« [Tome 1 SNK] On ne sait jamais ce qu'il peut nous tomber sur la tête ! » (FIN)

Chapitre 6 : On ne change pas une équipe qui gagne

*3 novembre 844*

La seconde moitié du mois d'octobre fut rapidement remplacée par les premiers jours de novembre. Plusieurs choses s'étaient succédées depuis ce 18 octobre : Théa, grâce aux soins de ses sœurs et de sa mère, avait rapidement guéri et, en peu de temps, s'était remise à galoper partout ; au bout d'une semaine Eren se remettait lui aussi sur pied, et, fidèle à lui-même, n'avait toujours pas désigné les hommes qui l'avaient roué de coups ; ces derniers étaient toujours recherchés par la Garnison, dont faisaient partis trois amis de Viktor Rosenberg ; Cara venait toujours autant voir ses amis à Shiganshina ; Julia et Armin lisaient beaucoup de livres sur l'Histoire de l'humanité ; et Mikasa veillait sur Eren qui se rétablissait peu à peu de la bagarre. Et après un temps de réflexion, Julia avait fini par acheter quelques pelotes de laine gris foncé et des aiguilles dans la boutique qu'elle avait remarquée quelque temps auparavant, et avait commencé dès aussitôt sa tâche. La rouquine avait appris le tricot deux ans auparavant, et comme elle voulait offrir un châle à sa mère pour Noël, l'idée de le faire elle-même fût une idée de génie.

Alors, elle avait dessiné, à main levée, le patron du châle (triangulaire), la longueur de chaque côté (15 centimètres pour les deux côtés rejoignant le plus grand, et 20 centimètres pour celui-ci), l'ajout de petits pompons aux trois extrémités, et hop ! le tour était joué. Rien de plus simple, aurait dit Viktor, s'il avait vu le patron du châle de sa sœur.

Julia avait aussi réussi à faire promettre à ses sœurs de ne rien révéler à leur mère. Elles le lui offriront le moment venu, à sa finition définitive. Théa et Annelies avaient juré. En échange, les deux dernières feront un « petit supplément », ajouté avec le cadeau de leur aînée.

*

Troisième jour de novembre. La mère de Julia s'était déplacée jusqu'à Karanes pour donner des soins à domicile chez un patient, accompagnée d'une collègue. La rouquine avait donc, une fois de plus, la charge de ses cadettes, qu'elle emmena avec elle pour chercher du bois en-dehors de Shiganshina. Le prè se situait à quelques mètres à peine des maisons extérieures du District, dans le Mur Maria. C'était ici où elles allaient chercher des branches d'arbre de taille moyenne, en général, pour allumer un feu dans la cheminée le soir venu. Les jours raccourcissaient de plus en plus et l'arrivée prochaine de l'hiver se faisait bien sentir à travers la brise hachée de l'air. Les gros manteaux et les écharpes étaient alors de sortie pour tout le monde : il valait mieux éviter de tomber malade.

Panier à la main, les trois sœurs Rosenberg se hâtaient de chercher dans l'herbe, non loin de leur arbre favori, des branches qui seraient tombées. Pas évident, quand le froid vous gelait les membres et vous obligeait à vous réchauffer.

Une petite voix interpella Julia, qui s'était abaissée pour prendre une branche à ses pieds :

- Julia, Julia ! l'appela Annelies, arrivée à sa hauteur. J'en ai trouvé une autre, au pied de l'arbre. Regarde ! (Et elle lui tendit sa trouvaille.)

Julia rit à la vue de la branche :

- Elle est beaucoup trop fine et trop petite, elle ne ferait pas de mal à une mouche si tu l'utilisais pour la chasser ! Essaye de trouver des branches un petit peu plus épaisses que celle-là.

- Comme les branches que tu as récoltées ?

- Exactement. Avec ça, on pourra faire du feu. Allez, on y retourne !

Annelies fila reprendre ses recherches.

Julia sourit en regardant, les cheveux volant dans les airs par un vent léger mais froid, ses sœurs s'acquitter à la tâche avec sérieux et application. Pas de petites disputes, ni de méchanceté, rien de tout ça. Cela évitait à la fillette d'intervenir et de les menacer de rentrer à la maison si elles n'étaient pas sages ou ne se présentaient pas des excuses...