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Chapitre XII - Trahison.

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Chapitre XII

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[NDA - Suggestion : A écouter avec « My Immortal » d'Evanescence.]

   Le nouveau corps de ma mère me pétrifie. J'ai la bouche sèche, je transpire, je me sens déshydratée. Ou plutôt paniquée, paniquée d'être autant prise par surprise. Pourquoi m'ont-ils fait ça ?

Le ventre arrondi de ma mère me stupéfait, mais ce n'est pas tout. Je n'arrive pas à intégrer cette image d'avoir un petit frère ou une petite sœur. Pourquoi ? Pourquoi ont-ils pris plaisir à vivre sans que je ne sois là ? J'étais disparue, et pensais avoir détruit mes parents, mais je les revois aujourd'hui, une bonne mine, quelques cernes pourtant. Mais leur sourire est véritable, réel, et j'ai du mal à y croire. Ils ont à peine l'air surpris de me revoir.

Au fond, si je n'ai pas réagi immédiatement lorsque nous nous sommes fait prendre dans le champ, c'est parce que, peut-être, une petite partie de moi souhaitait revenir à la maison, celle de mon enfance et de mon ancienne vie. Jamais je n'aurais imaginé que la rencontre entre mes parents et la nouvelle moi ne se serait passée comme cela. De tous les scénarios possibles, que je m'imaginais le soir dans mon nouveau confort, ou dans des moments d'égarement où je manquais de courage, je pensais à eux. La famille que nous étions auparavant : heureuse, mon père, ma mère et moi, seulement. J'avais quitté l'univers que je chérissais, les recherches sur les surnaturels seule ou avec le club de science, le peu d'amis que j'avais, mes études, et surtout, le plus important, ma famille.

Pourquoi étaient-ils si heureux d'avoir un nouvel enfant, alors que la leur avait disparue, qui pouvait être morte ? J'aurais pu me faire violer, battre, séquestrer, et encore d'autres scénarios horribles et terrifiants, et, pendant ce temps, mes parents avaient fondé une nouvelle famille. Ils m'avaient remplacée.

Ma mère frotte son ventre peu arrondi, mais suffisamment pour être remarqué.

Maman : Je suis tellement heureuse que tu puisses rencontrer ta future sœur, ou ton futur frère ! lance-t-elle, les yeux brillants, se tournant vers mon père.

Cette simple phrase me fait l'effet d'un coup de poignard dans le cœur, littéralement. La première phrase de ma mère durant nos retrouvailles, dans mes rêves égarés, aurait ressemblé à « Je suis si heureuse et soulagée... Tu es revenue... Ma chérie ! ». Pas à la confirmation que j'allais malgré moi devenir grande sœur, non.

J'ai voulu m'enfuir, lorsque j'étais sous la tente. J'étais terrorisée de revoir mes parents, je préférais me cacher d'une vérité qui m'aurait brisé le cœur. Je savais que, si je les voyais en larmes, comme je l'avais imaginé, mon envie se serait retournée contre ma volonté de retourner au château, et je serais probablement revenue vers mes parents. Je voulais fuir la réalité, tout mon corps souhaitait serrer mes parents dans mes bras et les rassurer. La vérité était tout autre, ça, oui.

Papa : Comment vas-tu ? Ça fait longtemps ! Où étais-tu passée ? On t'a cherché pendant tellement de temps... !

Mon cœur se brise petit à petit, chaque phrase prononcée par l'un deux pourrait me faire mourir. Je me sens fragile de pouvoir me laisser tuer par cette révélation, mais la réalité me fait trop mal. J'aurais pu réussir à m'enfuir si j'avais utilisé mes pouvoirs contre ce garde ! Mais je ne l'ai pas fait. Parce que, lors de ma disparition, Taehyung avait endormi chaque élève présent dans la salle pour qu'ils ne se souviennent de rien. Plus tard, on m'a appris qu'aucun, aucun humain ne devait reconnaitre nos pouvoirs. Je ne pouvais pas les trahir. Je préférais me livrer directement à l'ennemi que me tourner du Royaume. J'ai appris aujourd'hui que c'est ce que mes parents m'avaient fait. Oh, ne reste pas comme ça... Ne pleure pas, pas maintenant, Anaïs...