16. Le cocktail

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Après la cérémonie, tout le gratin était invité au manoir Kane-Griffin pour un grand cocktail champêtre. C'était le moment que Clarke redoutait le plus et elle avait les jambes qui jouaient les maracas tellement elle était nerveuse. Bellamy allait rencontrer l'intégralité des invités et de leur performance dépendait sa santé mentale. S'ils étaient découverts, jamais plus elle n'aurait la paix.

Octavia lui donna un petit coup de coude pour la ramener à l'instant présent. Elle laissa promener son regard sur les festivités.

Un groupe jouait des chansons rétros sur une scène qui croulait littéralement sous d'immenses bouquets de fleurs blanches.

Des gens s'embrassaient de ça et là, se jurant que s'ils avaient plus de temps, ils se verraient chaque semaine et se promettant à grand renfort de sourires de façade de s'envoyer très rapidement une invitation pour remédier au silence radio.

La vieille tante Bertha grondait un pauvre petit gars d'à peine 8 ans parce qu'il avait le malheur de la bousculer en jouant.

Clarke se concentra sur son cercle d'ami lorsque Bellamy posa une main fraîche sur sa nuque. Ce simple geste la détendit instantanément. C'était étrange de voir à quel point ils étaient devenus à l'aise l'un avec l'autre en si peu de temps.

Les coupes de champagne descendirent gaiement, Clarke joua son rôle à la perfection, présentant Bellamy à tout le monde, qui donnait le change au-delà de toute espérance. L'après-midi avançait et la jeune femme commençait vraiment à penser qu'elle allait sortir indemne de ce traquenard.

A un certain point, son cavalier fut interpellé d'une voix forte :

— Major Blake, quelle bonne surprise !

Clarke sentit très clairement Bellamy se raidir à ses côtés. Et elle ne put s'empêcher de le dévisager, curieuse d'en savoir plus.

Abby, qui se tenait à quelques mètres, s'exclama avec le premier sourire sincère que Clarke lui voyait depuis le début de son séjour :

— Oh mon Dieu, Clarke ne nous avait pas dit que tu étais dans l'armée !

Parce que je ne savais pas !

La jeune femme aurait dû être aux anges que sa mère se retrouve en admiration devant son faux petit ami. C'était inespéré. Mais la tension dans la posture de Bellamy et le sourire figé qu'il abordait lui noua l'estomac.

— Mon Général, salua simplement le jeune homme à son interlocuteur qui le regardait avec le plus grand des respects.

— Savez-vous que ce jeune homme est un héros ? Poursuivit l'homme en uniforme en s'adressant à personne en particulier.

Cette fois-ci la curiosité l'emportait et Clarke se surprit à dévisager son cavalier. Sa mâchoire verrouillée, ses lèvres pincées et les fantômes dans son regard l'empêchèrent de poser la moindre question et la blonde dû se mordre la lèvre pour ne pas demander davantage d'informations.

Elle pouvait lire en lui son malaise.

— Si vous voulez bien nous excuser, j'aperçois une cousine que je voudrais présenter à Bellamy, dit-elle et n'attendant aucune réponse, elle le tira fermement vers un coin du jardin.

Clarke passerait pour une jeune femme sans éducation et sa mère serait sûrement furieuse, mais elle s'en fichait pas mal. Tout ce qu'elle voulait c'était que Bellamy puisse relâcher la pression, qu'importe la raison de son comportement.

Se balançant d'un pied sur l'autre, et face au silence de son cavalier, Clarke ne savait pas trop comment briser la glace. C'était peut-être la première fois qu'elle était nerveuse de s'adresser à lui.

— Alors ... Commença-t-elle au bout d'un instant.

— Je t'arrête tout de suite Clarke, je ne suis pas un héros, cesse de me regarder avec tes grands yeux bleus débordants d'admiration.

Son torse se soulevait à un rythme impressionnant et il semblait peiner à reprendre son souffle. Sa réaction lui faisait un peu peur. C'était la première fois qu'il s'adressait à elle de cette façon. Il avait déjà été dédaigneux ou blessant, mais jamais agressif.

Elle recula d'un pas.

C'était peut-être un peu tordu, mais Clarke le trouva réellement beau à ce moment. Sous sa façade de mec parfait, il se fissurait comme tout le monde. Craquer le rendait plus humain. Plus rassurant.

Elle posa une main sur son avant bras, haussant les épaules avec un petit sourire.

— Ce n'est pas une fausse admiration que tu vois là. Tu me fais flipper et je n'ai aucune compétence pour apaiser les gens. Je suis chirurgien : je répare les gens en les découpant. Tu me prends en traite là.

Un rire nerveux s'échappa des lèvres de Bellamy alors qu'il passait une main nerveuse dans ses cheveux. Il l'attira si brusquement à lui pour l'étreindre que Clarke en oublia de respirer.

Ses bras étaient solides, et si elle n'avait pas entendu la fragilité dans sa voix qui murmurait à son oreille, Clarke aurait juré qu'il avait repris pleinement possession de ses moyens :

— On me considère comme ça parce que j'ai ramené la moitié d'une unité en vie après une embuscade en Afghanistan.

Il laissa la phrase en suspens et Clarke n'osait pas remuer d'un cil de peur de rompre la bulle de confidence qui venait de se créer.

— Personne ne pense jamais au fait que l'autre moitié y est restée.

Le cœur de Clarke sembla rater un battement dans sa poitrine. Elle resserra son étreinte mais ne dit rien. Il n'y avait rien à dire. Et juste comme ça, elle eut pleinement conscience qu'elle était tombée désespérément amoureuse de Bellamy Blake.

— On ne se remet jamais de ce genre de chose hein ?

Il fit glisser son nez dans le cou de la jeune femme et elle frissonna. Il releva la tête et doucement, tranquillement, il frôla ses lèvres des siennes.

J+3. C'était définitif : Clarke ne jouait plus la comédie. Et lui ?

The GuestOù les histoires vivent. Découvrez maintenant