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Idiote, t'aimes tellement fort et eux aiment tellement fort les autres.

Tu te fais vite, très vite oublier, et ton coeur tombe vite, très vite à terre. C'est sans doute la personne que tu aimes le plus au monde, pourtant, inconsciemment, elle se fout de toi, de ce que tu peux être, devenir, de te voir, de t'aimer. Finalement ça devait être un poids, pour elle, ça devait être inutile et banal. Puisque le monde l'aime et l'épaule sans relâche, quand toi, tu l'aimes et l'épaules avec toute ton âme, ça n'a plus de sens, à ses yeux, ses sublimes yeux remplis d'art, à ras-bord.

Est-ce qu'elle pense à toi, parfois ? Quand tu fixes distraitement des étoiles imaginaires au plafond, est-ce qu'elle aussi, elle sourit à tout votre amour partagé ces dernières années ? Selon le vide qui se creuse dans ta poitrine depuis que tu acceptes ces ébranlantes vérités, c'est un non.

Les vents passent, repassent, fouettent toujours ton visage, toujours avec la même violence. Le temps passe, rapace, il se jette sur la carcasse de ton coeur, qui avance, à reculons, espérant retrouver, les émotions qui auraient pu vous faire dérailler, qui pourtant vous ont envolé, et qui portent un nom, les vôtres, mélangés au fouet pour un résultat nuageux.

Je crois qu'elle part, qu'elle court, qu'elle saute, et finalement s'envole, vole vers ce qu'elle veut. Je crois qu'elle ne veut pas de moi, et je crois que, même si elle savait que je glisse, que je trébuche, que je rampe et finalement agonise, méprise ce que je n'ai jamais voulu, rien ne la retiendrait.

Je crois qu'elle m'oublie, apprécie mes traits gommés de son jardin d'Éden, elle croit que je vis, peut-être mieux sans elle, mais c'est faux car j'écris, la voir chérir des ailes, qui la portent sur une brise de bonheur, qui ignorent l'injustice de mon malheur.

Dois-je te dire adieu ou m'aimerais-tu encore un peu ?

Bouche cousue - deuxième èreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant