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Je me réveillai en sursaut, trempée de sueur et un peu désorientée. Je réalisais au bout de quelques minutes que j'étais toujours chez moi mais tout semblait être revenue à la normale, Virginie ronflait faiblement, me tournant le dos, je décidais de me lever boire un verre d'eau. Je vis qu'il y avait de la lumière dans la cuisine, j'y entrai et vis ma mère assise à la table, devant une tisane, elle devait encore avoir du mal à dormir.
'' Tu as fait un cauchemar, me dit-elle.
- Ça se voit tant que ça ?
- Je t'ai entendu parler avant que je ne me lève. Et tu t'es beaucoup retournée aussi.
- Je parlais ?
- Oui. Tu répétais '' attention à ta soeur, attention à ta soeur ''...
- Je vois. Dis maman... Tu as travaillé avec Éloïse ?
- Oui, fut une époque. Mais tu le sais bien. Après tout je suis la marraine de son dernier.
- Hein? ''
Je n'en croyais pas mes oreilles, nos familles étaient-elles si proches ? Pourquoi je n'avais aucun souvenir de ça et pourquoi personne ne n'en avait jamais reparler depuis ?
'' Oui, tu étais jeune, tu n'avais pas dix ans. Et c'était une cérémonie civile, Éloïse venait de perdre Clément, son mari, c'était une époque où elle n'allait pas très bien. Il n'y eut que les adultes et l'enfant à la mairie, vous les petits êtes restés ici sous la surveillance de Marie. Nous ne sommes partis qu'une heure et tout c'est bien passé. Après ça, Éloïse et moi avons décidé de garder ça pour nous seules. Puis comme je ne travaille plus, on s'est un peu éloignées mais on se tiens au courant de temps en temps, on s'appelle surtout. ''
Je tombais littéralement des nues, ce pourrait-il que le rêve que je venais de faire soit en quelque sorte prémonitoire ? Ou alors...
'' Maman? On avait un chat ?
- Oui ! Blanche. Tu la surnommais toujours de façon ridicule avec des mots commençant par chat. Tu t'en souviens ?
- Non mais j'en ai rêver. ''
Ma mère me regardais d'une drôle de façon.
'' Tu n'en avais jamais reparlé avant ce soir.
- Elle est morte ?
- Oui, peu de temps après la naissance de Thomas d'ailleurs. ''
Serait-il possible que tous les événements concernant cette période furent oubliés à cause de la perte de ce chat ? Je ne savais pas, c'était l'explication la plus plausible que j'avais pour le moment. Je m'assis à mon tour à la table, jetais un coup d'œil à la pendule numérique qui se trouvait sur le micro-onde, elle indiquait zéro heure dix, nous étions donc officiellement jeudi. Ma mère me regardait toujours étrangement, j'étais perdue dans mes pensées. Je bus mon verre d'eau, souhaitai bonne nuit à ma mère et regagnai ma chambre. Dans mon lit, je regardais le ventre de Virginie monter et descendre au rythme de sa respiration et dans ma tête, une fois se faisait entendre...
'' Je peux te faire un bisou ? ... Je te trouve très jolie... Je crois que je t'aime... Je peux te faire un bisou ?..''
Comme un autre choc, une autre voix vint surpasser celle qui me réclamait sans cesse des bisous, l'image me revint en même temps.
'' Vous faites quoi ?! Je vais le dire à maman ! Stéph t'es dégueulasse là ! Ça se fait pas entre filles ! Et toi aussi, tu es aussi vilaine qu'elle ! ''
C'était la voix de Marie. Moi qui me demandais depuis quand elle ne m'appréciait pas, je venais d'avoir la réponse, depuis une quinzaine d'années. Tout ça parce que sa petite soeur me réclamait sans arrêt des bisous? Etait-ce pour une chose aussi futile? Virginie bougea, mettant fin à mes réflexions.
'' Tu dors pas mon sucre ?
- Je me suis réveillée, j'ai fait un sale rêve à cause d'un abruti de chat.
- Oh pauvre petit sucre, viens dans mes bras. ''
Elle me serra contre elle et m'embrassa fougueusement. Alors que sa langue dansait contre la mienne, elle fit passer sa jambe par dessus ma taille et j'eus l'impression que tout le bas de mon corps fut aspiré par le sien. Elle dormait nue, je n'étais vêtue que d'un vieux T-shirt trop grand, je n'eus aucune difficulté a sentir sa main se poser sur mon sexe, à voir, ce début de journée allait être torride. Je me rendormis comme une souche juste après avoir fait l'amour, sans aucune pensée, je dormi profondément jusqu'au matin.

Le soleil baignait la chambre lorsque j'ouvris les yeux, la place à côté de moi était vide, Virginie s'était levée sans que je m'en aperçoive, elle devait être dans la cuisine, je me levais aussi. Elle y était effectivement, attablée avec mon frère devant un bol de café à parler de dessins animés japonais de bon matin, genre de discussion qui me soule en deux minutes. Elle me demanda si j'avais bien dormi et se vanta d'avoir chassé mon cauchemar avec sa technique '' spéciale '' lorsque je lui répondis affirmativement. Évidemment Nicolas lui demanda quelle était cette méthode mais heureusement, elle refusa de lui révéler ce secret qui, precisa-t-elle, se transmettait de génération en génération dans sa famille depuis la nuit des temps. Elle me fit rire et cela me mit de bonne humeur pour la journée. La discussion sur les animes reprit alors, je les laissais à leurs bimbos inexistante et partis boire mon café dans la salle. Ma mère y était, elle regardait par la grande baie vitrée qui donnait sur l'entrée de la maison et la rue. Je lui dis bonjour mais elle ne parut pas entendre, je me demandais bien ce qui pouvais attirer ainsi son attention, je regardais par moi-même et vis, une voiture était garée sur notre trottoir, une voiture que j'aurai reconnue n'importe où, celle d'Éloïse. Je regardais un peu mieux pour voir qui se trouvait au volant, la femme avait les cheveux courts, il était donc impossible que ce soit Stéphanie, cela ne pouvait être que sa mère. La mienne tourna son visage vers moi.
'' Je pense que c'est pour toi, dit-elle.
- Oui, sûrement.
- Tu ne vas pas bouger ?
- Non je vais attendre qu'elle vienne à la porte. ''
Je vis du coin de l'œil ma mère acquiescer, alors qu'elle observait toujours son ancienne collègue et amie dans la voiture. Cette dernière serait-elle en train de douter ? Ou de rassembler son courage ? Je ne pouvais répondre moi-même à ces questions, et je pensais qu'elles n'auraient jamais de réponses franches, même si je venais à les poser. Je m'assis donc à la table, du côté où s'asseyait habituellement ma mère afin de pouvoir voir la rue et l'entrée de la maison, si quelqu'un y passait, je le verrai forcément avant même qu'il ne sonne à la porte. Je bus mon café tranquillement. J'eus le temps de finir le mug, qui était plein à ras-bord, alors que personne n'était encore venu, Virginie alla prendre sa douche, en sortie, et il n'y avait toujours personne. Alors que je me disais que j'allais sortir voir si Éloïse allait bien, la voiture démarra et partit. 

Lesb et heureuse : Stéphanie [terminé] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant