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Dimanche 17 décembre 2017

Quelqu'un entre en fanfare dans ma chambre pour me réveiller. Je pense d'abord à Guillaume, mais il est toujours à mes côtés dans le lit. J'ouvre difficilement les yeux et me redresse. Illiess est devant le lit en train de siffler. notre chambre est encore sombre, il fait nuit dehors.

- Salut Papa, salut Guillaume! J'espérai que vous alliez oublier de vous lever! On doit aller chercher Papy et Mamie à l'aéroport, ils atterrissent dans moins d'une heure.

- Oh c'est vrai... Merci d'y avoir pensé. Vas te préparer, j'arrive dans deux minutes.

Il sort et Guillaume se tourne vers moi pour me serrer dans ses bras.

- Si tu veux pas leur en parler je comprendrai, Stéphane. C'est comme tu veux.

- Je dois leur en parler, j'ai pas envie de passer Noël sans toi. Et s'ils le prennent mal, tant pis. Illiess fera sonner le téléphone un peu avant qu'on arrive, si tu veux continuer à dormir.

Je sors du lit et m'habille rapidement. Malgré mes paroles rassurantes pour Guillaume, j'ai très peur de leur réaction. Ma mère est très impulsive, et mon père se braque dès que quelque chose ne lui convient pas.

Depuis quelques semaines, il vit presque avec nous. Les soirs où il rentre chez lui se raréfient, et de plus en plus d'affaires à lui traînent dans la maison. Il s'entend très bien avec Illiess, il l'aide même à faire ses devoirs tous les soirs.

Je rejoins mon fils au salon, il est déjà habillé et prêt à partir. Je prends rapidement un fruit puis on s'en va. Je prendrai un vrai petit-déjeuner au retour. Illiess s'endort rapidement sur le siège passager.

Je réfléchis alors aux deux mois qui se sont écoulés. La rencontre entre ces deux hommes qui ont une place très importante dans ma vie, les différentes réactions d'Illiess. Je mentirai en disant qu'il ne m'a pas blessé, mais d'un côté je peux comprendre son agressivité. Il s'est fait enlever le plâtre la semaine dernière, et il commence à pouvoir tout refaire comme avant. Normalement, à la rentrée, il pourra reprendre le judo. Je sais qu'il est impatient, il ne parle que de ça en ce moment. Au collège ça se passe mieux, les élèves à qui ça ne plait pas ont arrêté de lui parler, mais ils sont peu et ne font plus de réflexions. Son amie est venue à plusieurs reprises, et elle est vraiment gentille.

Pour fêter nos deux ans, j'ai emmené Guillaume dans un petit village perdu, et nous avons passé deux jours durant lesquels nous n'avons adressé la parole qu'à l'autre. Pendant quatre ans je n'ai pas pris de vacances, alors ces deux jours loin de mon environnement habituel m'ont fait du bien. Mais aujourd'hui, je crois que les problèmes risquent de revenir. Illiess me tire de mes pensées en prenant la parole.

- J'ai peur de les revoir. Je les connais pas, c'est comme des étrangers pour moi. J'ai peur d'être aussi un inconnu pour eux. Et puis j'ai peur de ce qu'ils vont dire pour Guillaume et toi. 'Fin, j'ai eu du mal au début, mais j'ai fini par apprécier Guillaume, il est génial avec nous, et j'ai pas envie que Papy et Mamie viennent briser cette tranquillité.

- Ils sont pas ici, mais ils t'aiment. Et en ce qui concerne Guillaume, laisse-moi gérer, ne leur en parle pas. Je veux que ça vienne de moi. Je pense qu'ils le prendront mal, mais qu'ils s'habitueront. De toutes façons, s'ils n'acceptent pas, c'est tant pis pour eux. Je suis heureux avec vous deux Illiess. Je vous aime vraiment. Énormément même.

Il commence à sombrer de nouveau dans le sommeil quand je me gare à l'aéroport. Je le préviens qu'on arrive, et il se met à agiter nerveusement sa jambe. Le stresse monte en moi aussi, mais je m'efforce de ne rien laisser paraître.

Aimer un hommeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant