Chapitre 22 : La déchirure

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Elle hurla. Je souris. Je supposais bien que ça ne se ferait pas sans douleur. Cassandre se tordait de douleur au sol. Ses yeux se révulsaient, mais elle tenait bon. Solide, pour une humaine. Soudain, le motif au sol devint plus noir que la nuit.
"Dis moi ton voeux, petite humaine...
une voix d'outre tombe s'était élevée du sigle tracé sur le sol. Un pentagramme rouge. Mon sourire s'élargit. Maya ronronna. Cassandre répondit.

"NOON! PAPA!

Je regardais, horrifiée, Shawn enfoncer toujours plus profondément ses imposantes dents dans le cou de mon père. Ma seule famille. La personne qui comptait le plus au monde pour moi. Je voyais flou tellement les larmes avaient envahi mes yeux. Ça n'était pas possible. Ça ne se pouvait pas.

"ARRÊÊÊÊTE! Je hurlais à m'en détruire la voix, et me jetais sur Shawn en me transformant. Je fus saisie au vol par une puissante main qui m'envoya valser contre le mur, me coupant la respiration.

Non. Non. Non! Je tentais de retrouver me souffle et levait les yeux vers mon père. Ses yeux étaient emplis d'une terreur indicible. Ils commençaient à s'injecter de sang. Il tentait de repousser la prise de son assaillant, mais ce dernier le tenait fermement.

"ARRÊTES! Je ferais ce que tu veux. Je t'en prie... je t'en supplie!

Rien n'y faisait. Je regardais, toujours sonnée, incapable de bouger, mon unique parent tenue dans la gueule de ce loup que j'avais appelé mon ami, et plus encore. Je vis sa machoire se serrer soudainement, et mon père avoir un ultime spasme avant de s'écrouler.

"NOOOOOOOON!

Mon cri de détresse se transforma en long hurlement de souffrance alors que je me ruais sur Shawn. La même main puissante me renvoya sur le mur, et je vis qu'il s'agissait d'Helsing. Mais ce n'était pas grave. Plus rien n'était grave. Plus rien n'avait d'importance. Je restais contre le mur, penchée telle une poupée disloquée. Mes larmes coulaient, mais je ne ressentais plus rien. C'était comme si le monde avait arrêté de tourner autour de moi. Alors que je fixais le cadavre de mon père. Tué sous les yeux. Par mon ancien amour. C'était impossible. Ça ne pouvait pas se passer comme ça. C'était un rêve. Oui, un rêve.

"Bien, maintenant que les formalités sont passées, venons en à notre objectif. Fit Helsing.

Je ne l'entendais qu'à moitié. Pourquoi ne me réveillais-je pas? Pourquoi le rêve continuait-il? Pourquoi avait-il l'air... si réel? Ces lueurs rougeâtres qui se projetaient par les grandes fenêtres. La chaleur insupportable. L'odeur omniprésente du feu, du sang, de la souffrance. De la mort. Non!

Ce fut comme une claque qui me réveilla. Je me penchais en avant, et vomis de toute mes forces. Le goût amer dans la bouche, la chaleur, les lumières, l'odeur. Toutes ces sensations s'inscrivirent en moi alors que je réalisais la réalité de la situation.

Le vide ne laissa place qu'à un sentiment. Un seul. Surpuissant, balayant toutes mes autres émotions. La colère. La haine. Jamais de ma vie, je n'avais haï quelqu'un aussi fort. Je sentais ce sentiment brûlant déferler en moi, me tordre le ventre. Quelque chose de profondément enfoui refaisait surface. Mes larmes ne l'apaisait pas. Je me tordit de douleur, mais sentit une puissance inouïe se répandre dans mon corps. Je me levai, et dirigeais mon regard vers Helsing. Cette puissance que je sentais crépiter en moi m'enjoignait à lui sauter à la gorge, à le déchiqueter, à répandre ses entrailles au sol, à la faire souffrir comme personne n'avait jamais souffert. Je sautais, et, une nouvelle fois, il tendit sa main pour m'attraper au vol. Mais cette fois ci, son mouvement me parut plus lent. Je l'évitais de justesse, passais en dessous et lui envoyais un formidable coup de griffe à la gorge. Je sentis la chair se déchirer sous mes longues griffes, et un sentiment d'accomplissement me remplis. J'allais lui faire payer. Mais, soudain, le gain d'énergie retomba, et je chutai au sol totalement vidée de mes forces, incapable de bouger. Au moins avais-je tué Helsing, pensais-je alors.

Mais, devant moi, il se releva, se tenant simplement la gorge, un rictus aux lèvres. Foutue régénération de lycan! Et désormais, j'étais incapable de bouger pour une raison obscure. Pire, je sentais que mon esprit vacillait peu à peu dans l'obscurité de l'inconscience.

***
Quand je rouvris les yeux, j'étais dans une immense salle en pierre. Ma tête me lançait si fort que je pensais qu'elle allait exploser. J'étais attachée par des liens solides : me transformer ne les aurais pas brisés. De plus, j'étais déjà nue à cause de ma transformation, et le froid glacial de la roche sur ma peau m'engourdissait. Mais ce n'était pas ce qui me faisait frissonner. Je n'avais aucune idée d'où nous étions. Mais, au centre de la grande pièce circulaire, juste en face de moi, se trouvait une sorte de grand sarcophage en pierre, gravé de bas reliefs représentant de terribles scènes de massacre. Je déglutit. Je ne savais pas ce qu'il y avait dedans, et mon instinct me poussais à vouloir rester dans cette ignorance. J'allais tenter de m'éloigner en rampant au sol, mais des loups entrèrent par la porte derrière moi, tenant des torches qu'ils placèrent tout autour de la pièce. Ils étaient vêtus d'une sorte de toge blanche. Helsing fit son entrée, suivi de Shawn, et mon sang ne fit qu'un tour. Une nouvelle fois, je sentit cette haine monter en moi, ainsi qu'un autre sentiment. Le désespoir. Je ne savais pas ce qui allait arriver, mais j'étais certaine que je n'allais pas apprécier. Ce sentiment se renforça lorsqu'on traîna un Nathan blessé et inconscient à mes côtés.
"Nous voici enfin réunis, mes chers amis. Nous sommes ici car nous avons enfin mis la main sur notre ressource principale, nécessaire au fonctionnement du rituel.
Il me montrait du doigt.
"Vous êtes fou! M'exclamais-je.
-Nous avons bien travaillé. Continua Helsing, m'ignorant totalement. Nous avons fait en sorte que des liens profonds se créent entre ces deux êtres. Un lien d'amour, qui sera le ciment de notre réussite!
Des murmures d'approbation parcoururent l'assistance. D'amour? De quoi parlaient-ils?
"Car, comme écrit sur le sceau, il nous faut : "du sang éternel souillé par l'amour envers un humain". L'humain, le voici!
Il montra théâtralement Nathan.
"Et le sang éternel... le voilà!
Cette fois ci, il me montrait. Je ne comprenais plus rien.
"Mais qu'est ce que c'est que ces conneries? Sang éternel? Vous avez tous du sang de lycanthrope! Vous n'aviez pas besoin de moi!
Il me jeta un regard choqué.
"Lycanthrope? Alors tu ne sais vraiment rien... cet idiot de Sue Lody t'as laissée dans le vague!
Je frissonnais à l'évocation du nom de mon père. La rage et les larmes revinrent en force.
"Ma petite... le sang éternel, ce n'est pas du sang de lycanthrope... ni de vampire, ni d'aucune espèce surnaturelle.
Il sourit en se rapprochant de moi.
"C'est bien plus rare que ça, et en tombant amoureuse d'un humain... tu l'as souillé, ce qui nous est des plus utiles.
-Je ne suis pas...
-Inutile de mentir. Un de mes loups m'a prévenu qu'il vous a vu vous tenir l'un à l'autre chez ce cher Nathan.
Je me remémorais l'attaque qui avait eu lieu, les traqueurs de la meute qui avaient disparus.
"C'était vous! Pourquoi? Pourquoi ne nous laissez vous pas en paix!
J'avais hurlé de toutes mes forces, de toute ma rage. L'assistance me regarda bouche bée. Un murmure d'excitation la parcourut.
"C'en est bien une! Chuchota quelqu'un.
-Une quoi! Hurlais-je, au bord de l'hystérie.
Helsing se leva, alla chercher un petit miroir cérémoniel qui semblait être en bronze, et le plaça face à mon visage. Je me regardais, et restais bouche bée.
Mes yeux jaunes-or avaient disparus. À la place, se trouvaient des yeux violets, avec des cercles concentriques qui remplaçaient le blanc. Des yeux si étrange, semblables à ceux des vampires, bien que les leurs soient plutôt bleus.
"Qu'est ce que... commençais-je.
-Ton sang éternel se réveille.
Il sourit.
"Ton sang divin.

Ouloulouuuuu que va-t-il se passer! Quel cliffanger! Ne m'en voulez pas trop <3 la suite au prochain chapitre! ^^

L'amazone [Tome 1] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant