The Guest

23. La fin

Clarke ressemblait littéralement a un caniche qui s'était fait tremper par un camion roulant dans une flaque.

Ses cheveux pendaient devant son visage et elle ressentit un soulagement immense en poussant la porte du hall de son immeuble. Elle s'arrêta quelques secondes pour enlever sa capuche détrempée.

Le couinement de chaussures sur le sol en marbre la fit relever la tête.

Il était là.

— Clarke, dit-il.

Cela faisait un mois qu'elle ne l'avait pas vu et son cœur loupa un battement. Son estomac se contracta douloureusement. Elle avait espéré que ces quelques semaines l'avaient guérie. Mais il fallait croire que non.

Dans les films, la pluie c'est romantique. Le maquillage du personnage principal n'a pas coulé, ses cheveux ont l'air de sortir d'une pub pour shampoing et ses fringues mouillées lui donnent l'air sexy.

Mais ça c'est dans les films.

Ses cheveux étaient tout frisés à cause de l'humidité ambiante. Son mascara avait coulé et lui donnait sûrement l'air d'un air de raton laveur qui souffre d'une conjonctivite.

Heureusement, Bellamy n'avait pas l'air d'en mener beaucoup plus large.

Il avait dû passer un petit moment sous la pluie avant que quelqu'un ne rentre et lui ouvre. Ses cheveux à moitié séchés lui donnaient l'air de sortir d'une machine à laver détraquée. Des cernes violettes lui mangeaient la moitié du visage et on aurait dit qu'il n'avait pas dormi depuis des jours.

Il est dans cet état à cause de moi ?
Clarke, un peu de fierté, même s'il se sent mal, il l'aurait bien mérité.

— Qu'est-ce que tu fais là ? sa voix ressemblait plus à un couinement qu'à une vraie question mais elle s'en fichait, elle s'était mise en mode survie.

Il fit un pas vers elle et elle se tendit. Il sembla s'en apercevoir et resta à une distance raisonnable. Il soupira et passa une main dans ses cheveux l'air au fond du gouffre.

— Je suis venu te demander de me laisser ma chance.

— Pourquoi je ferais ça ?

— Je ne dors plus, je n'arrive plus à me concentrer sur rien, tu occupes toutes mes pensées. Je vais devenir fou Clarke, il faut que tu abrèges mes souffrances.

— Il n'y a rien dans ton petit plaidoyer qui me dit pourquoi je devrais te donner une seconde chance, s'énerva-t-elle. Et puis si tu n'as rien à te reprocher pourquoi tu es dans cet état ?

— Parce que je ne sais plus quoi faire pour te récupérer ! Je t'ai laissé du temps, t'ai laissé te faire draguer par un mec dans un bar en serrant les poings, je t'ai raconté la vérité, je t'ai dit que ce que je ressens pour toi, que je t'aime, il reprit son souffle. Je ne sais plus quoi faire.

— Tu ne l'as pas fait, chuchota-t-elle.

— Pardon ? De quoi ?

— Tu ne m'as jamais dit que tu m'aimais.

Elle pouvait voir son souffle s'accélérer tandis que l'espoir remplissait ses yeux.

— Clarke, tu le sais bien non ? Je ne serais pas là à te supplier de bien vouloir me croire si je n'étais pas désespérément amoureux de toi... C'est pour ça que toute cette histoire me rend fou. J'ai enfin l'impression d'avoir rencontré la personne sur cette terre qui est faite pour moi et à cause d'une manigance à la con, j'ai perdu sa confiance. Il y a de quoi rigoler nerveusement non?

Il avait un sourire triste sur le visage et tout d'un coup, c'est comme s'il avait compris qu'une petite porte s'était entrouverte au fond de Clarke. Il s'avança encore un peu, jusqu'à être tout proche.

— Je t'aime Clarke. J'aime les circonstances complètement délirantes dans lesquelles on s'est rencontré. J'aime que tu sois prête à tout pour que ta famille te foute la paix et que tusois assez intelligente pour acheter ta tranquillité. J'aime le fait que tu passes tes journées à sauver les autres. Que tu sois mature et responsable mais que tu aies gardé ton âme d'enfant. J'aime comme tu ris parce que j'ai dit quelque chose de stupide au lieu de me prendre de haut parce que tu es cent fois plus intelligente que moi. Je ne sais pas comment te le dire d'une autre manière Clarke, je t'aime c'est aussi simple que ça. »

C'est aussi simple que ça.

Il avait débité tout ça à une vitesse ahurissante. Comme s'il n'avait pas besoin de réfléchir pour dire toutes les raisons pour lesquelles il l'aimait. Même en faisant preuve d'un mauvais esprit hors normes, elle n'arrivait même pas à se convaincre qu'il puisse mentir.

— Alors, hésita-t-elle la voix un peu tremblante, elle t'a vraiment sauté dessus ?

Il laissa échapper un soupire de soulagement, comprenant qu'ils touchaient au but. Il l'enlaça presque un peu brusquement, comme s'il ne voulait plus la laisser filer.

— Je te le jure.

Puis il l'embrassa à pleine bouche et le monde s'arrêta de tourner.

Elle se détacha de lui un instant pour l'entraîner à sa suite. Faisant maladroitement tourner sa clef dans la serrure, elle finit par ouvrir la porte. Il la claqua derrière eux et se fondit en elle.

J+44, le monde peut recommencer à tourner.