Chapitre 1- Partie 1

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Ils pourraient y avoir du contenu qui, pour certaines personnes sensibles, soit sombre. Comme on dit: Je suis responsable de ce que j'écris, pas de se que vous lisez, merci.

- 《Je t'en prie! Arrête!》
Il continuait à me frapper, pourtant, cette fois je ne crois pas que je le méritais.
J'ai fait, encore une fois, une journée entière au lycée, bien que j'ai eu des douleurs chaque fois que je bougeais, que je marchais ou que je déplaçais ne serait-ce qu'un muscle.
J'ai parlé à peu de personnes, j'écoutais les cours bien que parfois ils soient ennuyants. Je n'ai dérangé personne à ce que je sache. Je suis rentré à l'heure même s'il n'était pas là, j'ai aidé à faire le ménage, la lessive aussi et j'ai sorti le chien. Son chien. Pourtant on en est encore là.
- 《Tais-toi femme!》
Il hurlait tout le temps sur sa soeur alors qu'elle l'aidait, elle l'aidait à ne pas faire le geste de trop, le geste qui pourrait m'être fatal, celui qui pourrait me tuer. Je suis sûr qu'elle reste juste pour ça, pour éviter un casier judiciaire parce qu'elle n'a pas assisté à une personne en danger, parce qu'elle ne m'aurait pas défendu alors qu'elle aurait pu le faire, qu'elle aurait dû le faire. Je suis sa famille non? J'en fais partie.

Elle ne me montre aucune affection. Elle me regarde même parfois avec un regard vide d'émotion alors que son frère me frappe, quand mon père, mon géniteur, me donne des coups. Des coups qui laissent des marques sur ma peau, des traces montrant la violence dont il du faire preuve sur moi. Mon corps, et aussi mon esprit bien qu'il ne montre rien en apparence, ou juste un visage inexpressif sans une once de joie, de bonheur, d'envie de vivre.

Je me demande pourquoi je n'y mets pas fin. Personne ne me retient, personne ne tient à moi, aucune aide quelconque pour me retenir. Mon père m'y pousse même parfois. Mais je pense que je reste juste pour lui, juste pour voir sa colère, son mépris envers moi, ça me donnerait presque un sourire sur ma face dénouée d'émotions.

Je n'ai jamais vraiment su d'où il tirait tous ses ressentiments envers moi. Peut-être à cause de ma mère, apparemment il ne l'a jamais aimé et j'ai hérité à une bonne partie de son physique, un physique qui l'a à la fois attiré et dégoûté.
Sauf qu'en moi, il n'en voit que la partie du dégoût, il me renie, me méprise. Il me le renvoie par les moments où il l'a déverse par les mains et les pieds, même par des objets. Il y a la ceinture, facilement accessible sur sa taille, ou encore les objets à proximité. Ça peut aller à des choses très dures, comme des chaises. Je m'en souviens, c'est douloureux. Je crois que je m'en suis sorti avec un bras cassé car je me suis défendu avec. Heureusement, j'avais prévu le coup et j'ai positionné mon pauvre bras gauche, celui dont je ne me sers pas pour écrire, en face de moi.
Je me demande comment j'aurais fait pour les cours, si j'avais mis le droit à sa place.
Ça peut aussi se traduire par des choses plus molles comme des coussins, mais il m'étouffe avec. C'est ça que je déteste le plus à vrai dire. Ça me fait paniquer même si je sais qu'il le retira à temps, ou soit que ça va être ma tante. Souvent, je m'évanouis car ils le retirent trop tardivement et je me réveille ensuite à l'endroit même de la séance, où ils m'ont laissé. La plupart du temps en pleurs.
- 《C'est ton fils! Tu vas le tuer!》
Très chère tante, s'il le fait j'en serai ravi, ça lui pourrira la vie ensuite car il devra aller en prison. Sûrement à vie car il n'aura pas les moyens pour payer un avocat assez compétent pour l'éviter.

Malheureusement pour moi, il baissa son arme qui est, cette fois, une lampe, le pied de la lampe.
L'ampoule a déjà été cassée car il m'a frappé avec, même si elle avait été allumé avant pendant plusieurs heures. J'aurai une brûlure en plus de celles de ses cigarettes. J'en ferai presque une collection si elles ne cicatrisaient pas.
Il me fixe avec un regard haineux, je le remarque même si j'ai les yeux brumeux, de fatigue peut-être, ou est-ce causé par la douleur? Je ne sais pas, mais je pense que la séance d'aujourd'hui à durée au moins une bonne demi-heure.
Chère tante, pourquoi l'as-tu arrêté, encore un peu et peut-être que mon cœur aurait cessé de battre. Une bonne fois pour toutes...
- 《Ce n'est pas mon fils Engeline, c'est son fils à elle. En fait non, même pas, sinon elle ne l'aurait pas laissé ici.》
Il cracha cette dernière phrase à mon attention, ou même les deux. Ce n'est pas la première fois de toute manière.

Ils s'éloignent, chacun de leur côté, allant peut-être dans leur chambre ou ailleurs, mais ils me délaissent là. Là au beau milieu du salon, encore ; sans lumière car il vient de les éteindre.
Je ne peux pas bouger, il m'a sûrement déplacé le dos en m'envoyant sur la table, en tout cas je suis bloqué. Comment je vais faire moi maintenant?
J'essaye tout de même de me lever, rester sur le sol n'améliora pas mon état, de plus je dois désinfecter mes blessures. Même si elles ne sont pas trop méchantes, par rapport à d'autres.
Mon poignet droit à l'air de ne pas se porter très bien, j'ai essayé de me rattraper tout à l'heure lors de la chute, je n'aurais pas dû.
J'entends mon dos se craquer de nombreuses fois.
Debout, j'ai de petits vertiges. Je me penche en arrière et en avant au maximum, mon dos craque encore plusieurs fois me laissant de petites douleurs.
Je me dirige vers ma chambre, elle n'a que peu de décorations, des décorations sommaires, sans originalité. Ne collant pas à ma personnalité. Il y a juste l'ambiance, une ambiance sans goût, sans aucune chaleur, de convivialité, comme le reste de la maison par ailleurs.

Rien ne me donne envie de rester ici, mais je n'ai aucun autre endroit où je pourrais l'être.

Ah, si. Un seul. Le monde des rêves, de l'imaginaire.
J'aimerais tellement y rester.
C'est un monde paisible, bien que bizarre parfois mais agréable. Même les supposés cauchemars son mieux que le monde dans lequel je vis.
Les cauchemars sont censés effrayer, faire peur aux gens, mais moi ils ne me font ni chaud ni froid. Ils sont presque rassurants ou amusant de mon côté.

Je marche vers ma pièce attribuée comme chambre, lentement. Mon corps entier est douloureux, le moindre petit geste me fait faire des grimaces, pourquoi doit-il me taper autant? Aussi fort? Je me pose la question mais je connais en partie la réponse.
Chaque semaine sur sept jours au moins trois fois il y a une séance, chaque fois il rajoute des bleus, des brûlures et des coupures alors que d'anciennes disparaîssent, cicatrisent.
Je dois à chaque fois les cacher tant bien que mal, tout en étant un minimum naturel.
Il a débuté à m'infliger ça vers l'âge de sept ans, ou moins, je ne sais plus exactement. Mais je me rappelle que au début c'était des claques puis ça a empiré après.
Au début il y avait une raison, plus ou moins grave, puis les raisons mêmes minimes, plus tard, suffisaient à recevoir des coups brutaux, disproportionnés pour la "raison".
"Tu as trois minutes de retard!", "Ramasse ta fourchette, tu auras ta punition après.", "Tu as oublié d'acheter mes cigarettes!", "Ta tante m'a dit que tu n'avais pas eu la note maximale!" ...

J'avais onze ans, je ne peux, même encore maintenant, acheter des cigarettes. Je n'ai pas dix-huit ans.
Au départ je comprenais avec les raisons, même si je doutais du pourquoi du comment. Puis ensuite, je compris. Il ne m'avait jamais porté d'affection, de gestes tendres et encore moins d'amour. Tout ça à cause de ma supposée mère, génitrice. Plus je grandissais, plus il faisait allusion à elle, car plus je lui ressemblais.
Plus son image d'elle, plus son dégoût sur moi s'amplifiait, plus je le répugnais.

Sa sœur venait nous visiter de temps en temps, souvent pour s'occuper de moi. Elle me portait un peu d'affection quand j'étais petit, mais de moins en moins par la suite.
Pour qu'aujourd'hui, elle ne réagit que quand je suis en danger de mort par mon père. Enfin, juste quand je suis au bord du précipice.

J'arrive dans ma chambre et me dirige vers mon petit bureau où le minimum s'y trouve. Un pot de stylos, des feuilles à carreaux pour des notes, quelques crayons et une gomme.
J'ouvre l'unique tiroir du meuble et soulève le double fond où quatre grands cahiers quelconques s'y trouvent. Les trois derniers cahiers au fond sont remplis de notes, avec, à sa première page une écriture d'enfant, la mienne.
Il y est écrit "Marius huit ans", puis "Marius onze ans" et après  Marius, quatorze ans". J'avais décidé un jour d'écrire comme les filles dans un journal intime, elles en parlaient souvent, de leurs secrets qu'elles écrivaient.
Je trouvais ça stupide, des secrets ça ne se racontent pas, sinon ce n'est plus secret.
Alors en rentrant chez moi quand j'avais huit ans, je suis monté rapidement dans mon antre et j'ai pris un cahier simple en marquant mon prénom, mon âge. Puis passé une page, j'ai commencé à écrire mes doutes sur tout, principalement sur mon père et ses gestes.
Chaque semaine, je décrivais les ecchymoses qui parsemaient mon petit corps et les choses qui les créaient, les formaient.
Des années passaient, je rajoutais des pages à la fin puis changeais de cahiers, l'encre séchée montrait les descriptions de mon ressenti, mes points de vue, parfois de mon désespoir et la plupart du temps des marques sur ma peau, leur nombre, et de mon père qui en est la cause.

(Corrigé, faîtes moi savoir si des fautes d'orthographe sont toujours présentes s'il vous plaît.)

Moi et mon MiroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant