Chapitre 9

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Une heure que je bosse. Une heure que j'essaye de bosser plutôt. Ma main écrit mais mon cerveau est ailleurs. Il pense à trop de choses à la fois. Principalement à comment je vais faire pour consoler Aliya de s'être fait larguée par son copain sur un texto, à comment je vais faire pour kidnapper ce mec et lui couper les couilles à coup de machette, et à comment je vais réussir à redonner confiance à mon amie. Elle ne mérite pas ça, personne ne mérite de se faire larguer aussi salement. Et je maudis toutes ces personnes qui ont le toupet de rompre par message après un an de relation.

Malgré son fort caractère, sa grande fierté, aujourd'hui Aliya n'a loupé aucune occasion pour fondre en larme. Je ne l'ai jamais vu comme cela. Aussi... affectée. Et ça le brise le petit coeur. C'est de loin la plus douloureuse rupture qu'elle n'ait jamais vécu.

Elle l'aime. Elle l'aime de tout son coeur. Elle l'aime comme personne ne peut aimer.... d'un amour infini. Je le voyais dans ses yeux, quand elle le regardait, son épanouissement était dû à cet amour que l'on pensait tous puissant. Mais maintenant que c'est finit, que va devenir Aliya? Je vais être plus claire.

Alyia n'a pas toujours été aussi pétillante, aussi déjantée, bien sûr c'est dans sa nature d'être un peu folle, mais jadis cette folie n'était pas exposée. Elle était cette fille peu bavarde, sous la réserve, peu réactive et j'étais la folle. J'étais celle qui la motivait, qui lui faisait rire, du moins qui tentait de lui faire rire. Mais elle semblait toujours absente. Je pense que c'est dû à ce drame, il y a six ans de cela, lorsqu'elle a apprit que celle qu'elle croyait être sa mère ne l'était pas vraiment, mais la voisine de maison de sa mère biologique en Côte d'Ivoire qui l'a accueilli parce que... Enfin c'est une longue histoire que je compterais en temps voulu. Je pense que depuis cette nouvelle, elle s'est renfermée. Je ne la connais que depuis deux ans alors je ne peux pas affirmer réellement cette hypothèse. Le fait est que quand je l'ai connu elle n'allait pas bien, même si elle voulait se voiler la face. Et puis... Il est arrivé. Alexandre est arrivé dans sa vie comme un ange tout droit venu du ciel. Il a effacé d'un revers de la main tous ses complexes, toutes ses peines, ses larmes... Il lui a mit une étincelle dans le coeur qui lui a collé le sourire. Il a libéré cette Aliya qui dormait péniblement au fond de celle qui souffrait. Alexandre avait fait renaitre mon amie. Il avait extrait sa folie de son chagrin. Il était devenu son essenriel. Et maintenant que cet essentiel n'était plus, que ma Ali' allait-elle devenir?

Tracassée, je saisis mon téléphone et défile la liste de contact jusqu'à son nom. Tant pis pour ma dissertation, elle peut attendre. Je lui envoie un message lui informant que je passe chez elle puis range toutes mes affaires et sors de cette bibliothèque dans laquelle j'aurais tant passé de temps à la contempler elle et son copain en train de s'aider mutuellement sur leurs cours.

Ce couple me manquera.

***

Alyia se mouche vulgairement dans son mouchoir et essuie d'un revers de la main quelques larmes qui tentent de poursuivre leur chemin sur ses joues rebondies.

- Tu vois, le truc c'est que son motif de rupture était à chier debout. Putain, elle renifle, il a osé me dire qu'il n'avait pas de sentiments! Genre c'est maintenant que le gars se rend compte qu'il n'a pas de sentiments! Ça veut dire qu'un matin le boug s'est réveillé et s'est dit "Ah tiens, j'ai pas de sentiments pour Aliya" et il m'a largué, comme ça, PAR MESSAGE! Ça faisait un an Jazz! Une putain d'année! crie-t-elle douloureusement.

- Je sais, je chuchote en lui caressant le dos, ne savant vraiment où me placer.

Elle jette son mouchoir au sol et en prend un autre avec lequel elle essuie son visage.

SIX MONTHSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant