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T'sais que ça devient grave quand ta peau réagit à ce que deux imbéciles font en fourbes et en suspense neuf heures plus tôt à l'est.

Ça m'aurait paru évident que, dès lors que ton métier concerne des milliers d'adolescents qui doutent tous les jours d'à peu près tout, organiser un roulement de tambour de deux semaines sans filtrer quoi que ce soit de plus que des photos et des citations insinuant sans confirmation qu'un monde passe au très arrière plan, voire s'effondre, était une mauvaise idée.

Mais apparemment tu n'as pas encore l'esprit adulte et responsable dont je  n'ai pas même l'âge.

Il y a des choses importantes. Des choses futiles qui tiennent à coeur. Des choses qui te concernent sans même que tu t'en ais préoccupé. Et des choses par lesquelles tu te sens concernées puisque, de toutes manières, quoi que tu y fasses, c'est plus fort que toi, en fonction de ces choses tu vacilles, pleures, cries, sautes ou cours sans plus avoir d'emprise sur ton corps et ton mental.

T'as beau vouloir distribuer du bonheur, en ignorant l'évidence dictant que tu es devenu un P-I-L-I-E-R pour beaucoup d'entre nous, tu fais couler pas mal de larmes et beaucoup de coeurs au fond de l'Atlantique qui te sépare de ma rage salée de pleurs et de mes douleurs peinées par ton silence sur ces brisures ensanglantées.

On a tous les mains en sang sur ces bouts de verre qui restent de vous à nos pieds, tout en flottant dans une incertitude cruelle. Et vous souriez, teasez, postez, comme si votre prétendue famille ne s'éteignait pas depuis cet affreux sablier.

Sans doute que les deux semaines passées, le soleil se montrera à nouveau, parce que ce que nous attendons tous nous sera enfin délivré. Malheureusement à deux ce ne sera jamais pareil.

Pour ma part j'ai grandi avec vous durant trois années déterminantes de personnalité. Je ne peux pas simplement ignorer ces cris d'alerte indignés qui frappent l'intérieur de mon coeur, encore assoifé de vous voir tous les cinq vivre tout près en baignant dans ce à quoi est dû mon immense amour pour vous.

Si vous n'êtes plus ce que vous étiez. Si vous fanez la raison et l'instant de mon coup de foudre. Si vous effacez l'ensemble de mon premier amour. Si tu restes et que tu ne m'expliques pas pourquoi, finalement, tu n'as jamais été le seul à entrer en or par ce sacré ventricule. Si je ne peux plus écouter votre joie sans peine. Si vous cessez de me rendre fière, heureuse, soulagée, un peu moins seule et dépressive. Si vous n'êtes plus ce dont je suis tombée pour toujours amoureuse, si vous n'êtes plus cinq cela n'a plus aucun sens. Si vous disparaissez et emportez un élément si premier de ma croissance. Si vous n'existez plus alors que vous étiez ceux qui m'avaient créé, ceux qui m'avaient forgé une existence, ceux qui m'avaient construit, ceux qui m'avaient planté quelques buts pour commencer.

Si vous n'êtes plus alors je suis foutue.

Bouche cousue - deuxième èreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant