L'amazone [Tome 1]

Epilogue

Le lune brillait faiblement dans le ciel nocturne. Nous avancions à marche forcée depuis plusieurs jours, déjà, et la fatigue se ressentait dans notre humeur. Nous étions toutes à bout. Mais nous savions également que notre but n'était plus très éloigné.

"Tu es sûre qu'on arrive bientôt? Demanda Cassandre.

-Oui. Fit simplement Kyne, toujours aussi mutique. Elle était ainsi depuis sa défaite. Son honneur en avait pris un coup.

-Arrête de poser des question stupides. Fit une voie d'outre tombe, provenant de l'ombre de l'humaine.

Après ce que la communauté surnaturelle appelait déjà le Réveil, à savoir le retour du Dieu Arachne, nous avions fuit la ville avec une Kyne blessée, une Maya folle de douleur, une Cassandre un peu perdue et moi, dont le bras souffrait le martyre. Nous avions couru longtemps, espérant pouvoir mettre un écart entre l'Empereur des complots et nous, ce qui semblait avoir relativement fonctionné jusque là. Nous ne pouvions pas lui faire face. Et nous devions donc nous cacher, nous préparer dans un endroit où il ne pourrait nous retrouver. Nos pas nous menaient donc vers un endroit bien connu, retour aux sources après ces longs jours de la fin de l'hiver, les plus éprouvants que j'ai jamais vécus. J'était tout de même passé par la maison avant de partir. Je l'avais trouvée réduite en cendre, la police et les pompiers rodant dans les environs, et tous les corps déjà subtilisés par les surnaturels, pour éviter qu'ils ne se retrouvent en la possession des humains. J'étais triste, dévastée. Je n'avais pu me recueillir devant la tombe de mon père, ignorant où son corps avait été emmené. J'avais perdu ma maison, mon foyer, ainsi que toute ma famille, toute ma meute, ceux que j'avais connus depuis toute petite et qui m'avaient toujours accompagnés dans les pires moments. L'absence de mon père était pesante, le souvenir de notre dernière conversation au téléphone, de la promesse qu'il n'avait pu tenir me hantait. Je soupirais, et repris ma marche.

***

La neige avait fondu, rendant l'accès à la vallée beaucoup plus accessible. Des torrents sonores brisaient leur flots hargneux contre les rochers ça et là, résonnant à travers toute la forêt de pins, que j'avais si souvent parcourue quelques semaines auparavant. Les choses avaient bien changées depuis. J'avais bien changée depuis. Mais le fait était là : nous étions de retour à Delvieux.

Le petit village me parut toujours aussi peu accueillant. Kyne, malgré les protestation de sa docteure personnelle, à savoir Cassandre, refusa de traverser le hameau, monta sur le dos de Maya, et s'enfonça dans la forêt pour en faire le tour. J'avais toujours été persuadée qu'un pacte avait été scellé entre elle et les villageois, et, sans en connaître les termes, j'étais sûre que l'un d'eux était l'interdiction pour elle de pénétrer dans l'enceinte du village. Toujours étai-il que Cassandre et moi traversions le hameau sous les regards pesants des habitants, me rappelant avec nostalgie ma première venue ici. Ils allaient devoir s'habituer à nous : nous avions prévu de rester un moment. Je me dirigeais, la blonde sur les talons, vers la maison que j'avais "choisie" quelques semaines plus tôt comme étant la mienne, et dans laquelle je n'étais allée au final que quelques fois. Arrivée à la porte, je la poussais, et sentit les gonds grincer tandis qu'elle pivotait. L'odeur n'avait pas changée. Le désordre non plus. Je fis signe à Cassandre de rentrer. Elle me sourit, et mon cœur se serra un peu. Elle était belle, désormais libérée de cet air sérieux et fermée qu'elle avait l'habitude de porter jusqu'à notre rencontre. Son œil manquant était caché sous une mèche blonde, me rappelant du sacrifice qu'elle avait fait et qui, au moment venu, m'avait permis d'être sauvée. J'allais le remercier une nouvelle fois pour cet acte quand je sentis une odeur odeur toute proche. Une odeur que je connaissais, et que j'avais l'intention de retrouver après notre installation, mais qui avait visiblement décidé de me devancer.