13. Le dérapage

1.9K 129 20
                                    

Quand Clarke débarqua, Octavia sur les talons, dans le bar surchauffé où se déroulait l'enterrement de vie de garçon de Finn, elle sut instantanément qu'elle allait devoir castrer quelqu'un.

Restait à déterminer qui.

Elle n'eut pas le temps d'analyser la situation bien longtemps : Bellamy fonça sur elle avec un petit je ne sais quoi dans le regard qui lui glaça le sang et la rendit fébrile. La tension était à son comble et elle aurait aimé que la scène se passe au ralenti, comme dans les films pour qu'elle ait le temps de comprendre ce qu'il se passe, mais ce fut plus un enchaînement sans aucun sens. Un pèle mêle de sensations et d'incompréhensions.

Bellamy l'avait repoussé durement contre le bar en bois et avait plaqué sa bouche contre la sienne sans aucune tendresse. C'était un baiser hargneux, rempli de colère et qui donnait un peu l'impression à Clarke d'être revenue à l'âge de pierre. 

Le genre de baiser "Moi Tarzan, toi Jane".

Si elle avait été de meilleure humeur, peut-être que cette démonstration de testostérone aurait pu l'exciter et lui faire quelque peu oublier sa colère. Mais la blonde était beaucoup trop remontée pour oublier la raison de sa présence ici. Sa main droite partit toute seule et finit sa course sur la joue de Bellamy dans un claquement sonore.

Ce dernier, surpris, fut déconcentré et s'éloigna l'air déboussolé. Elle aurait explosé de rire face à son expression si elle en avait eu le cœur.

— Je l'ai peut-être un peu méritée celle-là, finit-il cependant par gronder.

— Ah bon ? Tu crois ? Ironisa sa partenaire qui fulminait.

— Si tu avais été honnête avec moi depuis le début, et eu la délicatesse de me prévenir de la situation, rien de tout ça ne serait arrivé.

C'était la douche froide, Clarke comprit instantanément à quoi faisait référence son faux petit ami et elle blêmit. Ne voulant pas faire une scène, et encore moins ici, entourée par l'ennemie, elle prit le jeune homme par le bras et le tira pour le sortir du bar.

— Tu ne vas rien répondre ?

— Pas ici, répondit-elle simplement en lui demandant de monter dans le taxi.


En refermant doucement la porte de sa chambre, Clarke avait si peur de lui faire face qu'elle prit son temps pour enlever ses escarpins. Tout pour gagner du temps et reculer la conversation qu'ils devaient impérativement avoir. Elle avait conscience qu'il l'observait, assis bien droit au bord du lit, les bras croisés.

— Clarke, craqua-t-il en premier, tu aurais quand même pu me prévenir que tu avais sauté ton beau-frère !

— Je te signale que je ne te dois pas grand chose... Avec qui j'ai couché, quand et comment... ça ne te regarde pas...

Elle savait qu'elle racontait des salades. Qu'en quelques jours, Bellamy était devenu assez important pour elle pour avoir le droit à la vérité. Mais c'était le mécanisme d'autodéfense le plus connu au monde : la meilleure défense c'est l'attaque...

Prenant conscience qu'elle était puérile, Claire recula contre la porte et laissa sa tête y reposer. La conversation allait être longue.

— Ce n'est pas réellement ce que tu crois, finit-elle par chuchoter dans un souffle.

Elle n'avait pas voulu raconter à Bellamy son historique avec son futur beau-frère pour la simple et bonne raison que c'était l'un des épisodes les plus humiliants de toute sa vie. Et déjà qu'il la prenait pour une énorme imbécile incapable de se trouver un mec à ramener à la maison, ou pas assez sûre d'elle pour dire la vérité... Après ça ... Qu'est ce qu'il allait bien pouvoir penser d'elle ?

— Je t'écoute alors.

— Au lycée, j'étais ce qu'on peut appeler une geek... une outsider, appelle ça comme tu veux ! Alors quand Finn Collins, quarterback de l'équipe du lycée, LE beau gosse du lycée est venu me demander de l'aide pour quelques matières où il avait du mal, j'ai été la fille qu'on voit dans ces séries le samedi à la télé : les nunuches méfiantes au début puis qui se laisse attendrir et finissent par en pincer pour le mec populaire. Quand il a rompu avec sa petite copine de l'époque et qu'il a dit vouloir être avec moi, j'en croyais pas ma chance et je lui ai donné toute ma confiance. Bien évidemment, c'était trop beau pour être vrai... Il venait souvent à la maison, et on vivait déjà avec Marcus et Raven, j'ai appris plus tard qu'il m'avait parlé et séduite seulement pour se rapprocher d'elle ... et quand il a fini par la convaincre de se mettre avec lui, elle la cheerleader, il ne me l'a pas dit tout de suite et ils ont fricoté ensemble dans mon dos pendant des semaines avant qu'il me largue comme une vieille chaussette.

Clarke avait les yeux qui la piquait mais elle se refusait à pleurer pour quelque chose qui s'était passé il y a des années et dont elle s'était complètement remise. Elle se redressa et carra les épaules pour se donner du courage.

— J'aurais effectivement dû te prévenir, mais la vérité c'est que c'est pas l'histoire la plus fun de la terre et que je déteste qu'on se moque de moi ...

Il l'étonna en la coupant :

— Je regrette ce que je t'ai dit tout à l'heure.

Clarke releva la tête et plongea dans son regard.

— Tu as bien fait de ne pas me raconter ça avant...

La blonde souffla un pourquoi dubitatif alors qu'il se rapprochait d'elle et lui attrapait doucement la main pour lui caresser le creux de son poignet.

— Si j'avais su, je ne me serais pas contenté de lui mettre qu'un seul coup de poing... Je lui aurais refait le portrait en bon et dû forme !

La jeune femme laissa échapper un rire rauque. Mais elle reprit très vite son sérieux en sentant le bout de ses doigts parcourir sa peau nue et cette traîtresse se couvrir de chair de poule à son contact. Il la dévorait du regard à présent et jamais Clarke ne s'était sentie aussi désirable qu'à cet instant.

— Il ne te méritait pas tu sais.

Oui elle le savait, mais ces mots, dans sa bouche à lui, avaient une saveur particulière. Quand Clarke lui posa la question qui lui brûlait les lèvres, elle pria très fort pour que la réponse soit à la hauteur de ses espérances :

— Pourquoi avoir réagi aussi violemment ? Tu n'as pas vraiment à défendre mon honneur... Après tout c'est du cinéma tout ça.

Les lèvres de Bellamy frôlèrent les siennes doucement, lentement. Ses mains survolèrent sa hanche et le bas de son dos.

— Vraiment ? Répondit-il avec son légendaire sourire en coin.

Cette fois-ci sa bouche prit réellement possession de la sienne et après un moment d'hésitation, Clarke se laissa complètement aller à son étreinte. Elle se mit sur la pointe des pieds pour approfondir le contact et passa ses bras autour de son cou.

C'était si bon.

Elle se pressa contre lui, savourant le contact du tissu de son pantalon sur ses jambes nues. La sensation de sa barbe naissante sur sa mâchoire.

Il poussa un petit grognement, défit la ceinture de son kimono et le lui enleva avant de la soulever. Clarke enroula ses jambes autour de lui alors qu'il la plaquait contre le mur pour mieux l'embrasser encore.

Ses mains sont partout sur son corps et c'est la plus belle sensation au monde.

Bellamy la fit basculer sur le lit et elle défit rapidement, les doigts tremblants, les boutons de sa chemise. Elle le sentit se laisser aller à son instinct, son corps pesant toujours un peu plus sur le sien.

Clarke ferma les yeux en poussant un long soupir.

J+2. Pourquoi coucher avec son faux petit-ami était-il aussi bon ? 

The GuestOù les histoires vivent. Découvrez maintenant