ... Elle n'avait tout simplement pas eu le courage de renoncer au répit que sa fausse relation lui avait procuré. Et d'autant plus qu'elle s'était finalement perdue à son jeu : quelle célibataire endurcie ne trouve pas qu'un petit ami imaginaire est la définition même de l'homme parfait ?

Sauf que maintenant elle était dans le pétrin jusqu'au cou. Clarke devait se trouver un invité pour le mariage de sa demi-sœur avec qui elle partageait déjà une relation plus que tendue et un passé compliqué. Avouer la vérité maintenant et se ridiculiser à ce mariage en particulier n'était même pas une option envisagée par notre héroïne.

En résumé : soit elle se faisait portée disparue à la suite d'un tragique accident de bateau. Soit elle devait trouver une solution et vite.

Orchestrer sa fausse rupture à quelques jours seulement du mariage n'était pas une très bonne option... Sa mère en ferait tout une histoire et ne la lâcherait sûrement pas du séjour, trop contente de saisir cette occasion pour la dévaloriser. Elle continuerait à lui poser un tas de questions et il se pourrait même qu'avec son flair légendaire, elle finisse par dénicher la supercherie.

Poussant son centième soupire en quinze minutes, Clarke attrapa son portable à côté du carton d'invitation et fit le seul numéro qu'elle appelait en toute occasion et encore plus particulièrement dans un cas de force majeur comme celui-ci.