4 - canapé

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Tu sais,

J'ai envie de pleurer, tout le temps. Je plante des pourquoi partout et les réponses se bousculent, si bien qu'elles s'auto-détruisent. J'espère fort des je-ne-sais-quoi en marchant le plus longtemps possible. J'abandonne les raisons à mon inconscient et j'en éprouve une folle-fausse satisfaction qui se manifeste par des maux de tête. Je suis tous les jours un peu plus seule, non pas que les gens m'abandonnent, mais m'abandonnent un peu mieux chaque jour les parties encore saines d'esprit en moi restantes. Je crée un vide quand je me retrouve trop en bruit, je crie-chante quand tout est trop sans bruit. J'essaie mais je n'arrive pas. À plus ou moins tout. Je me demande, sans cesse, si les autres ont véritablement un sens à leur répétition de respirations que je n'aime plus appeler "la vie". Je me demande, sans cesse, si j'arriverais même à faire semblant d'en avoir trouvé un. Je ne suis plus trop sûre d'avoir un propre avis sur les choses, de ne pas plutôt être trop influencée depuis toujours de toutes parts pour pouvoir accepter ma première pensée face à celles des autres, que je considère trop avec la conviction que ça devrait être con d'en déduire que je suis influençable. Au fond, je crois que je pense et que j'ai raison de penser, que si ma pensée est vraie quand elle est considérée comme avis, alors elle doit être prise en compte et non pas jugée. Par conséquent toutes les autres le méritent aussi puisqu'elles proviennent chacune autant qu'elles sont d'un esprit qui pense lui même aussi. Malgré qu'on soit tous influencés par tout. D'autre part j'ai l'impression qu'être convaincu est le contraire de ce que la définition dicte. À moins que toute définition n'omette la notion de temporaire. Parce que je suis convaincue que toute personne âgée d'un quelque temps de plus que moi n'a en rien de quoi juger, penser et savoir mieux que moi. Pourtant je suis autant convaincue que quand viendra mon tour de posséder leur âge, je serai sincèrement convaincue que toute personne âgée d'un quelque temps de moins que moi ne peut en aucun cas avoir raison sur un débat que j'aurais en commun avec elle. Je sens que je devrais arrêter le chauffage parce que je transpire mais j'échoue à faire exécuter les recommandations de mes sensations physiques par quelque élément moral ou psychologique. Comme si mes nerfs n'étaient pas bien accrochés de mes membres à mon cerveau. Ou alors, je ne ressens pas la vérité. Mais quelque chose ressent bien les mots qui s'alignent dans ma tête. Alors qui diable peut ressentir à ma place et qui lui en a donné la permission ? J'avale souvent de travers ma salive et toutes les conditions météorologiques me font soit pleurer soit éternuer. Je m'installe dans un cocon et termine dans un brasier.

Tu sais,

J'ignore ce que signifie vraiment "avoir un problème" mais j'adorerai qu'on m'aide à ne pas m'en trouver un.

Bouche cousue - deuxième èreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant