Chapitre 15 : Le Nouveau Pacte

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Si je m'attendais à entendre ça... Ainsi mon espèce n'avait pas arrêté d'apparaître, elle était juste traquée sans merci, dans le plus grand secret. Cela ne me faisait ni chaud ni froid. J'avais bien survécu à ma traque, bien que blessée ; si les autres amazones ne l'avaient pu, c'est qu'elles étaient de toute façon trop faible, et elles m'auraient ennuyées. Au moins, je n'ai jamais eu à défendre mon territoire contre une consœur. Quant à leur histoire de gardienne, je n'ai jamais reçu aucune instruction à ce sujet. Je me contenterais donc de passer mon tour de garde, et de retourner dans mon propre territoire au plus vite. J'avais le mal du pays, dans cette ville ; j'étais casanière, et je n'avais jamais beaucoup aimé voyager. En attendant, l'humain aux oreilles pointues les avait refroidis. Avant ils était choqués ; maintenant, ils étaient plus que ça. Leurs yeux allaient sortir de leurs orbites si cela continuait. 

"Et vous étiez au courant. Grommela un nain. Ca vous aurait pas dit de nous mettre au courant. Je ne sais pas, pour qu'on les sauve par exemple? Continua-t-il avec un air sarcastique.

-Le Nain a raison ! dit la Sirène, dont les grand yeux s'étaient agrandis de stupeur. 

-Il ne fait pas bon prendre trop à cœur les visions du futur. Répondit posément l'Elfe. L'avenir est sans cesse en mouvement, et ce qui est vrai un jour ne le sera pas le lendemain.

-On parle quant même d'un génocide complet sur des dizaines d'années ! S'insurgea un autre Nain.

Un brouhaha indescriptible commença à envahir à nouveau la pièce. Je me désintéressais de la suite : je savais ce qui était important. Il allaient sans doute prendre des mesures pour anéantir cette meute de parias, mais cela n'avait que peu d'utilité si même certains d'entre nous étaient susceptibles d'êtres des traîtres à leur insu. Je me faufilais discrètement dans la salle adjacente, sorte de "salle du trône" de notre clan, en fait simple grande pièce avec un siège au milieu, où mon père réglait les conflits internes à la meute en temps normal. Là, avachi sur le fauteuil de mon père, la tête dans les mains, se trouvait Nathan. On l'avait laissé là, mais un loup gardait tout de même la sortie pour éviter qu'il ne s'échappe. La révélation avait été brusque et soudaine ; mais c'était peut être pour le mieux. De simples explications ne l'auraient sans doute pas convaincu de l'existence de loups-garous. 

Je m'approchais, et il me jeta un regard méfiant. Puis, me reconnaissant, il se détendit un peu, mais pas complètement. Bien sûr. Il lui faudrait un peu de temps pour assimiler le fait que j'étais une lycanthrope. 

"Tu tiens le coup? Lui demandais-je, sur un ton légèrement amusé.

-Oui, oui, je viens de découvrir que je fréquente depuis des mois des loups garous, des vampires, que ma propre fiancée en est une, et qu'il existe des dizaines d'autres espèces abominables en liberté dans la nature, prêtes à m'égorger à chaque tournant.

-Charmante description. Tu le prends plutôt bien, pour un humain. Lui répondis-je.

-Et tu es bien condescendante, pour une louve. 

La voix qui venait de parler venait de derrière moi. Je n'avais pas besoin de me retourner pour savoir qu'il s'agissait de l'Amazone, sa voix chantante et son odeur sauvage suffisaient. Je souris presque malgré moi.

"Tu as fini de t'amuser à observer nos dirigeants en action? Demandais-je sans me retourner.

-C'est d'un ennui... vivre en solitaire est bien plus amusant, il n'y a pas toutes ces réunions ridicules. J'ai hâte de me mettre en chasse... Elle posa son dévolu sur Nathan, qui la regardait, un peu méfiant. Elle avait été un peu dure lors de leur première rencontre, et avait mis presque au tapis un énorme loup sous ses yeux en un coup de patte quelques heures plus tôt. Il ne comprenait sans doute pas encore vraiment ce qu'elle était. Il n'allait pas tarder à le savoir, sans doute.

"Tu as passé quel genre de pacte avec les loups pour gagner ta fiancée... Fit-elle, venimeuse. Ah. Si moi, j'avais gagné un peu de respect, c'était loin d'être le cas de mon fiancé. 

-Je n'ai fait aucun pacte! Je veux dire... je l'aime! C'est suffisant, non?

Je rougis légèrement, et cachais ma confusion en observant le plafond. L'Amazone rit de son rire clair, alors que Maya vint s'enrouler autour de nous, sa queue battant derrière le siège de mon père, derrière un Nathan aussi impressionné qu'effrayé par la taille du félin. 

"Ah les mâles... soit vous ignorez complètement l'amour, soit vous êtes persuadé qu'il est infini. Regarde, et apprend. 

Elle se tourna vers moi. Et s'approcha. Très prêt. Ses mains glissèrent de mes hanches au creux de mon dos. Un frisson me parcouru, alors que son odeur si entêtante s'invitait plus puissamment que jamais. Ses doigts agiles se faufilaient sous le T-Shirt léger que j'avais enfilé - ma robe n'avait pas résisté à ma transformation ; j'étais dégoûtée par cela - caressant ma peau qui s'électrisait à ce contact. 

Sa main était chaude, sa respiration près de mon oreille brûlante, et je sentais une chaleur semblable monter en moi. Plus rien n'existait en dehors de nous. Nous étions seule, de retour dans la montagne magique où notre rencontre avait eut lieu. L'odeur m'évoquait ces prairies des alpages à la bonne saison et la douceur de l'herbe folle, autant que le désir de me plonger dans ces cheveux couleur nacre et de n'en jamais ressortir. Ses lèvres effleurèrent ma peau dans mon cou, et je m'enflammai. Ce contact me fit frissonner de plaisir, et je poussais un petit cri. Je ne voulais pas qu'elle me lâche. Jamais. 

"Oui, oui, bon, j'ai compris... râla une voix lointaine. Je reconnu celle de Nathan. Le monde qui s'offrait à moi, cette vision féerique du ciel de nuit sur la prairie montagnarde, commença à s'effacer en même temps que l'étreinte de la Déesse de la Vallée. La pièce reparut. Je clignais des yeux, éblouie par la lumière et toujours sous le choc de l'expérience que je venais de vivre. J'en étais encore toute émoustillée, j'en avais des frissons, et je compris également à ce moment que son charisme si puissant était réglé pour marcher autant sur les femmes que les hommes. 

Elle jeta un coup d'œil rapide à un Nathan boudeur. Cela avait eut au moins le mérite de lui faire oublier sa peur. Puis, se rapprochant à nouveau de moi, je cédais ai désarroi. Je tremblais presque, cette puissante sensation qui me poussais à vouloir l'embrasser prenait le dessus. Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. Mais avant que ses douces lèvres ne rencontrent les miennes, elle s'arrêta et chuchota.

"Voici le pacte que je t'offre...


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L'amazone [Tome 1] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant