« [Tome 1 SNK] On ne sait jamais ce qu'il peut nous tomber sur la tête ! » (FIN)

Chapitre 10 : La lettre de Viktor

Au Q.G. du bataillon d'exploration, entre le Mur Maria et le Mur Rose,
Le 22 novembre 844

Chère petite sœur,

Tammy est venue au Q.G. du bataillon pour me donner ta lettre. Elle m'a dit que tu la lui avais donnée alors qu'elle était de passage à Shiganshina, pour une mission que lui avait confiée le vieux Pixis. Et elle en a profité pour me remonter les bretelles : si je ne répondais pas avant sa prochaine visite, ça barderait pour mon matricule ! 😆

C'est donc avec du retard que je prends le temps de t'écrire. On a eu beaucoup plus d'entraînements que prévu au Q.G., et les allers-retours entre celui-ci et l'autre Q.G. situé à Trost n'ont rien arrangé. Le Major Shadis et les chefs d'escouade pensent qu'il valait mieux mettre à l'abri les documents les plus précieux, en cas d'éventuelles attaques des Titans.

Honnêtement, je doute qu'un de ces monstres puisse détruire le Mur Maria, mais je me fie à l'instinct de mes supérieurs. On ne sait jamais comment sera fait demain...

Mais parlons plutôt de ce que tu m'as demandé, par rapport à l'implication de Vassago dans l'agression de papa et son collègue, il y a quatre ans. J'avais promis à maman et à mes supérieurs de ne rien vous dire, à toi et aux filles, de peur que ce meurtrier de Vassago ne s'en prenne à vous trois. Mais, à toi, je peux t'en parler — tu as toujours été mature pour ton âge, et j'admire cette qualité chez toi.

En fait, l'un des assassins qu'il embauchait régulièrement, Angus Kenzo-Lunofeld, avait un soir entendu son patron gueuler contre deux pauvres bougres, alors qu'il passait devant son bureau. Il a alors écouté la conversation : Vassago pestait parce que papa s'approchait dangereusement de la vérité, et que les deux hommes qu'il enguirlandait avaient été à deux doigts de se faire coincer par des soldats de la Garnison, du bataillon et des Brigades Spéciales, et tout ça à cause d'une négligence ! Je te passe les détails, Kenzo-Lunofeld avait tout noté dans son journal personnel. Vassago lui avait dit à de nombreuses reprises qu'il détestait papa pour son sens de la justice, et le voyait comme un « rival », un obstacle dans ses plans machiavéliques : avouer ses sentiments à maman et la forcer à lui raconter le secret des Métamorphomages... et celui de la transmission de forme du Métamorphomage Originel, que maman possède actuellement.
Je ne pense pas que ses sentiments soient sincères, mais je dois bien t'avouer qu'à un bon nombre de fois l'envie de régler le cas de Vassago n'a pas manqué. Toutes les fois où j'avais envie de lui casser la figure ! Ça me démange, mais je ne me rabaisserai pas au niveau de Vassago, car c'est ce qu'il cherche. Semer la zizanie sur son chemin, il est fort.

Bref, toujours est-il que Kenzo-Lunofeld s'est mis en tête d'abattre notre père, sans recevoir l'ordre de le faire, parce que Vassago avait au départ l'idée de le faire chanter pour récupérer les infos sur les Métamorphomages. Cet homme l'a fait pour montrer à son patron qu'il était capable de prendre des initiatives sans attendre les ordres, que dans le même genre impitoyable que lui, il pouvait le faire. Un cas typique pour l'impressionner, en bref, d'après le capitaine Laguerra qui est arrivée dans le bataillon en début d'année.

Sauf que sa petite « initiative » a eu l'effet inverse : non seulement Kenzo-Lunofeld s'était bien fait pourrir par Vassago, quand il a appris l'assassinat de papa, mais en plus, Vassago a payé des hommes pour tuer celui qui a trahi sa confiance. Ça s'est passé cinq ou six jours avant que je vienne vous rendre visite début septembre, car Kenzo-Lunofeld, ayant compris que sa vie était en danger, avait réussi à se cacher pendant des années.