17. Le discours

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C'est main dans la main qu'ils rejoignirent Octavia et Lincoln qui débattait de façon animée sur quelle femme d'âge mure était la mieux conservée au naturelle. Au vu du nombre de femme sur botoxées au mètre carré, ça revenait presque à chercher une aiguille dans une botte de foin.

Clarke se surprit à les envier : ils étaient si semblables. Leur amour crevait les yeux, répandant une aura de chaleur, de force et de stabilité. Elle sourit a un commentaire que fit Octavia sur le fait que même une jeune femme de 20 ans n'aurait pas du porter une telle tenue en désignant une invitée dont les 60 ans devaient être révolus depuis longtemps.

— Ca me fait penser, chuchota Bellamy dans son oreille alors qu'il s'était rapprocher d'elle lentement. Je ne crois pas t'avoir complimenté aujourd'hui.

D'humeur joueuse, Clarke lui répondit du tac au tac.

— Ne t'en fais pas, le fait que ta bouche semblait dans l'incapacité de rester fermée quand tu m'as découverte, m'a suffit.

— Tu es renversante, insista-t-il quand même et la jeune femme sentit nettement ses joues s'empourprer.

Renversante ? C'est normal que mon estomac fasse du hula hoop ?

Comme attirée par une force magnétique, Clarke se pencha un peu plus, si proche qu'elle aurait pu l'embrasser en se mettant sur la pointe des pieds. L'instant prit fin lors qu'Octavia émit un son proche d'un porc qui s'étouffe.

— Désolée, j'ai failli m'étrangler en vous imaginant vous rouler une pelle alors que suis à moins d'un mètre de vous.

Lincoln lui donna un coup de coude et elle arrêta de faire l'imbécile pour se tenir bien droite et effectuer un salut militaire. Pour détourner l'attention de sa cavalière Lincoln fit la conversation :

— Tes parents ont mis le paquet Clarke ! Je crois n'avoir jamais vu autant de nourriture réunie au même endroit.

D'ordinaire, la blonde aurait sursauté et précisé que Marcus n'était pas son père, seulement l'homme qui avait épousé sa mère. Mais pour la première fois en des années, Clarke n'était pas dérangée par ce raccourci. A bien y réfléchir, son beau-père était la personne qui se comportait le plus comme un membre de sa famille, alors à quoi bon s'évertuer à l'exclure !

— Tu sais, c'est l'une des rares occasions où ma mère peut montrer à quel point elle a réussi dans la vie. Elle se désespère de ne pas avoir assez de temps pour aller au country club chaque dimanche, plaisanta Clarke en prenant un air pincé de pimbêche et une voix nasillarde.

Sa meilleure amie lui tira la langue et la traita d'ingrate et Clarke acquiesça de bonne grâce.

La discussion se poursuivit dans un joyeux brouhaha et en promenant son regard sur l'assemblée, la jeune femme ne put que remarquer à quel point toutes les représentantes du sexe féminin dévoraient Bellamy des yeux. Elles ne semblaient même pas remarquer les petits gestes d'affection qu'il avait pour elle. Comme si elle était complètement transparente, ou bien insignifiante. C'était franchement vexant.

A plusieurs reprises, une courageuse venait les interrompre pour tenter une approche. Mais elle repartait bien rapidement bredouille lorsque Bellamy la décourageait de façon délicate. i ll n'empêche que Clarke bouillonnait. Elle n'y pouvait rien si son égo était touché, à terre et avait soif de vengeance !

Octavia la tira un peu à l'écart.

— Calme toi Attila, souffla-t-elle et Clarke sentit clairement l'odeur du champagne dans son haleine. On dirait que tu vas commettre un meurtre, mais ouvre les yeux ! Bellamy ne fait attention à personne d'autre que toi. C'est flippant comme on dirait que rien d'autre n'existe !

La jeune femme laissa son regard vagabonder vers son cavalier et réalisa que son amie avait raison. Il la dévorait du regard et une étrange chaleur se répandit dans tout son corps.

— Qui aurait cru qu'il était si bon comédien, poursuivit la brune avec un drôle d'air.

La douche froide. Clarke avait effectivement besoin d'une piqûre de rappel. Tout cette mascarade, aussi agréable soit-elle, avait une date d'expiration. Et celle-ci approchait dangereusement.

Et puis merde ! Après tout, foutue pour foutue, autant en profiter jusqu'au bout.

Du coin de l'œil, elle vit Amélia, la demoiselle d'honneur de Raven s'approcher de Bellamy et poser une main sur son avant-bras en renversant la tête en arrière et battre des cils. Le jeune homme sembla sur le point de perdre patience et Clarke eut pitié de lui. Carrant les épaules, elle vola à son secours. Lorsqu'elle fut assez proche, il l'attrapa et passa presque immédiatement un bras autour de sa taille. Se laissant aller contre lui, Clarke considéra sa "rivale" puis avec un air de dédain appris au contact de sa mère, l'ignora complètement.

— Tout va bien Bell' ? Demanda-t-elle en passant lentement une main dans son dos, le caressant avec délicatesse.

L'intensité dans son regard la fit frissonner et Clarke eut la nette impression que s'ils avaient été seuls, il l'aurait jeté sur son épaule pour faire d'elle tout ce qu'il voulait. Prenant une grande inspiration, il lui offrit un petit sourire :

— Très belle performance, j'aurais presque pu croire que tu étais jalouse.

Je le suis !

— Au moins ça a eu l'effet escompté.

Clarke ne s'était même pas rendue compte qu'Amélia avait effectivement battu en retraite sans demander son reste. Mais à l'air de défi qu'elle abordait, l'histoire semblait loin d'être finie.

Le bruit d'un couteau qu'on tapote contre un verre fit taire la plupart des conversations.

— Votre attention s'il vous plait, la voix d'Amélia, légèrement éméchée, sortit bien trop fort des enceintes disposées dans le jardin. En tant que demoiselle d'honneur de Raven, c'est pour moi un honneur et un plaisir de faire un discours.

— Qui est déjà bien trop long, grommela dans sa barbe Clarke en levant les yeux au ciel.

Bellamy émit un petit hoquet de rire et lui pinça le bras pour la punir de sa médisance.

— Tout le monde sait que Raven était folle de Finn depuis longtemps. Rien n'aurait pu l'empêcher d'arriver à ses fins, même pas le peu de concurrence qu'elle avait à l'époque.

Clarke se raidit. Le peu de concurrence... Elle savait parfaitement qu'on parlait d'elle et franchement, elle avait un peu marre d'être traînée dans la boue. Bellamy sembla sentir son trouble et il se rapprocha dans son dos, assez proche pour qu'elle puisse sentir la chaleur de son corps. Il dessina de petits cercles lents sur son ventre, comme pour la distraire.

— Est-ce que tu essaierais de m'allumer pour me distraire Blake ?

Tournant la tête, elle décela un éclair de désir obscurcir les prunelles de son petit ami. Il promena son nez dans le cou de la jeune fille.

— Est-ce que ça marche ?

Clarke déglutit difficilement et se plaqua un peu plus contre lui.

— Après des mois et des mois d'effort, continua la demoiselle d'honneur sur l'estrade...

— Je ne comprends pas comment elle peut dire un truc pareil. Qui peut trouver ça gratifiant que sa meilleure amie ait couru après un mec déjà pris pendant plus d'un an avant qu'il ne daigne la remarquer ?

En disant ces mots, la mâchoire serrée, Octavia semblait sur le point de commettre un meurtre.

— ... Finn a finit par se rendre compte qu'il était fait pour Raven !

— Pour le plus grand bonheur de mon frère.

La voix d'Octavia avait fusé dans le silence qui suivit le discours et toutes les têtes se retournèrent vers leur petit groupe. Clarke sentit qu'elle devait être aussi rouge qu'un gyrophare et commença à se tortiller pour se défaire de l'étreinte de Bellamy.

Il ne la laissa pas faire. D'une main il la maintient contre lui et de l'autre il leva sa coupe en l'air comme pour appuyer les dires de sa sœur. Devant l'absurdité de la situation, la jeune femme finit par exploser de rire et cacher son visage dans ses mains.

J+3. Les Blake sont des anges, envoyés par Dieu sur terre et Clarke n'aurait sûrement jamais survécu sans eux.

The GuestOù les histoires vivent. Découvrez maintenant