L'amazone [Tome 1]

Chapitre 25 : Le Désespoir

Mes sens s'affolèrent. Mon coeur s'accéléra. Je grognai. Katarina était en danger. Je devais aller plus vite!

Helsing s'approchait de moi. Ses mouvements étaient robotique, saccadés, effrayants. Il n'était plus qu'un pantin sans vie, mais un pantin gigantesque et  dangereux, capable de m'égorger sur simple ordre de son divin maître. Je sentais la peut monter en moi comme une bile noire, et se répandre dans mes veines. Je voulu m'enfuir, mais j'étais toujours parfaitement immobilisée. Je jetais un regard vers le Dieu, qui se tenait genoux fléchis sur son ancienne prison, en une posture de domination.
Tu ne sais pas à quel point te voir dans une telle position est jouissif... j'ai maudit ta mère pendant des millénaires, enfermé dans cette boîte. Je lui ferais payer en t'ôtant la vie, tout en supprimant les dernières traces des amazones sur cette planètes.
Il ricana. Helsing était maintenant tout proche. Il se jeta sur moi, et me mordit le bras. Je hurlais. La douleur parcourut mon bras après une seconde, comme pour arriver encore plus forte. La sensation aigüe me vrilla les tympans, alors que je sentais mon os se briser sous l'assaut de l'alpha. Au comble du désespoir, je secouait mon bras pour tenter de défaire sa prise. Je remarquais alors que ce bras était libre de ses mouvements. Je remarquai également que la douleur s'atténuait, et que le pic d'energie que j'avais déjà ressenti plus tôt était à nouveau présent. Je levai les yeux, et compris les raisons de mon immobilité : la salle entière était parcourus de long fils, semblables à du Nylon, mais avec la largeur d'un fil d'araignée. Je voyais maintenant leur légère ondulation, et la faible lumière des torches s'y refléter.
Je n'avais pas été capable de les voir auparavant. Je devinais que mes yeux avaient repris leur étrange forme, peut être conséquence de ce fameux sang divin qui parcourait mes veines. Cependant, mon adversaire n'était pas n'importe qui. Je tentais d'arracher mon autre bras à l'emprise des fils, mais ceux-ci étaient trop résistants. Je me contentais alors d'envoyer valser la marionnette d'Helsing d'une violente torsion de mon bras doublement blessé. La blessure de la dague, ainsi que celle que je venais de recevoir, ne se fermaient pas : mon sang divin ne me soignait visiblement pas tant que cela.
Je tentais de me lever, arrachant les fils avec ma main désormais libérée, sous les yeux figés de toute l'assistance immobilisée. Je me libérais du dernier fil, et me relevai péniblement, titubant. J'avais perdu beaucoup de sang, et ma tête tournait, me donnant une violente nausée que je retins comme je pus. Arachne n'avait pas bougé, le sourire figé, les lunettes froncées comme des yeux. J'avais réussi à me défaire de ses fils, mais la tâche de le combattre me parut instantanément insurmontable.
Ses courts cheveux semblaient onduler sous l'influx de sa toute puissance. Il n'avait même pas essayé de m'empêcher de me libérer. Je n'étais pas une menace pour lui, et il le savait. Sa longue robe noire flottait tout autour de lui, et son symbole central rouge était menaçant. C'était un cercle noir, dont surgissait de nombreux traits semblables à des fils, et surmonté d'un trait semblable à un trône.
Son sourire s'étira, et je sus qu'il arrivait. L'attaque fut brutale. Un de ses doigts s'abattît brusquement sans que les autres ne bougent d'un cheveux, et une onde de choc me frappa à la tête. Je parais autant que possible avec mes bras, que j'avais relevés à une vitesse m'étonnant moi même en une parade improvisée. Je remarquait que ce qui m'attaquait était en réalité un grand fuseaux de centaines de fils blancs et coupants, qui me lacéraient les avant bras. Je me dégageai en sautant sur le côté, et le faisceau s'abattît sur le sol à l'endroit où je me tenais une seconde plus tôt, le coupant net. Je compris très vite que mon corps avait acquerri une certaine résistance, car cette attaque venait de trancher net de la roche. Pourtant, le Dieux n'avait bougé qu'un doigt. Je reconnu très vite cette façon de faire. Elle était semblable à celle de Kyne : il s'amusait avec moi, en attendant son réel adversaire. Aussitôt que ma montée d'énergie retomberait, il se lasserait et m'exécuterait sans broncher. Je frissonnais.
Soudain, mes forces commencèrent à me quitter.
"Non... chuchotais-je.
Pas encore. Pas comme plus tôt. Utiliser le pouvoir de mon sang semblait être incroyablement couteux en énergie.
Tu ne maitrise pas ton pouvoir... Tu penses vraiment pouvoir me battre?
Le faisceau de fil ressortit du sol sous l'impulsion de son doigt, et se sépara en milliers de fils, créant un immense filet tranchant, qui redescendit du plafond en ma direction. J'utilisait me dernière forces pour sauter, évitant de justesse l'attaque, qui traça un damier de coupures au sol. Cependant, en pleine course, je sentit une pressions sur mon bras, qui avait recommencé à me faire mal. Puis à la jambe. Puis au cou. Je fut stoppée en plein élan, mon souffle coupé quelques secondes. J'étais à nouveaux immobilisées. Je ne voyais plus les fils. Ma poussée d'énergie était terminée, je sentais mon esprit vaciller, et j'étais à la merci du Dieu. Je tremblais. Je ne pouvais plus m'échapper. Je me débattais de toutes mes forces, alors qu'il pointa son doigt en ma direction, un immense sourire lui dévorant le visage. Je me souvins que c'était ainsi qu'il avait tué Helsing, et me débattis de plus belle. Mais j'étais tentée d'abandonner, de cesser de combattre. Mon père était mort. Ma meute décimée. Ma maison brûlée. Le Dieux était réveillé. Plus personne ne pourrait l'arrêter. Il visa. Tira.
"Non!
Quelqu'un s'interposa, mais le trait le traversa de part en part pour aller se planter derrière moi, mes déchirant la joue au passage. Le tir avait au moins été dédié.
"Shawn!
Je hurlais. Je le haïssais, mais son intervention m'avait redonnée espoir. Il me jeta un regard contrit.
"Je ne voulais pas... le tuer... je n'avais pas le choix! Il voulait me séparer de toi... alors que je t'aime! Kata!
Je me figeais.
"Qu'est ce que tu racontes... tu l'as buté! Sans aucun remord!
-C'est faux! Je n'avais pas le choix! Tu... tu aurais été libre, et... on aurait pu se revoir! Je suis désolé.
Des larmes coulaient le long de ses joues, alors que le sang rougissait le fil qui le traversait.
"Je t'aime, Kata... c'est la vérité. Pourras tu jamais me pardonn...
Sa phrase fut interrompue par un deuxième tir. Qui traversa sa poitrine à côté du premier. Du sang surgit de sa bouche, et le fil mortel se dirigea vers moi, toujours immobile.
"Je ne peux pas te pardonner! Au secours! KYYYYYNE!
Puis, ce fut le noir. Un légère brise me caressa la peau. Une brise? Nous étions dans un sous sol pourtant. Étais-je morte? J'allais retrouver mon père plus vite que je ne le pensais, au final. Et je ne l'avais même pas vengé.
Une main me secoua.
"Jeune fille! Katarina, il me semble. Allez vous bien?
J'ouvris les yeux. Pour apercevoir les longs cheveux blonds de Cassandre, détachés pour la première fois. Je toussa de surprise en voyant qu'il lui manquait un oeil, où se trouvait un creux béant à la place. Elle était essoufflée.
"Que se passe-t-il? Ou suis-je? Dis-je précipitamment.
"Ne vous inquiétez pas. Fit-elle en souriant, et en se laissant retomber sur l'herbe de la prairie dans laquelle nous nous trouvions.
"Seigneure Kyne prend le relais.