Les hommes bons courent sur les champs de batailles

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Les champs de batailles n'ont pas de fin. C'est lorsque qu'on croit en avoir trouvé la limite, qu'on se rend compte qu'ils n'ont pas de bout. Cela s'étend à l'infini. Aussi loin qu'on pourrai l'imaginer.
Ici bas, les hommes ne se lassent pas.
Ils ne se lassent pas de brandir leurs armes. Ils ne se lassent pas des bruits sourds du métal qui s'entrechoquent, des grésillement de magie, des flammes, des cris et des pleurs.
Parfois certains foulent le sol boueux et imbibé de sang comme s'ils n'étaient que des fantômes de passage. Comme s'ils étaient arrivé par hasard pour voir ce que c'est, la guerre.

Je tiens à peine debout.
Tout mon corps pèse une tonne.
Je soutiens Kato sur mon épaule. Il est inconscient. Son sang imbibé mes vêtements. Je l'entend à peine respirer. Cela n'en finira jamais. J'entends les autres hurler mon nom.
Khou ! Ou est tu ? J'ai tellement mal. Viens m'aider ! Khou ! Je vais mourrir. J'ai froid. J'ai mal. Je saigne. Aide moi.
Je ne peux pas aider tout le monde. Je dois ramener Kato avant. C'est lui, qu'il faut sauver à tout prix. Ça me répugne.
Kato me semble de plus en plus lourd.
Je le traine comme je peux. Ce champs de bataille n'a pas de fin. J'enjambe des milliers de cadavres. Ceux de mes frères et ceux de mon peuple. Des milliers de vies gâchées. Balayé comme de stupides feuilles mortes.

J'ai trouvé Ethan. Il est criblé de flèches. Je dépose Kato sur le sol.
Je peine à me pencher au dessus de lui pour le soigner. Mei est venue m'aider. Ethan n'est pas trop amoché. Toujours aussi chanceux,  celui la.
"-Khou, reste avec nous.
-Je ne peux pas.
-Ta jambe."
J'étais tellement paniqué que je n'ai même pas senti la douleur.
Ma jambe était ouverte tout du long, et je saignait abondamment. Même avec mes capacités de régénération, ça ne se refermait pas. Je ne peux pas me soigner. Je n'ai pas le temps.
"-Ne pars pas Khou. Tu es dans un sale état et ...
-Je dois y aller.
-Si tu fais ca, tu vas sûrement mourrir. Regarde toi, tu tiens à peine debout. On a besoin de toi, Khou. On est rien, sans ta présence. Tu es un général,  tu as oublié ou quoi ? Si tu n'es plus la, qui va menée la révolution ?"
Mei était exténué,  et au bord des larmes. Elle était couverte de blessure, et son épaule était profondément entaillée.
Je ne suis pas un général. Je suis Kankoshi. Je dois aller les soigner. C'est mon rôle.
Je fis volte face.
"-Khou ! Ne pars pas. Reste avec nous.
-Je reviens. Promis. Occupe toi de Kato. Je ne serai pas long."
Et je me mis à marcher vers les voix qui m'appelaient au secours.
J'entendais Mei hurlait mon nom.
Mais les blessés hurlaient mille fois plus fort qu'elle.

Boitillant et trébuchant comme un pauvre vieillard, je peinais à ramener les autres. Chaque blessé comptait. Humain ou Neikkas. Je ne cessais de me répéter : "Je peux encore en sauver un. Je peux encore soigner quelqu'un d'autre."
Ma blessure n'a même pas eu le temps de cicatriser. Je devais aller toujours plus loin.
Je me suis mis à courrir. Qu'importe la douleur. Qu'importe la blessure. Qu'importe si elle s'ouvre ou si elle s'infecte.
Mes idéaux me font courrir. Ils me donnent la force de continuer.  C'est ça qui me fait vivre. Je dois sauver des gens.
Même si j'ai mal. Même si je dois souiller mon âme pour cela. Même si je dois user mon corps en soignant des personnes que je reverrai sûrement jamais.

Je courrais, seul au milieu dans champs de bataille immense, et je ne me suis jamais senti aussi vivant de toute ma vie.

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