The Guest

21. L'après

Cinq jours.
Huit heures.
Trente-deux minutes.
Quarante-neuf secondes.

Si Clarke Griffin était du genre se morfondre et compter le temps depuis qu'elle n'avait pas revu Bellamy, c'est le décompte qu'elle aurait donné.

Une chance qu'elle ne soit pas ce genre de filles.

Enfin, si elle était tout à fait honnête avec elle-même la jeune femme devait avouer qu'il y avait une petite chance pour qu'elle ait légèrement retenu le moment où elle avait senti son cœur se briser. C'était pathétique, elle le savait, mais ce n'était pas sa faute si elle avait une mémoire de scientifique-rat-de-bibliothèque.

Mais Clarke ne voulait pas se laisser abattre. Dès qu'elle avait claqué la porte de son appartement, elle avait chassé le sentiment de vide en s'attelant tout de suite à faire le ménage et à ranger ses affaires, ne voulant plus laisser aucune trace de son séjour dans son quotidien.

Deux heures plus tard, alors qu'il ne lui restait plus rien à lessiver, plier ou bien sécher (elle avait même refait la vaisselle déjà propre), elle s'était assise sur son canapé avec un verre de rouge. La désagréable impression de ressembler à sa mère la prit à la gorge et Clarke se mit à sangloter comme une enfant.

Quand elle s'était enfin calmée, elle avait pris la décision de se laisser 7 jours pour se morfondre avant de se reprendre en main. C'était plus que le temps de la relation éclair qu'elle avait vécu avec Bellamy mais une petite voix dans sa tête lui avait soufflé que l'intensité des émotions qu'on ressent n'avait rien avoir avec le temps qui passe.

Pendant cinq jours, Clarke avait vécu en mode pilote automatique. Il avait bien fallu retourner travailler mais elle avait traversé cette semaine de reprise dans un brouillard. Elle ne savait même pas si elle avait réussi à sourire à ses patients ou à ses collègues. Quand elle rentrait chez elle, elle prenait une douche, enfilait une tenue confortable et se nourrissait exclusivement de bouffe de rupture : glace, chocolat, chips mangées à même le paquet...

Elle dévorait tout ce qui lui passait sous la main et ressassait inlassablement les épisodes de ces derniers jours. Et notamment celui de sa fuite de la maison familiale.

Arrivée à l'aéroport, elle s'était retrouvée complètement démunie devant le tableau des vols en partance. Lorsqu'elle avait surpris Bellamy avec une autre, son cerveau avait tenu bon pour ne pas s'effondrer tout de suite, conservant le peu de dignité qu'il lui restait. Mais une fois l'adrénaline de la fuite redescendue, toutes ses capacités cognitives s'étaient faites la malle en quelques secondes et Clarke avait fondu en larmes en plein milieu du terminal 2E.

Alors Octavia était entrée en action. Elle avait pris les choses en main : elle s'était rendue au guichet et avait réservé deux billets pour le prochain vol à destination de Seattle. Puis elle avait enregistré les bagages de Clarke avant de la faire asseoir devant la porte d'embarquement encore déserte.

Les deux amies n'avaient pas beaucoup parlé pendant la première heure et Clarke était reconnaissante que son amie la connaisse aussi bien et ne lui demande pas comment elle se sentait.

Dans le taxi, Clarke avait éteint son téléphone pour ne pas être dérangée. En le ressortant, l'écran affichait 5 appels manqués de Bellamy et un de Marcus.

C'était étrange comme le nom de son beau père lui apporta plus de réconfort en quelques secondes que depuis des années. Elle était presque heureuse qu'il soit celui qui se soucie assez d'elle pour appeler alors que sa mère était aux abonnés absents.

Le téléphone d'Octavia se mit à sonner à son tour les faisant sursauter toutes les deux. Clarke sentit ses yeux se brouiller alors que son cœur battait la chamade.

— Si c'est lui ne décroche pas s'il te plait.

C'était tout ce qu'elle était capable de murmurer. Son amie hocha la tête et ouvrit la petite pochette, son seul bagage. Elle portait encore la robe bain de soleil qu'elle avait mis pour le brunch et Clarke sourit en pensant qu'elle n'avait pas hésité un instant avant de la suivre.