Chapitre n°32

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Après de longs moments qui m'avaient pourtant parus encore beaucoup trop courts, Lauren avait fini par s'en aller sous le regard froid et indifférent de mes parents. A vrai dire, je ne comprenais pas leur attitude. Parfois, ils sortaient de leur transe robotique pour adopter une attitude presque humaine, et chaque fois le phénomène me surprenait. Je ne me rappelle même plus si mon père lui avait adressé ne serait-ce qu'un "au revoir". Et s'il ne l'avait pas fait, cela ne m'aurait à vrai dire pas étonnée le moins du monde.

~

Nous étions maintenant vendredi soir, donc, et je m'étais décidée contre toute attente à me rendre chez Rachel pour cette soirée qui s'était rendue sujet principal de la plupart des conversations depuis plusieurs jours. Non pas que j'appréciais particulièrement l'hôte (je pouvais d'ailleurs admettre que j'aurais préféré ne jamais avoir à me situer dans son entourage, quelle qu'en soit la raison), mais j'avais espoir que cela me permettrait de retrouver un semblant de liberté en évoluant parmi une majorité d'inconnus qui se fichaient royalement de qui j'étais. Qui ne se feraient pas le malin plaisir de me rappeler le désordre que constituait ma vie actuelle.

Je soupirai.

Le reste de la semaine s'était plus ou moins déroulé sans encombre, si l'on excluait volontairement mes efforts acharnés et incessants pour minimiser au plus mes contacts avec le fameux Daniel Clarke. Dinah s'était bien rendue compte que la situation ne s'arrangeait pas, et m'avait régulièrement sauvé la mise en inventant des prétextes toujours plus délirants pour empêcher une conversation embarrassante ou une autre. J'imaginais bien que mon petit-ami (et je réprimai une grimace à l'appellation qui s'associait naturellement à lui dans mon esprit) devait se douter de quelque chose, mais que pouvais-je faire d'autre ? Rompre ? J'avais peur du châtiment qui risquait de s'abattre sur moi si je mettais cette action à exécution. Pour ce qui était d'Ally et de Normani, il me semblait qu'elles ne s'étaient aperçues de rien, et je ne pouvais pas leur en vouloir. En apparence, tout semblait parfaitement en place. Et c'était tant mieux : Je me voyais mal leur expliquer que j'allais sûrement bientôt me marier avec un type qu'elles croyaient parfait et avec qui elles pensaient que je vivais mes meilleurs jours, mais qui en réalité me maintenait à l'intérieur de son cercle affectif par des menaces et me donnait constamment la nausée - le tout en entretenant une relation ambiguë avec une brune aux yeux verts qu'elles ne connaissaient qu'au travers de sa mauvaise réputation. Définitivement une histoire à ne pas dévoiler sur un coup de tête, en somme. Normani risquerait de mettre un temps infini à se remettre du choc. Pire : Ally ferait sûrement une attaque, et personne n'a envie de tuer quelqu'un comme Ally.

Concernant Lauren, je ne l'avais quasiment pas revue depuis le week-end passé en sa compagnie. Il faut dire qu'avec Daniel toujours dans les parages, nos "rencontres secrètes" devenaient compliquées. Heureusement, nos échanges de regards dans les couloirs -qui semblaient parfaitement innocents aux yeux de tous- me permettaient de savoir que nous étions toujours sur la même longueur d'onde, et qu'elle ne s'était pas décidée à abandonner ce rêve commun que nous avions de pouvoir un jour nous tenir la main en public. Ce détail, en plus des messages que nous nous échangions régulièrement, me retenait de me plier aux exigences de mes parents.

Un bruit sourd provenant d'entre les murs de l'immense villa me ramena à la réalité, c'est-à-dire à mon immobilité au milieu d'une allée déserte qui pouvait définitivement porter à confusion. Souriant intérieurement face à l'étrangeté de la situation, j'avançai d'un pas incertain vers la porte qui s'ouvrit à la volée pour laisser sortir deux garçons, les coudes liés, dont émanait une forte odeur d'alcool.

Il me passèrent devant sans y faire réellement attention, manquant plusieurs fois de tomber face contre le sol.

"Allez, vas-y", m'encourageai-je, et c'est ainsi que je me retrouvai à poser le pied à l'intérieur pour la première fois. La musique était si puissante et les basses si amplifiées qu'en l'espace de quelques secondes je pus physiquement sentir mes tympans essayant de s'enfuir à tout prix. Secouant la tête, je la tournai frénétiquement pour scruter chaque recoin à la recherche de Dinah.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 25, 2018 ⏰

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