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Cet espace vide avait survécu jusqu'au matin, en ouvrant les yeux, je la vis toujours me tournant le dos, elle dormait en position foetale. Je me mis à revivre en pensées tout ce que j'avais vécu depuis le début de cette semaine, tout avait été parfait jusqu'à cet instant. Une touche d'humour, m'avait-elle dit ensuite. Pitoyable excuse pour se rattraper oui ! je finis par me lever, m'habilla et descendis au rez-de-chaussée. Le patron était à son poste, comme la veille, et je partis immédiatement en prenant la direction de la plage. Je n'avais pas fait la même erreur qu'hier, par dessous mon jean et mon T-shirt, j'avais mis mon maillot de bain, je comptais bien goûter à l'eau aujourd'hui et nager jusqu'à n'en plus pouvoir. 

" Ça nettoiera le steak " Dis-je à la rue vide. 

L'eau était plus reculée que la veille, je ne saisissais pas très bien le phénomène des marées, je savais juste qu'elles étaient dues à l'attraction lunaire, mais j'aurai pensé qu'elle serait aussi haute que la veille, or, ce n'était pas le cas, la bande de sable séparant le mur de l'eau était, ce matin, bien plus large. Ce qui voulait aussi dire que je pouvais laisser mes affaires au bord sans crainte. J'enlevais mes baskets avant de marcher sur le sable, pour ne pas en avoir plein dedans, et puisque j'en étais là, j'enlevais aussi mon jeans. Je me tenais à l'ombre du mur et le vent me fouetta les fesses avec vigueur, je fus soudainement frigorifiée et regrettais mon idée de vouloir aller nager aussi tôt. Mais je n'avais pas fait tout ce chemin pour me dégonfler à quelques mètres de l'eau, je pris mon courage à deux mains et avançais fièrement vers les vagues. La première qui me lécha le bout de mon pied me redonna cette sensation d'entrer entière dans le congélateur, si j'allais à l'eau comme ça, j'allais attraper la mort, c'était certain maintenant. Je continuais cependant à avancer, la mer me taquinait maintenant les chevilles, puis le mollet. À ce moment là, je décidais que j'avais suffisamment avancer et me mit à longer la plage afin d'habituer les parties de mon corps immergées à la température glaciale de l'eau. Arrivée au bout de la plage, je ne sentais même plus mes chevilles, elles étaient indolore à cause du froid. À l'air, il ne faisait pas froid, le soleil pointait un peu plus que la veille, et mise à part la brise côtière, il n'y avait pas de vent, l'air se réchauffait vite. Pour ce qui était de l'eau en mouvement, il fallait encore attendre un bon moment avant de pouvoir percevoir un quelconque effet de l'astre. Tout cela n'entama pas ma détermination ni mon envie de nager, je fis demi tour et m'enfonça encore de trois pas dans la mer, les plus grosses vagues pouvaient maintenant atteindre mes genoux et la première d'elles me donna un frisson énorme. Une nouvelle fois je jetais la pierre sur mes idées tordues, du genre de vouloir nager à huit heures du matin, mais je ne baissais toujours pas les bras et pour me motiver, je fis deux pas de plus. J'étais à mi-chemin de la plage quand une vague vint tremper mon bas de maillot, apparemment je ne devais pas avancer en ligne droite. Le froid m'apporta une nouvelle idée, je me mis donc à courir, faisant de petites foulées afin de me réchauffer un peu. Je fis un aller-retour avant d'être à bout de souffle, de l'eau jusqu'aux fesses et toujours aussi frigorifiée. J'allais vraiment me décider à sortir de là quand j'entendis quelqu'un derrière moi. 

" Mais t'es folle ? Ça doit être glacé. Sors de là s'te plaît, j'aimerai que tu repartes à moto, pas dans une ambulance ! "

Je me retournais en direction de cette voix que je reconnue immédiatement et vis que Virginie se tenait au même niveau que moi mais à l'écart des vagues. 

" Sors sérieux Vic, je plaisante pas. 

- Viens me chercher !

- Non. Je le dis pour ta santé, je vais pas mettre la mienne en jeu. 

- Pas pour un morceau de viande hein !

- Putain t'es encore sur ça ? Combien de fois faudra-t-il que je m'excuse ? "

J'avais envie de la mettre au défi, de voir jusqu'où pouvait-elle aller et peut-être inconsciemment de la faire souffrir un peu à son tour. 

" Viens me les présenter en face, là, maintenant et je te promets que j'oublie tout de cette histoire? 

- Promis? 

- J'te jure !

- J'ai pas mon maillot. 

- Va le mettre. 

- Non la flemme !"

Elle se mit à avancer dans l'eau, toute habillée, je n'en croyais pas mes yeux, le froid n'avait l'air d'avoir aucun impact sur elle, elle avançait à grands pas vers moi et une fois à ma hauteur, ce qui ne lui prit que quelques seconde, elle se laissa tomber à genoux et me pria de lui pardonner ses paroles irréfléchies. Choses promises, choses dues, comme le dirait ma mère, je l'aidais donc à se relever puis nous sortîmes de l'eau. Un vieil homme qui traînait sur le bord du chemin goudronné menant au sable nous vit sortir de l'eau, il secouait sa tête de droite à gauche, comme pour nous dire qu'il ne comprenait vraiment pas la jeunesse d'aujourd'hui. J'avais envie, plus pour le mettre mal à l'aise que par désir, d'enlacer Virginie et de l'embrasser jusqu'à ce que le vieux bonhomme dégage. Je me traitais intérieurement de monstre et bien sûr, je ne fis rien de tel. Nous regagnions simplement l'endroit où j'avais laisser mon jeans en nous tenant par la main. Le sable collait sur mes jambes mais ce n'était rien comparé au jeans humide jusqu'à la taille que portait Virginie, je ne pouvais plus apercevoir une partie de bleu du bas au genou. Je me dis que moi je pouvais toujours passer par la douche située en haut, sur la rue mais que pour elle, il n'y avait rien à faire, elle pouvait dire au revoir à son pantalon pour la journée. Elle passa néanmoins un coup d'eau sur ses jambes, décollant ainsi la plus part des grains mais il en restait et on le voyait bien. Je me demandais comment elle allait entrer dans l'hôtel, jamais le gérant ne la laissera entrer avec ses jambes dégoulinantes. 

" Tu pourrais me descendre la jupe qui est dans mon sac ? Je vais me changer vite fait au coin du garage. 

- Pas de soucis. "

J'entrais en premier dans la chambre, le lit était encore défait mais l'air sentait bon le gel douche à l'amande de Virginie, je vis son sac posé sur le bureau en face du lit, et trouvais ce qu'elle m'avait demandé tout de suite. Je redescendis rapidement pour lui apporter, maintenant c'était moi qui craignais pour elle. Comme elle l'avait dit, elle se changea vite au coin de la porte de garage alors que je faisais le guet et entra dans l'hôtel en portant son jeans sous le bras. Elle montait l'escalier devant moi et je vis soudain pourquoi elle n'avait pas voulu l'enlever sur la plage, elle ne portait pas de culotte. Durant le court instant où nous gravîmes les seize marches pour atteindre le premier étage, je ne pouvais détacher les yeux de ses fesses nues remuant devant moi. Elle avait avoir été blessante la veille, cette fille m'attirait énormément. Elle entra dans la chambre et mis son vêtement humide dans un sachet en plastique puis fit le tour du lit pour prendre son téléphone, toujours posé sur la table de nuit de mon côté, je profitais qu'elle soit à proximité de moi, je la tirai sèchement par le bras et l'embrassa. Elle fut surprise mais ne m'en rendit pas moins mon baiser, et alors qu'elle se concentrait sur les mouvements de nos langues, ma main partit à la conquête de la partie de son corps dénudée. 

" Je vois que tu tiens parole, cette histoire est oubliée alors ? 

- Tout dépend. 

- De quoi ?

- De la façon dont on va se faire un câlin. "


Lesb et heureuse : Stéphanie [terminé] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant