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On s'est pris dans les bras et je ne l'ai plus jamais revu. Je l'ai serré contre moi et puis, il a disparu. Il m'a pressé contre lui et j'ai réalisé que j'avais tout foutu en l'air. Je lui ai jeté un dernier regard que j'ai tout de suite regretté.

Je t'ai tout de suite regretté.

J'aurais peut-être pu guérir, si seulement je n'avais pas décidé bêtement d'affronter mes angoisses seule. Maintenant, je suis toute seule, tout vide, toute grelottante de toi, mais sans toi. Et j'ai toujours aussi peur. J'ai même encore plus peur.

Je me sens ridicule de t'avoir tant ignoré, de t'avoir si peu entendu, de t'avoir trop peu regardé. Je t'ai peint de sorte à ce que ma stupide raison te repousse, de sorte à me persuader que tu n'avais rien à faire avec moi. Mais t'en crevais d'envie, et moi aussi.

En plus, je t'ai vraiment malmené. Je te disais oui, je te montrais non. Je te souriais, courrais loin devant. J'explosais d'émotions tout en bâtissant un mur un peu plus haut chaque jour pour me cacher de toi. J'avais peur du mal et décidais donc d'enterrer le bien. Et t'aurais jamais pu comprendre parce que j'étais au sommet de mon instabilité quand ta voix d'ange caressait ma chair. Mais bordel, t'aurais été assez enivrant pour me faire oublier, t'aurais été assez patient pour me laisser pleurer sans expliquer, t'aurais été assez susceptible pour m'avoir rien que pour toi, t'aurais été assez doux pour que je finisse par te confier mon coeur, t'aurais été assez parfait pour qu'on crée un petit monde à nos noms. T'aurais été assez aimant pour tuer tout ce qui me retirait l'envie de vivre. Tu m'aurais donné envie de revivre.

J'ai été un tourbillon d'émotions ravalées et je t'empêchais délibérément de m'approcher de trop près. Jusqu'à ce que je me jette sur ta poitrine avec un torrent de regrets dans la gorge. Juste avant de te perdre pour ce qui s'approche de l'éternité.

Je te regrette tout entier et je regrette avoir cru bon de t'éviter. J'avais décidé de continuer à m'angoisser tout seule mais toi seul aurait pu me guérir. Je regrette tout. Je regrette t'avoir fui contre tout ce que je voulais. Je regrette tellement avoir succombé, avoir tremblé de son souvenir une fois de plus alors tu étais à quelques mètres, à ne m'avoir jamais fait de mal, à appréhender nos au revoirs, en fait, j'aurais voulu n'être tourmentée que par toi. Je regrette ta fatale étreinte. Mon coeur a fondu, s'est collé à toi, et je suis repartie encore plus vide que d'habitude.

Je suis désolée. J'aurais aimé te serrer moins fort. Ou un peu plus longtemps. Ou plutôt, bien avant.

Bouche cousue - deuxième èreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant