J'ai réussi à matérialiser des objets, la première chose a été le guzheng après un coussin, une casserole, un lit puis un piano à queue. Des partitions de plusieurs auteurs, ainsi qu'à des livres d'apprentissage qui m'ont permis de pouvoir jouer à ces instruments, m'évader.
Quand mes doigts s'échouaient sur les cordes ou les touches, quand le son en ressortait, vibrant dans ce vide, ça réussissait à combler une petite partie à l'intérieur de moi. J'ai pu découvrir des instruments ici. Ici... dans ce vide que je comble petit à petit.Mais je ne pense pas pour autant qu'avec des livres, mes compétences en tant que pianiste peuvent aller très haut, je n'ai après tout, pas d'exemple concret. De même qu'avec le guzheng ou tout autres instruments de musique.
J'ai passé beaucoup de temps à jouer à des instruments, j'ai pu apprendre beaucoup de mélodies intéressantes, des choses qui me plaisaient et surtout qui permettait de m'occuper. Je pense que l'ennui est l'une des choses les plus dangereuses, ça peut nous amener à faire des choses qu'on ne voudrait pas faire en temps normal.
Ah la musique...
Je pense que ça m'a permis d'éviter de perdre la tête, je pense... Mais la solitude était toujours présente, parfois j'en pleurais presque, ma gorge se nouait, ça faisait tellement mal dans ma poitrine. J'avais l'impression qu'on tentait d'arracher mon coeur, les larmes voulaient tomber mais elles n'arrivaient pas à couler. Je crois que je n'ai plus cette capacité.
À revoir si je sors d'ici. Peut-être que je pleurerai de soulagement, qui sait.
Je n'ai pas arrêté de matérialiser des choses, je n'arrivais pas à rester sans rien faire. Sauf quand j'étais fatigué et que je dormais... Mais sinon mes mains devaient s'occuper, tourner des pages de livres, malaxer, pianoter, tirer, glisser, faire vibrer des cordes et appuyer sur des touches. J'ai même réussi à coudre. C'est un domaine vraiment large ça aussi. Ce n'était pas aussi simple que ce que j'imaginais. Il existe plusieurs points de couture, les textiles aussi, je me suis bien amusé à en créer. J'ai maintenant pleins de mannequins à habiller, j'ai fait pas mal de patrons, je pense que je devrais en retravailler certains. C'est même sûr. Ça va bien m'occuper.
Je me demande ce que ça peut me rapporter de plus, je veux dire ce que je crée dans cet endroit, quelles sont mes limites? Ça peut m'apporter tellement! Tellement de connaissances et de savoir. Une partition de musique pourrait paraître comme une broutille mais je ne la connaissais pas avant! Je ne l'ai pas inventé de moi-même! Ça en est effrayant... Ou peut-être que je l'ai déjà entendu et que mon cerveau à retenu les notes quelque part et que du coup maintenant je peux... Mon cerveau va être en surchauffe là.
Mais les livres d'apprentissage alors...? Eux je ne les jamais lu ou entendu, alors d'où ils viennent...? Enfin je ne crois pas les avoir déjà vus... peut-être que si...? Ou je les ai entendu par d'autres personnes de comment jouer à ces instruments? Et même les bases de dessins et de couture?
Raaah...!
Je ne comprends toujours pas si cet endroit est mon esprit ou autre chose. Comment j'arrive à faire tout ça? Ce n'est pas normal, cette situation n'est pas normale. Pourquoi je suis ici? Pourquoi je ne suis pas chez moi? Je pourrai presque envier ma vie d'avant... Non, je n'ai pas envie de revivre ma vie d'avant... Mais ici ce n'est pas mieux. Si? Je ne sais pas, je ne sais plus. C'est tellement frustrant...
Quand pourrais-je enfin sortir d'ici?! Maintenant je n'ai même plus envie de compter, de savoir combien de temps est passé. Ce n'est pas amusant.
Puis mon corps qu'est-ce qu'il devient lui? C'est mon corps à la fin! C'est moi qui ai grandi avec! Personne d'autre! Moi et seulement moi. Il m'appartient. Où il a pris mes droits pour disposer de mon corps? C'est le mien... J'en ai marre... S'il vous plaît... Rendez-moi mon corps. Rendez-moi ma vie...Je me sens tellement seul...
Je regarde autour de moi et lève la tête, non rien n'a changé. J'ai juste comblé une minuscule partie du vide. Le noir.
J'ai bien essayé de créer une porte me menant à l'extérieur! Résultat et bien... J'ai créé une porte, ouvrant sur le vide maintenant familier. Après j'ai tenté une fenêtre, même un miroir (pour voir une partie du monde à travers)! Aucun résultat aidant à me sortir de là. Comme d'habitude.
Mais j'ai toujours l'espoir d'y arriver, même après ces échecs, je pense qu'il y en aura d'autres, des échecs, mais quand je réussirai... on verra bien. Je pense que je me roulerai dans l'herbe. Je crierai sûrement aussi, pourtant, je n'aime pas crier.J'aimerai au moins rencontrer une chose vivante, rien qu'une plante.
*
J'ai fait apparaître pleins de choses, tellement que mes yeux ne savaient plus distinguer certains des objets, ils étaient trop loin. Tout était éparpillé en bazar, mais c'était un bazar organisé! Je crois.
Eh bien... J'ai donc employé les grands moyens... J'ai matérialisé une énorme maison! Je ne savais plus quoi faire de tous ces outils et meubles, je n'étais pas satisfait de leur environnement de vide, de noir. Je ne pouvais parfois pas remarquer le piano avec la même couleur, j'ai cru plusieurs fois qu'il avait disparu, de même pour d'autres articles de la même teinte. Ça me perturbait beaucoup. Je suis seul ici donc je me disais que si ça se trouve il y a quelqu'un d'autre qui me volait mes objets, mais c'est impossible. Tout bonnement impossible.
...
Tout ça faisait en sorte de me mettre à méditer sur ma situation, ça me déprimait beaucoup avec mes nombreuses réflexions et ce que j'en pouvais conclure.
J'essayais toujours de relativiser les choses. J'essayais.
Pour en revenir, après avoir créé l'immense maison, j'ai dû m'occuper du rangement long et fastidieux. Ça m'a bien occupé de tout déplacer! Pour les objets les plus lourds, j'ai fait appel à ce que j'ai nommé le pouvoir de la pensée. J'ai réussi à... comment dire, téléporter ? Je pensais très fort à l'objet en question et fixais l'endroit disponible pour l'y placer. Ces moments-là étaient incroyables.
La première fois que c'est arrivé par un pur hasard, j'étais un poisson qui faisait des bulles. Je n'arrivais pas à y croire. Puis après avoir saisi ce qui venait de se passer, j'ai été, je pense, pour l'une des premières fois de ma vie, j'étais fier de moi.C'est un sentiment vraiment agréable qui m'a ému, c'était satisfaisant.
*
Je regardais le te tableau devant moi et je me disais que ce n'était pas si mal que ça, je me débrouillais bien. J'avais fait un dégradé de couleurs chaudes, jaune, rouge et orange. C'était plutôt correct à mes yeux avec les nuages nuancés et l'océan à perte de vue.
Je pensais aux vidéos sur mon téléphone où je pouvais regarder l'étendue de celui-ci, je ne l'ai jamais vu en réalité, c'était un de mes souhaits. Entendre le son des vagues s'échouer sur la plage de sable fin qui chauffait mes pieds avec les rayons du soleil bronzant ma peau. Un jour peut-être que ça arrivera, qui sait?
Je continuais ma peinture, les gestes que j'effectuais me détendaient.
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Chapitre corrigé.
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Moi et mon Miroir
ParanormalMarius est un adolescent qui rentre chaque jour avec une douleur à l'estomac, la gorge qui se noue, une peur mordante qui ne le quitte pas. Il souffre en silence... et depuis petit. Des bleues parsèment sa peau, des cicatrices aussi. Son corps marq...