Le Monstre Gromellait Au Clair de Lune

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Je ne sors pas beaucoup de chez moi, d'habitude. Mais aujourd'hui, ma soeur veut m'enmener avec elle, pour aller a une soirée mondaine. En faite, je sais très bien qu'elle n'a pas le choix. Elle est obligé de m'emmener, car Mère a insistée. Je n'ai pas le droit de rester toute seule. Comme si j'étais aussi fragile, que je ne pouvais pas me débrouiller. Je vois bien que ça la gêne. Elle m'a lancé un regard dédaigneux avant de partir. Ce même regard empli de jugement, comme si ma condition était un choix délibéré.

Mais ça me réjouis. Je ne suis jamais allée à ce genre de festivité. J'imagine que c'est immense, qu'il y a beaucoup de gens, tous habillés avec de magnifiques tenues, un grand festin, un bal et tout ce qui va avec. Ce genre de fête qui n'existe que dans les livres et les rêves.

Je me suis efforcé a bien me préparer. J'ai pris ma seule robe présentable, celle qui est assez longue pour cacher mes jambes. Je me suis débrouillée pour attacher mes cheveux bouclés et rebelles. Je ne suis pas vraiment satisfaite. De toute façon, personne ne m'adressera la parole ce soir. Tout ce que j'aurait, ce sont des regards de pitié. Je ne perds rien, mais je ne gagne rien non plus. Je vais juste observer un monde dont je ne pourrai jamais me mêler.

Je peinais à me faufiler entre les gens. C'est comme ramer sur une toute petite barque au milieu de la tempête.

De temps en temps, les quelques chuchotements des invités parviennent à mes oreilles. J'essaye de les chasser de ma tête.
Je voulais juste trouver un petit coin pour m'installer et observer ce qu'il y avait autour de moi.

Heureusement, j'ai réussis à trouver un endroit plus calme. Éloigné de la foule et des regards mauvais de la noblesse.
J'étais absorbée par ce qu'il y avait autour de moi. Et j'enviais aussi un peu les autres invités.
Surtout les autres femmes.
Elles dansaient, se mouvaient comme elle le souhaitaient, portaient de magnifiques robes, et parlaient avec qui elles voulaient.
Je ne leur arrivaient pas à la cheville. Elles étaient magnifiques, et moi, au lieu de resplendir autant qu'elles, j'exposais ma condition.
Quel égoïsme.
J'aurai aimé danser.
Mais je suis incapable de me lever de ce fauteuil.
Foutu destin.

"Tu ne trouve pas cette fête bien ennuyante ?"
Ces mots m'ont sorti de mes pensées.
J'ai tourné la tête.
Sur le banc, à côté de moi, était assit un homme de mon âge habillé avec des vêtements magnifiquement décoré. Il était adossé contre le mur, comme pour éviter d'être trop près de la foule. Un masque noir était posé sur sa tête, à moitié dissimulé par ses meches rebelles qui retombaient sur son visage.
Il me regardait avec ses yeux jaunes. Deux yeux jaunes qui brillent dans l'obscurité, comme ceux d'un animal près à sauter sur sa proie.
J'ai soutenu son regard, un peu déstabilisée. Je ne l'avais pas vu, alors que ça faisait un moment qu'il était immobile sur ce banc.
"-Un petit peu. Je ne peux qu'observer.
-Comme quoi, les grands esprits se rencontrent"
Il ronchonnait. Je riais interieurement. On aurait dit un enfant qui refuse de sortir de chez lui. S'en était presque... attendrissant.
"-Dites moi, c'est votre famille qui vous emmener de force ?"
C'est sorti de ma bouche avant que je puisse réfléchir à ma phrase. Il n'a rien dit pendant quelques secondes.
"-Mon frère. Il aime ce genre de fête. Il a emmener sa fiancé. Il voulait que je vienne car je ne dois pas rester seul. Un comble. J'ai 20 ans, je n'ai pas besoin qu'on me surveille.
Et toi, tu es venu tout seul ?"
Il me tutoyait délibérément.
-Tout seul. Tu t'appelle comment, en faite ?
-Kaeda. Enchanté."
Il est resté silencieux, sûrement pour essayer de mémoriser mon prénom. Il semblait pensif, et s'occupait à réajuster son masque sur sa tête, pour éviter qu'il ne tombe.
"-Maintenant que je t'ai dis mon nom, tu dois dire le tien. C'est comme ça que ça marche, tu sais ?
-Je n'ai pas envie. De toute façon, tu ne vas pas t'en souvenir.
-Tu as peur de me le dire ?"
J'aborde un petit sourire en coin. Il était facile de le taquiner. Il m'a regardé avec de gros yeux, puis il a froncé les sourcils.
"-Les Harada n'ont jamais peur. C'est la loi"
Je ne comprenais pas vraiment ses mots.
-Alors pourquoi tu ne veux pas donner ton nom ?"
Il poussa un grognement indigné.
"-Miyoshi. Je m'appelle Miyoshi."
Miyoshi est un prénom qu'on donne généralement à une fille, ce qui m'a fait doucement sourire.
Il me toise avec un regard noir.
"-C'est... un nom de fille.
-Je t'avais dit de ne pas me juger"
Il croise ses bras et tourne la tête. Son regard semble s'arrêter sur un homme, lui ressemblant trait pour trait, occupé à parler avec une splendide jeune femme, un verre à la main. Sûrement son grand frère.
Il se mit à gromeller une énième fois.
"-Tout le monde fait ça.
-Je.."
Inconsciemment, je mis ma main sur son épaule.
"-Dis donc, tu sais danser ? Au lieu de rester là, tu pourrais aller t'amuser !
"-...
-Tu ne vas pas gâcher ta soir...
-Et te laisser toute seule ? Tu n'es pas de si mauvaise compagnie, après tout."
C'était si brusque, j'en ai été suprise.
"-Tu ne peux pas danser, toi.
-C'est un peu compliqué en effet.
-Alors qu'est-ce que tu fais dans ce genre de fête ?
-Je ne sais pas.
-Me dis pas que...
-Bah, pour ne rien te cacher j'étais venu observer un peu comment c'est une "fête" !"
Il soupire, soulagé. Qu'est-ce qu'il avait derrière la tête ?

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