*13 avril 845*
Ces cinq jours suivant le décès brusque de celle que tous surnommaient « l'Ange Guérisseur de Shiganshina », s'étaient succédés avec une lenteur impossible à supporter. Julia ne se souvenait même plus de ses faits et gestes au cours de ces dernières cent-vingt heures ; tout n'était que brouillard autour d'elle. Assister aux derniers instants de sa mère avait été traumatisant. Quand Erna avait rendu l'âme après une longue agonie, quelque chose s'était brisée à l'intérieur de Julia, qui s'était soudainement sentie vide, les yeux éteints de toute vie. Elle n'avait pas compris tout de suite, tant l'information mettait du temps à monter au cerveau. Il semblait même que la fillette s'était refusée à accepter la fin tragique de sa mère. Mais cela était devenu une évidence lorsqu'en essayant de lui parler et de la secouer, cette dernière n'avait pas réagi. Là, tout avait basculé en quelques secondes.
Julia avait alors réalisé l'impensable et elle avait éclaté en sanglots incontrôlables. Incapable de se calmer. La douleur était si intense, si soudaine, qu'un cri sortait de sa bouche sans parvenir à le retenir. Une partie d'elle-même avait été brisée à tout jamais, comme morte en même temps que sa mère. La perte d'un proche se révélait souvent être très difficile. La famille regrettait de ne pas avoir tout dit au défunt quand il était encore temps, des fois même des « je t'aime » à l'occasion. Chacun était pris par la vie qu'il menait, les nouvelles données au cas par cas. Personne n'était capable de prévoir l'avenir.
Ni la mort du proche en question.
Pourtant, la famille et les amis ne pouvaient s'empêcher de culpabiliser pour ne pas avoir passé plus de temps avec le défunt, même s'ils n'étaient en aucun cas responsables de sa mort.
Ce jour-là, Julia avait ressenti (et le ressentait encore actuellement) cette culpabilité. Si elle n'avait pas obéi à sa mère en emmenant avec elle ses jeunes sœurs, si elle avait compris plus tôt les mots d'Erna... rien de tout cela ne serait arrivé. Sa mère n'aurait pas mis fin à ses jours, à cause de Vassago. Julia se sentait responsable des événements. Elle n'arrivait pas à se sortir cette idée de la tête, c'était plus fort qu'elle, et cela l'anéantissait davantage.
Et puis elle s'était soudainement sentie soulever dans les airs, transportée ailleurs.
Ayant compris qu'une chose de grave était arrivée (et que cela concernait Erna), le docteur Jäger avait suivi tant bien que mal Julia après son départ. Mais la fillette avait filé à travers la foule avec une telle aisance qu'il lui avait semblé difficile de la pister. Le père d'Eren avait recommandé à sa femme de garder Théa et Annelies auprès d'elle et des enfants jusqu'à son retour ; il ne voulait en aucun cas qu'ils l'accompagnent jusqu'à chez les Rosenberg. Lui aussi avait un très mauvais pressentiment, surtout après ce que lui avait confié Carla au sujet des doutes de Julia. Le chemin du médecin avait fini par croiser celui de Hannes, qui patrouillait justement dans le coin lorsque la trace de Julia avait été perdue dans la foule, et lui avait tout raconté. C'est donc ensemble que les deux hommes s'étaient rendus chez les Rosenberg. Le choc avait été terrible quand ils étaient tombés sur le corps sans vie de leur amie, puis sur Julia qui hurlait sa douleur et pleurait à la fois, s'agrippant à sa mère comme si sa propre vie était en jeu.
Face à cette scène macabre, le docteur Jäger avait demandé à un Hannes livide d'emmener Julia à l'extérieur de la maison. C'est donc ce dernier qui avait soulevé sa filleule et l'entraînait avec lui. Mais Julia s'était débattue comme une diablesse. Elle refusait catégoriquement d'être séparée de sa mère ; son souhait était de rester auprès d'elle pendant que le docteur Jäger ferait les premières constatations. Mais Hannes avait été plus fort qu'elle, et Julia avait donc été entraînée hors de la maison en hurlant : « Maman ! Maman ! Non ! »
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« [Tome 1 SNK] On ne sait jamais ce qu'il peut nous tomber sur la tête ! » (FIN)
Fanfiction« Depuis 100 ans, les humains vivent cloîtrés derrière les Murs. Tous pensent qu'ils sont hors de danger, loin des Titans... et ce genre de pensées a le don d'énerver deux amis d'enfance, très proches depuis leur naissance. Au fond d'eux, ils se dou...