Chapitre 3- partie 1

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Le petit garçon avait disparu, ma chambre et le corps de mon père aussi, j'étais de nouveau dans le noir. Il restait quelques fils nuancés autour de moi, se balançant dans le vide.
Je les regardais, comme si j'attendais quelque chose d'eux. Mais qu'est-ce que j'attendais?

La scène passait en boucle dans ma tête, revoyant ma main armé d'un crayon s'avançant au ralenti à sa clavicule. Puis... du sang coulant, son corps tombant sur le sol avec un bruit sourd, le liquide se dispersant pour former une flaque rouge pourpre.

Je sentais mes muscles faciaux former un sourire. J'avais anéanti mon cauchemar, je n'ai plus peur de lui maintenant. Enfin je pense. Si je le voyais... Je ne sais pas ce que je ferai, l'ignorais-je? Je ne l'ai jamais reconnu comme mon père, ce mot me dégoûte. Il ne mérite pas ce titre. Il devrait croupir en prison.
Mais je ne le reverrai sûrement jamais, là où je suis...

Je ressens un sentiment de tristesse mais je l'ignore.

*

J'ai une supposition.

Je pense être dans mon propre esprit.

Cette personne qui s'est matérialisé comme moi, elle a dû m'enfermer dans mon esprit en voulant m'effacer. C'est une de mes suppositions les plus plausibles à mon point de vue.

J'aurai dû disparaître alors ? Cette... chose voulait mon corps, pourquoi je n'en ai aucune idée mais elle l'a maintenant, sinon je ne serais pas ici. Alors comment le récupérer... Peut-être que suivre les fils me donnera une réponse, ils m'ont déjà montré une scène de mon passé, un défi?

Je vais avoir mal à la tête à force de réfléchir... si je peux avoir mal à la tête. J'en ai encore une du coup? C'est très... confus.
Je vois mon corps, c'est déjà un point, deuxième point ; je peux le déplacer, je peux penser et réfléchir, j'ai déjà ressentis de la douleur, sûrement quand il a voulu me supprimer...

Je ne sais pas s'il y a la notion du temps mais je ne l'ai plus en tout cas, combien de temps s'est écoulé...?

Il n'y a pas de matière -ou je n'en ai pas- à proprement parler, je traverse les fils quand je veux les toucher, comme si j'étais un fantôme. Mais à part lorsque je me suis rencontré petit et que j'ai pu... tuer mon géniteur, enfin son image. Je suppose, qu'importe...

Ensuite, je peux dormir, comment est-ce possible? Aucune idée encore une fois, ma situation est très floue.

J'aimerai bien pouvoir récupérer mon corps, cette situation est vraiment insupportable. Pour l'instant je vais suivre les fils, je n'ai rien d'autre à faire... si ça se trouve je tourne en rond, comme un lion en cage. Je dois avoir l'air stupide.


Marcher encore et encore dans le vide ayant pour seule route des fils nuancés, ne sachant pas où je vais, perdu dans cette immensité de noir. Partout où je vais du noir et des fils.

Marche Marius encore, encore, encore. Tu vas trouver quelque chose à la fin, s'il y en a une.

Je me répète ça, tout le temps.
Je vais détester cette couleur.

Je m'encourage, il n'y a que moi ici. Je vais me faire d'autres personnalités si je ne trouve rien, je vais être moins seul si j'en ai.

J'observe mes pieds avancer, l'un après l'autre. Je cours, je marche, je cours et puis je marche, je ne suis pas essoufflé mais marcher me calme, ça me permet de remettre de l'ordre dans mes idées. Si ça ne suffit pas je dors, je répète ça encore et encore.

Parfois je me mets à compter, ça ne sert sûrement à rien, je le sais, mais je tente de trouver des occupations.

Le plus dur c'est de ne jamais voir de lumière, aucune étoile pour me dire si c'est la nuit, pas de lune ou de soleil, pas de nuage, il n'y a rien ici. Encore le noir et ses fils nuancés.

Moi et mon MiroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant