Chapitre 16 : La Reconnaissance désirée

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Elle avait accepté le pacte. Nous avions quitté l'aile de la maison où se discutait toute la politique ennuyeuse, et j'avais chargé Maya de garder un œil sur le fiancé. Mon instinct me criait qu'il y avait quelque chose de pas clair au sujet de sa présence dans cet endroit. Katarina m'avait traîné par la main à travers tout cet immense château, à travers des salles et des couloirs se ressemblant tous. Il traînait partout une odeur douce et mélancolique, qui me rendait nostalgique pour une raison que j'ignorais. C'était cette même odeur que portait la jeune louve, et qui m'avais poussée à ne pas la déchiqueter quand elle était entrée sur mon territoire, il y a déjà quelques semaines de cela. Puis, nous arrivâmes dans une pièce si emplie de son odeur que je devinais sa chambre. Là, je la jetais sur son lit et la déshabillais sauvagement. Puis, toute la nuit durant, nous avions dansé ensemble, nos corps s'entrelaçant et nous projetant en ombre chinoise sur les murs de la pièce, cocon dans lequel le plaisir charnel s'était fait corps cette nuit. 

Mes yeux s'habituaient lentement à la lumière qui pénétrait dans la pièce par la fenêtre dont les rideaux n'avaient pas été fermés. Il faisait clair : le printemps arrivait déjà. Je me sentais bien, si bien. Je sentis une odeur familière derrière moi, et entendis le souffle régulier d'une autre personne. Dans mon lit. Je me retournais, et la vision que j'eu à ce moment là resta gravé à jamais dans ma mémoire, telle la plus belle des aquarelles. L'Amazone était dans mon lit, à mes côté. Parfaitement nue. Elle dormait sur le côté, son visage dans ma direction, et ses longs cheveux blancs cascadant jusqu'au bord du lit dans son dos. Elle était un peu recroquevillée, tenant la couverture entre ses jambes et contre son torse. Son visage était paisible, et son odeur si enivrante emplissait la pièce. 

Je n'avais pas rêvé. J'avais passé un pacte. Je venais de passer une nuit torride avec la plus belle femme que j'avais jamais vue. 

Pour vous, ça semble peut être normal. Faire l'amour, après tout, est naturel, même avec une personne du même sexe. Mais je ne m'étais jamais considérée comme homosexuelle ; je n'avais jamais vraiment ressenti une telle attirance pour une femme, ni pour un homme d'ailleurs. J'avais eu des petits copains : rien que ce pauvre Shawn, toujours perdu en pleine montagne en était un. J'avais déjà fait l'amour avec des garçons, uniquement des loups. Et je n'avais jamais considéré que je pourrais un jour le faire avec une femme. Je n'y avait, pour ainsi dire, jamais vraiment songé. J'avais mis mon étrange sensation à la vue de Kyne sur le dos de son magnétisme infernal, de son charisme d'Amazone. Je devais me rendre à l'évidence : c'était plus que juste ça. Mais qu'est ce que c'était exactement? Cette nuit n'était pas comme les nuits que j'avais passées avec mes copains : elle n'était pas l'aboutissement d'une relation, la preuve d'un amour supposé réciproque. Cette nuit marquait le début de notre relation. Et même pas une relation amoureuse! Mais j'étais heureuse tout de même, c'est tout ce que j'avais désiré de puis le début: 

Elle m'avait enfin reconnue. Je n'étais plus la louve. J'étais Katarina. J'avais gagné son estime, et, apparemment, le rite de passage était la nuit avec elle. Je me demandais si beaucoup de monde avait gagné sa confiance auparavant, et rougit à cette pensée. Un grognement léger me fit sursauter et sortir de ma réflexion. Je tournais les yeux, et vit, au fond de ma chambre, allongée sur mon canapé, les yeux jaunes et la robe grise de Maya, la grande chatte, qui me fixait dans les yeux. J'avais passé beaucoup de temps à m'intéresser à Kyne, l'Amazone, mais j'avais peu prêté attention à sa compagne de toujours. Je relevais donc les draps qui me couvraient et sortit du lit, me dirigeant vers elle. Je remarquais alors seulement, un peu surprise, que j'étais également nue. Un léger courant d'air vint caresser ma peau, et je frissonnais un peu. Après les événements de la veille, une petite course dans les bois me ferait le plus grand bien. En y allant prudemment, bien sûr. On ignorait encore si la meute de parias allait revenir. 

J'ouvrais la fenêtre, et me changeais en louve. Puis, je sautai, et atterris avec plus ou moins de grâce, avant de m'élancer vers les bois, au sud du domaine. Je pénétrais sous le couvert des arbres, et courrais à perdre haleine. Les odeurs de cet endroit m'étaient familières, et me rappelaient de doux souvenirs d'enfance. Je m'arrêtais, fit demi tour et me couchai dans une clairière dans laquelle j'avais l'habitude de somnoler. Un léger ronflement dans mon dos attira mon attention quelques minutes plus tard. Je jetais un coup d'œil rapide, peu alertée : je n'avais pas senti de danger. Je vis, à la limite de la clairière, perché sur une grosse branche, Maya en train de somnoler, me jetant de temps à autre de rapides coup d'œil de son œil gauche. Eh bien! J'avais également gagné une garde du corps. Je dormis encore quelques heures, rattrapant le sommeil perdu durant la nuit précédente. 

"Tu t'es amusée, cette nuit? 

J'ouvrais un œil, et fut éblouie. Le soleil était déjà haut dans le ciel, et je mourrais de faim. Je me sentais bien, l'air étais doux et agréable, comme si le printemps était déjà là. L'herbe me chatouillait le ventre. Je grognais une réponse à mon interlocuteur, que j'avais reconnu avant qu'il ne parle. Nathan savait que j'aimais dormir ici : il avait dû supposer que la louve en train d'y somnoler ne pouvait être que moi. Maya avait disparu de son perchoir, mais je sentais encore son odeur fraîche. Elle n'était pas très loin. 

"Si tu aimes plus cette fille que moi, tu devrais te marier avec elle. Dit-il. Il boudait. Que c'était mignon. Je ris sous ma forme lupine, ce qui ressemblait à une sorte de gargarisme qui le fit sursauter. 

Je ne pouvais lui répondre sous cette forme, et n'avais pas vraiment envie de le faire de toute façon. Il pouvait bien être jaloux : je l'appréciais, mais l'idée d'un mariage avec lui ne m'avait jamais emballée. De plus je n'avais aucun habit, et n'avait pas particulièrement envie de m'exposer nue une nouvelle fois. Alors je reposai ma tête et refermais les yeux. Il sembla comprendre qu'il n'aurait aucune réponse de ma part, soupira, et vint s'asseoir prudemment proche de moi. Je me tournais sur le côté, lui exposant mon ventre. Il vint s'appuyer contre moi à cet endroit, et s'endormit à son tour. 

La journée était claire. Le temps parfait. J'étais heureuse. Je ne savais pas que ça n'allait pas durer. 

L'amazone [Tome 1] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant