6. L'interrogatoire

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En descendant pour le dîner Clarke avait la mâchoire crispée.

D'un parce qu'elle était terrifiée à l'idée de faire un faux pas qui ferait voler sa couverture en éclat.

Et de deux parce qu'elle avait dû serrer les dents comme une malade pour ne pas baver devant le torse nu de Bellamy quand il était sorti les cheveux en bataille et à moitié mouillé de sa douche.

Bien sûr, elle avait tout fait pour préserver la pudeur de son faux petit-ami, mais nous sommes tous d'accord pour dire que ce n'est pas de la faute de Clarke s'il ne s'était pas habillé dans la salle de bain comme elle ! Après tout, s'il avait un penchant pour l'exhibitionnisme, ce ne serait pas pour déplaire à son imagination débordante qui aurait de quoi alimenter ses rêves pour les prochains mois.

...Mois ? Années tu veux dire !

Je t'ai demandé l'heure toi ? ...

Lorsque Bellamy lui attrapa la main juste avant qu'ils n'entrent dans le salon pour faire face à sa famille, Clarke se rendit compte qu'elle avait les mains moites, ce qui renforça son sentiment d'impuissance.

— Vous voilà enfin, s'exclama Abigail Griffin de son éternelle voix théâtrale réservée à ses invités de marque.

Clarke grommela quelque chose dans sa barbe avant de sortir son plus beau sourire forcé et de répondre :

— Excuse-nous maman, le voyage a été long et on a pris notre temps sous la douche.

C'est seulement quand Raven s'esclaffa bruyamment comme une poule de basse-cour que Clarke se rendit compte du double sens qu'aurait pu cacher sa phrase. Pour une fois qu'elle ne voulait rien insinuer, c'était raté. Avant même que la jeune femme ne puisse ouvrir la bouche pour essayer de réparer sa bourde, elle senti un bras se poser doucement sur le dossier du canapé derrière sa nuque.

— Heureusement que votre fille est très lente sous la douche, j'ai même eu le temps de faire une petite sieste, expliqua posément Bellamy. Je crains même que ce ne soit de ma faute si nous vous avons fait attendre.

A cet instant, Clarke avait envie de béatifier Bellamy Blake, de lui ériger une statue à sa gloire pour le remercier.

— C'est vrai que contrairement à moi tu n'as pas fermé l'œil du trajet, ajouta-t-elle pour faire bonne figure.

— Pourquoi ne pas continuer cette discussion à table ? Proposa la maîtresse de maison.

Cette dernière était d'ailleurs restée bien trop silencieuse au goût de la blonde.

...C'est louche.
Beaucoup trop louche.
Elle prépare quelque chose ...

Malheureusement pour Clarke, sa mère préparait bel et bien un interrogatoire en bonne et due forme. La blonde la connaissait tellement bien qu'elle sentit le coup fourré au moment même où les questions commencèrent à pleuvoir :

— Alors Bellamy, qu'est-ce que vous faites dans la vie ? Attaqua la chirurgienne de renom.

...Il est gigolo...

— Il est directeur d'une entreprise de sécurité privée, s'empressa de répondre Clarke comme si elle était candidate de la célèbre émission Questions pour un champion.

— Si tu lui laissais la chance de répondre ma chérie. Il a une langue, il peut s'en servir, susurra sa mère en plissant les yeux dans sa direction.

Clarke sut qu'elle n'avait pas le choix. Elle ne serait que spectatrice de cet échange et elle ne pouvait que prier pour que Bellamy réussisse l'épreuve sans son aide. L'énorme coup de pied que lui administra le sujet de la conversation lui indiqua aussi qu'il était vexé de son comportement. Elle grimaça en hochant la tête pour faire bonne figure.

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