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Je me désintéresse de cette femme qui ne m'apportera rien de bon et me retourne vers Illiess.

- T'as pas trop mal au fait?

- Bah je sens plus mon bras, donc on peut pas dire que ce soit douloureux. Mais c'est très désagréable comme sensation. Je suis incapable de bouger quoique ce soit à partir de l'épaule.

Les pompiers entrent à ce moment-là, et la mère de Mathieu et moi sortons. Un CPE nous attends devant l'infirmerie et nous conduit à son bureau. Le silence est pesant, je pense ne pas réussir à supporter la belle-sœur de Guillaume très longtemps. Nous prenons place sur des chaises et Monsieur Perroy, le CPE, prend la parole.

- Alors... Selon les personnes qui ont assisté à l'incident, Mathieu et Illiess discutaient ensemble à côté des escaliers quand un élève leur a lancé des insultes à caractère homophobe. Illiess a voulu partir, mais Mathieu l'a retenu et a répondu aux propos. Des amis de l'élève en question lui auraient dit de réagir, alors il se serait approché de Mathieu dans le but de le pousser. Illiess s'est interposé, mais l'élève ne s'est pas arrêté et les a poussé tous les deux. Ils sont tombés sur une dizaine de marches, puis le bruit a alerté les surveillants qui sont intervenus. L'élève qui les a poussé va passer en conseil de discipline. Nous sommes vraiment confus de ce qu'il s'est passé, et nous ferons désormais plus attention aux propos homophobes pour prévenir tout autre problème. Il me semble que ce n'est pas la première fois qu'Illiess en est victime. Pour Mathieu par contre, c'est la première qui parvient à nos oreilles. L'un d'eux vous en a déjà parlé?

La femme à mes côtés secoue négativement la tête, sa mâchoire est toujours crispée.

- Je ne savais pas qu'il s'était fait insulté, mais la semaine dernière il a été mis à l'écart.

- Vous pensez qu'il vous en aurait parlé si on s'en était pris verbalement à lui? me demande le CPE.

- La semaine dernière nos relations n'étaient pas simples, il était chez ses grands-parents. Nous n'avons pas communiqué du tout. Donc je ne sais pas s'il m'en aurait parlé dans ce contexte.

Il hoche la tête et nous dit au revoir. Les pompiers sont en train d'emmener Illiess, mais je ne vois pas Mathieu. Je m'approche d'eux et leur demande ce qu'il a, après m'être présenté.

- On l'emmène à l'hôpital faire une radio. Son bras est peut-être cassé, me répond une femme d'une cinquantaine d'année à l'allure athlétique.

- Je suis désolé Illiess, j'ai des rendez-vous ce matin, mais je passerai ce midi. Tu m'envoies un message pour me donner des nouvelles?

Il me répond par un sourire. J'ébouriffe une dernière fois ses cheveux et retourne au salon. Le client que je dois tatouer ce matin est déjà arrivé.

- Je suis vraiment désolé, j'ai eu un imprévu. Vous me suivez?

***

- Salut Guillaume! dit Julien. Stéphane n'a pas encore finit, il a prit pas mal de retard ce matin. Je te laisse t'installer sur un fauteuil. Tu veux boire quelque chose?

- Non merci, ça ira. Comment il s'est débrouillé? Il est toujours en avance d'habitude!

- Je le laisserai t'expliquer.

Le silence revient, et quelques minutes plus tard, je termine mon dessin. J'éteins la machine, et laisse le client regarder le résultat. Il en est satisfait, alors je nettoie le surplus d'encre et pose un pansement pour le protéger. Je lui donne toutes les précautions pendant que j'enlève l'aiguille du dermographe et que je nettoie tout ce qui doit être nettoyé. Nous passons ensuite dans la salle principale pour les derniers règlements, et Guillaume me lance un faux regard noir. A peine le client a-t-il tourné le dos au comptoir que mon compagnon se lève et vient m'enlacer.

Aimer un hommeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant