Pdv Laya:
1 semaine plus tard
09h01Mes pieds foulent le bitume encore glacé par la récente gelée matinale. Les écouteurs dans les oreilles, le visage blême, je cherche désespérément le chemin pour rejoindre le cimetière où repose désormais, paisiblement je l'espère, Léo. Des larmes ruissellent le long de mon cou, réchauffant ainsi mon hure.
Quand je passe enfin le portail en fer forgé rouille du cimetière de Vaugirard, mes pieds trébuchent, mon esprit s'embrouille. Le craquement inlassable des gravillons sous les épaisses semelles de mes doc martens, le vent qui siffle dans mes oreilles et fait virevolter mes cheveux dans tous les sens, le temps brumeux et glacial qui renforce la nostalgie de l'instant présent. La peur et l'appréhension me noue la gorge à mesure que mes jambes me rapprochent du lieu que je cherche.
En réalité, je suis effrayée, effrayée de ne pas savoir réellement quoi lui dire, comment m'excuser, mais également la peur de l'affronter seule. Mes mains resserrent leur emprise sur le bouquet de rose qui les garnissent, comme pour me procurer le courage et la force nécessaire à cette douloureuse étape. A mesure que la prise se resserre, mes doigts s'enfoncent davantage sur les épines et bientôt mes mains se retrouvent ensanglantées, mes extrémités lacérées, témoin du mal qui me ronge et compresse mon cœur de manière quotidienne.
Quand mes yeux se posent sur le lieu que je cherche, je m'arrête brusquement, comme foudroyée sur place. Mes jambes sont bien trop lourdes, comme remplacées par les imposants blocs de pierres qui recouvrent majestueusement le corps des défunts. Mon souffle est court et le vient rapidement l'impression d'être à l'étroit, comme prisonnière de ce sanctuaire où gisent des corps inertes. Et à ce moment précis, je ne peux m'imaginer que Léo soit réellement entre quatre planches.
Puis, soudainement, comme si la réalité m'éclatait brutalement au visage, comme si l'on m'affirmait que nous étions bien dans le monde réel, je comprends où il repose et je m'effondre violemment au sol. Un lourd sanglot déchire ma jugulaire et je le laisse éclater, brisant ainsi le son cinglant du silence. Mes poings frappent avec hargne le sol humide en même temps que résonnent mes cris de désespoir. Mes ongles grattent nerveusement le sol comme pour trouver quelque chose à quoi m'accrocher. Des gravillons se logent dans les plaies à vifs de mes mains remplis d'entailles ne faisant qu'accroître ma douleur physique et morale.
Je cris le prénom de celui qui a donné sa vie pour la mienne, celui à qui je n'ai pas eu le temps de faire mes adieux... Et je comprends que sans lui je ne suis rien, que je ne vaux rien.
Je tente alors d'extirper tant bien que mal mon cellulaire, du sang s'étale sur l'écran et mes doigts s'efforcent de taper frénétiquement pour composer successivement les numéros d'Adele, Ken, Moh et les deux frères mais chaque fois je fais face à la voix robotique et désagréable de la femme du répondeur téléphonique.
À l'entente de celle-ci, je jette violemment mon téléphone qui vient, dans un fracas, s'écraser contre une pierre tombale où repose une certaine Mireille. Je suis seule à présent, encore plus que je ne l'ai jamais été et c'est d'ailleurs cela qui, je pense, m'effraie le plus.
Alors, presque de manière robotique, je me relève, récupère mon téléphone dont la vitre est à présent partiellement émiettée mais qui par chance fonctionne encore et le reste du bouquet au sol. Puis, je me retourne vers la tombe de la dite Mireille et lui dit:
Moi: « Désolée Mireille... j'ai rien contre vous »
Ensuite, je repars vers l'entrée, incapable de demeurer en ce lieu un peu plus de temps, incapable d'affronter mes démons et d'accepter sa mort. Quand ma main frôle la poignée rouillée du vieux portail métallique aux ferronneries vieillissantes, je souffle alors, espérant que de là où il est il puisse m'entendre.
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Vogue dans tes yeux [k.s]
FanfictionElle souhaitait seulement tenter de comprendre le monde. Il souhaitait seulement tenter de la déchiffrer Laya X Ken