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Je me suis simplement concentrée pour trouver une chose qui arriverait à me faire souffler, qui me soulagerait d'un poids pour au moins un instant, parce qu'il devait bien en exister un. Mais en vérité dès que j'ai commencé à chercher, cela m'a paru évident et ton sourire s'est décoché à mon esprit. J'ai peut-être souri aussi. C'était encore toi, toujours toi, vainement toi. Et tu m'as pris dans tes bras, d'ailleurs je m'y suis laissé tomber en soupirant, parce qu'en te voyant ça paraîssait trop évident. Et j'allais mieux.

Il n'en reste presque que des poussières, maintenant. Ces entraves de plomb sont tombées et je les observe bêtement, je savoure les voir ainsi à l'agonie, s'effacant entre mégots et feuilles détrempées.

Il était un total tourment pour moi.
Son nom m'arrachait la gorge et c'étaient des crises de larmes qui me secouaient ces soirs quand je me résolvais à comprendre qu'il ne s'envolerait jamais. Et ça me tuait, de devoir admettre qu'avec ou sans lui, de mes yeux le blanc deviendrait toujours trouble et le brun, à jamais noir ténèbres.

Je ne prétendrai jamais que cela est évident, mais voyez-vous, le repousser à l'autre bout de ma terre me vole toujours un peu moins de force que la fois précédente.

Et vous êtes encore nombreux à me griffer de tourments. Mais aucune des blessures que vous tentez de m'infliger ne s'inscrit dans ma chair. J'ai enfin trouvé un meilleur chez-moi et tout ce qui tire de l'extérieur ne touche que la palissade. Celle qui me protège maintenant de tout maux, tout mal, tout passé, toute arme, toute prise de tête sans valeur.

Vous, monstres qui vous accrochez, ne m'atteignez plus. Courrez, courrez ainsi s'il vous en prend l'envie mais ne comptez pas sur quelque ligne d'arrivée.

Rien ne me brise plus tant que paroles insufflant vie et mort, de mots mal aimés qui dansent sur cinq temps, me côtoient.

Bouche cousue - deuxième èreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant