Chapitre 4 : L'église Sainte-Marguerite

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*5 septembre 844*

Quelques minutes plus tard, le frère et la sœur marchaient côte à côte dans les rues de Shiganshina. En quelques mots Julia avait tout expliqué à son aîné ; Viktor l'avait écoutée sans sourciller et, une fois les détails donnés, il avait accepté de lui prêter main forte. Bien qu'il soit connu pour être un grand farceur (« Tu es bien le fils de ton père ! », dixit sa mère, à la fois légèrement exaspérée et amusée par cette ressemblance frappante entre Clémens et Viktor, physiquement et mentalement), le jeune garçon pouvait faire preuve d'un grand sérieux quand il le voulait.

Afin de ne pas être surpris par des oreilles indiscrètes, ou même par des personnes qu'ils connaissaient tous les deux, Julia et Viktor filaient vers l'église Sainte-Marguerite, à l'autre bout de la ville. Comme ça, au moins, ils ne seront pas écoutés par qui que ce soit, l'église étant vide à cette heure de la journée.

Ce fut effectivement le cas lorsqu'ils poussèrent la lourde porte en bois de l'église. Pas un chat. Seuls les bancs en bois de chaque côté de l'allée centrale, les colonnes en béton décorées de quelques dorures fines et discrètes, et enfin la petite estrade entourée de six marches d'escalier, tout au bout de l'allée centrale et des bancs, leur faisaient face. La hauteur de plafond était de six mètres cinquante-quatre de haut, si on ne comptait pas les toits en pointe qui, eux, faisaient entre deux et trois mètres ; les vitraux illuminaient l'intérieur de l'église, à certains endroits, à mesure que le soleil avançait dans le ciel.

Le bâtiment religieux était construit entièrement de béton. De tous les Districts, c'était l'un des seuls bâtiments qui avaient utilisé cette matière lors de la construction des Murs, une centaine d'années plus tôt ; tout le reste — ça représentait les trois quarts des bâtiments pas encore cités — avait été fait en pierres, avec des poutres en bois qui soutenaient leur structure.

Julia savait qu'il y avait une porte dérobée entre une plante verte et une petite bibliothèque, juste au fond de l'estrade, dans la ligne de mire du petit « bureau » du prêtre, comme dirait Annelies, en le voyant trôner si fièrement à quelques centimètres des marches qui faisaient face aux bancs. (Ceux-ci se remplissaient lors des messes chaque dimanche matin, ou quand un mariage ou un enterrement se faisaient.) Derrière la porte, avaient été installés une infirmerie, un bureau, une bibliothèque, une salle de bain et trois petites chambrettes où logeaient le Père Felipe et deux religieuses, Sœur Florence et Sœur Émilienne ; il y avait également une petite cuisine et un garde-manger. Sa mère l'avait déjà emmenée quelques fois, quand un patient trop malade pour se rendre à l'hôpital venait à l'église, et elle lui avait expliqué la raison plus d'une fois. Elle savait que c'était pour une maladie incurable, là où aucune guérison médicale pouvait aider les condamnés à se débarrasser de leur maladie. D'où le surnom d'« Ange Guérisseuse de Shiganshina » d'Erna Rosenberg.

Mais la rouquine n'était pas là pour admirer la beauté des lieux. Elle devait avoir une discussion sérieuse avec son frère, pour le cadeau de Noël de leur mère, et comme aujourd'hui était son jour de repos, ça l'arrangeait qu'il soit là.

Tous deux s'assirent sur le banc du premier rang, sur le côté droit de l'allée centrale, où ils s'arrangèrent pour que personne ne les remarque. Comme à ses amis un peu plus tôt dans l'après-midi, Julia donna un peu plus de détails à Viktor sur son projet, et la raison de la séparation des Aigles à travers Shiganshina, pour récolter des idées.

- Plutôt complexe, commenta-t-il, une fois les explications de sa sœur terminées. Ce n'est pas évident de trouver ce qui pourrait plaire à ceux qu'on aime, n'est-ce pas ? Ceci dit, tu as bien fait de m'en parler, ça fait quelques temps que j'y pense, moi aussi. Depuis ma première expédition, mi-juillet, à peu près. C'est étrange, car ça ne m'a jamais inquiété comme ça, les cadeaux de Noël — surtout en milieu d'année !

« [Tome 1 SNK] On ne sait jamais ce qu'il peut nous tomber sur la tête ! » (FIN)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant