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Il sèche ses larmes quelques instants plus tard, et un médecin entre dans la chambre.

- Bonjour. Je viens vous annoncer qu'Illiess peut sortir dès maintenant. Il faudra revenir d'ici deux semaines pour voir l'évolution, et si possible poser un plâtre moins imposant.

Après nous avoir fait quelques recommandations et que j'aie rempli de nombreuses fiches administratives, nous sortons enfin.

- Tu veux venir au salon avec moi cet après-midi? Ou tu préfères rentrer à la maison?

- Je veux retourner au collège.

- Quoi? Déjà?

- Oui, sinon je vais passer l'après-midi à penser à maman, alors qu'au moins au collège je devrai me concentrer sur autre chose.

- Comme tu veux. Tes affaires de cours sont passées où?

- Euh... Elles doivent être à l'infirmerie ou à la vie scolaire. Je sais pas trop...

- D'accord. Alors en route. Et toi Guillaume? Tu reprends quand?

- Dans une heure et demi, je reprends à 15h.

- Tu reviens au salon avec moi?

- C'est pas comme si j'avais mieux à faire, soupire-t-il.

Il parvient à faire sourire Illiess avec cette réplique à la con, ce qui n'était pas gagné. Rien que pour ça je lui en suis reconnaissant. Je sors de la voiture devant le collège pour justifier l'absence de ce matin. Les cours ont déjà repris et nous devons patienter plusieurs minutes avant que quelqu'un nous ouvre. Illiess me guide jusqu'à la vie scolaire où je signe les papiers demandés. Il demande si son sac n'est pas ici, et le surveillant lui dit qu'il est encore à l'infirmerie.

- Tu t'es fait quoi au bras? lui demande le surveillant.

- Euh... Une mauvaise chute dans les escaliers.

- Ah, t'as fait ça quand?

- Bah ce matin, c'est pour ça que j'étais absent.

Nous sortons du bureau quand la fin de la première heure de l'après-midi retentit. Des élèves déambulent de partout, se bousculant tous au passage. Je vois qu'Illiess est rejoint par une jeune fille qui a l'air toute gentille avant de partir d'ici. Guillaume est seul depuis bien trop longtemps et je reprends bientôt le travail. Si je veux profiter un peu de lui, j'ai intérêt à me dépêcher.

Il a changé de place pour se mettre derrière le volant, et il a l'air de s'ennuyer ferme.

- C'est toi qui conduit? je demande.

- Si ça te dérange pas, j'avais envie.

- Fais-toi plaisir. J'aime pas conduire.

 Il se gare devant le salon quelques minutes plus tard et nous descendons tous les deux. Une fois à l'intérieur, nous nous isolons dans mon bureau, et je m'assied sur le bureau tandis qu'il s'installe dans mon fauteuil.

- Tu veux en parler? me demande-t-il.

- Parler de quoi?

- De ta réaction en rentrant dans l'hôpital. De ce que tu ressens, de ce qui te pèse.

Je réfléchis quelques secondes afin remettre mes idées en place.

- Comme t'as dû le comprendre, Illiess était dans la chambre à côté de celle que Laura occupait à un moment. On y a passé des heures lui et moi, à son chevet. Malgré ce que j'ai dit à Illiess, j'ai énormément de mal à ne penser qu'aux bons souvenirs. Depuis qu'on est entré dans le bâtiment, mon cerveau me repasse en boucle les moments les plus difficiles. Le jour où il a été décidé qu'elle serait hospitalisée jusqu'à ce qu'elle remonte la pente ou sombre définitivement a été un des pires. Elle était faible physiquement et son esprit était long les premiers jours. Pendant près d'une semaine, elle avait besoin de réfléchir pour nous reconnaître. Quand j'entrais, je trouvais ça dur, mais quand Illiess arrivait et que je la voyais le fixer pendant de longues secondes, à essayer de mettre un nom sur son propre fils, c'était affreux. La douleur était presque insoutenable. Le traitement la shootait, elle disait des choses absurdes. les derniers jours elle avait l'esprit plus claire, et nous avons eu quelques vraies discussions. Je savais que c'était la fin. Elle aussi. Il n'y avait que Illiess qui gardait espoir. Laura et moi ne nous faisions plus d'illusion, nous comprenions ce que les médecins disaient.

Aimer un hommeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant