Je suis en train de nettoyer mon matériel quand la sonnette retentit, suivie par une douce voix grave.
- Oh Julien! Il est encore là Stéphane?
- Oui! Il est dans l'autre pièce.
Quelques secondes plus tard je sens Guillaume poser ses bras sur ma taille et sa tête sur le haut de mon dos. Je me détends instantanément à ce simple contact.
- Salut, je souffle.
- Comment tu vas?
Un soupire s'échappe de mes lèvres, et je lui rapporte les mots de mon fils.
- Je suis désolé. Je pensais même qu'il n'était plus en ville. Je croyais qu'il avait déménagé. Je m'en veux...
- C'est pas de ta faute. Tu n'avais aucun moyen de savoir que tu le connaissais.
- Je ne l'ai pas reconnu au début. Il a énormément changé en trois ans... Je me suis approché sans me méfier, et j'ai directement posé ma main sur l'épaule d'Illiess. Si je l'avais reconnu...
- T'aurais fait quoi? je le coupe. Tu serais passé comme si de rien n'était à coté d'eux? Illiess t'aurait interpellé. Arrête de refaire la scène en imaginant quel comportement tu aurais dû adopter. C'est fait maintenant, c'est trop tard... Viens manger plutôt.
Je me tourne pour être face à lui et le prend dans mes bras. A cause de ma petite taille, ma tête arrive en haut de son torse. Il se penche et saisit mes lèvres.
- Stépha... ne. Je crois que je dérange, c'est pas grave.
Je ricane et m'éloigne de Guillaume.
- Non, c'est bon. Qu'est-ce qu'il y a?
- Je voulais juste savoir si tu avais finis le dessin de monsieur Hillmann. C'est un dragon, il m'a dit que tu devais retoucher les ailes.
- Oui je l'ai finis. J'espère qu'il lui plaira cette fois...
Il hoche la tête et part sans poser plus de questions. C'est ça que j'apprécie chez lui, sa discrétion. Il attend qu'on lui dise les choses sans chercher à connaître à tout prix tous les détails.
Je saisis la main de Guillaume et l'entraîne dehors, en saluant Julien au passage. On marche pendant quelques minutes, jusqu'à un petit bistro de pays qui propose des plats simples mais très bons. Nous nous installons à une petite table un peu en retrait et nous commandons.
Pendant tout le repas, on évoque des sujets divers, tout en évitant ceux qui sont sensibles. En gros, tout ce qui se rapporte à son frère ou Illiess.
En début d'après-midi, alors que je viens de commencer un tatouage, Julien vient m'interrompre.
- Stéphane, j'ai le collège au téléphone, ils veulent te voir dès que possible.
- Tu sais pourquoi?
- Pas du tout. Je leur dit dans combien de temps?
- Je devrai en avoir pour une demi-heure encore, donc dis-leur dans trois quarts d'heure. Et demande leur si c'est grave.
Il rapporte mes paroles à son interlocuteur et je me concentre de nouveau sur mon dessin. Une partie de mon cerveau se demande quand même ce qu'il a pu se passer.
- Illiess va bien, mais il a fait une connerie je crois.
Je fronce les sourcils. Il a toujours été calme, bien que parfois dissipé. Je n'ai jamais été convoqué pour ces raisons.
- C'est bizarre, ça lui ressemble pas... Bon je verrai.
Je focalise mon cerveau sur le dessin que je suis en train de faire. Je n'ai pas le droit à l'erreur. Pendant près de trente minutes, je dessine. J'éloigne du mieux que je peux les pensées parasites.
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Aimer un homme
General FictionAnnoncer à son fils que l'on est en couple, ce n'est pas toujours simple. Annoncer à son fils qu'on est en couple avec une personne de même sexe, c'est souvent compliqué. Pourtant, je ne regrette absolument pas de lui avoir dit que j'aimais cet homm...