Be My Child

13- Pardon

Les jours passaient et Loki se remettait doucement. Elle ne sursautait plus au moindre bruit, ne se baladait plus en armure complète dans la Tour et laissait la plupart de ses armes dans sa chambre. Elle ne sortait plus qu'avec une fine lame qu'elle glissait le long de son flanc. Cependant elle ne supportait plus les contacts et se réveillait la nuit en hurlant. Généralement, elle se levait et s'installait au salon, ou les lumières tamisées de Jarvis tenaient les cauchemars et les angoisses à distance. Coulson la retrouvait le lendemain matin dans le plus gros fauteuil en cuir, avec un livre dans les mains et trois enfants qui l'écoutaient raconter une histoire assis devant elle. Régulièrement, l'Agent s'installait sur le canapé à côté d'elle et écoutait avec le même ravissement que les bambins. Le conte prenait généralement fin lorsque Steve se levait, réveillant par la même occasion toute la Tour.
Sauf Tony.

Tony avait disparu de la circulation.
You était réapparut un jour avec son corps androïde en clamant que l'ingénieur l'avait réparé, mais l'homme ne se montrait plus du tout.
Sans les verres qui traînaient sur la table quand Loki se levait en pleine nuit, la brune aurait pu croire qu'il était mort. Avec un soupir désabusé, elle les prenait pour les poser dans l'évier, tentant vainement de ne pas faire attention à l'odeur agressive d'alcool. Malgré le fait qu'elle soit toutes les nuits au salon, elle ne le voyait jamais passer et bien qu'elle-même ne le cherchait pas, elle aurait aimé que lui le fasse. Mais l'ingénieur était probablement comme elle, trop fier pour s'excuser en premier.

Loki se réveilla en sursaut une fois de plus, les images d'une main griffue arrachant son bébé de son ventre encore devant ses yeux. Elle posa une main sur son ventre plus si plat que ça en se redressant dans son lit. Après quelques minutes passée à réguler sa respiration et son rythme cardiaque, elle se renfonça dans ses oreillers, caressant du bout des doigts le léger renflement, rassurée de toujours sentir le bébé grandir en son sein. Fermant les yeux elle tenta de se rendormir, mais abandonna au bout d'une dizaine de minutes, incapable de faire sortir les images de sa tête.
Elle se leva en soupirant et ramassa le livre au pied de son lit dans le but d'aller le lire au salon. Elle resta cependant immobile au milieu de la chambre, observant la première de couverture sans lavoir. Si elle adorait la lecture, elle commençait un peu à en avoir assez de ne rien faire de ses mains. Elle avait toujours été habitué à avoir ses doigts occupés, ne supportant pas de ne rien faire. Si elle détruisait régulièrement ce qui passait dans ses mains c'était parce qu'elle les détruisaient machinalement, sans y penser. Elle avait BESOIN de s'occuper.
Prise d'une inspiration soudaine, elle jeta le livre sur le lit et alla s'agenouiller devant son coffre pour fouiller à l'intérieur. Normalement elles devaient toujours y être...
Avec un sourire de victoire elle tira deux aiguilles à tricoter de la malle. Elle les posa à côté d'elle et recommença à chercher, soufflant sur une mèche qui se promenait devant ses yeux. Au bout de plusieurs minutes de recherche infructueuse, elle dut se rendre à l'évidence : ce qu'elle voulait ne se trouvait pas dans ce coffre.
La brune souffla en s'asseyant sur ses chevilles et joua avec les deux longues aiguilles quelques secondes.

-Jarvis, es-tu réveillé ? demanda-t-elle.
- Toujours, Lady Loki, répondit obligeamment l'IA.
- Y a t-il de la laine ici ? De maillage fin, de préférence.
-Monsieur Stark possèdes quelques centaines de pelotes de laine vierge. Souhaitez vous que l'on en amènes ?
- Fais en monter une vingtaine dans le salon pour l'instant, s'il te plaît.

Loki ne posa pas de question sur la présence d'autant de laine dans la Tour. Tony en avait sûrement eut besoin pour un expérience quelconque. La curiosité la dévorait mais elle n'allait certainement pas aller demander au milliardaire. Toujours ce gros problème de fierté...
Arrivant dans le salon, elle eut la surprise de voir un petit robot à roulette qu'elle reconnut comme You.